Les
Patates en Chemise
Chanson
française – Les Patates en Chemise – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 41
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Quand
après les coups de pied comtaux, la soldatesque impériale de la
Cacanie, singeant une
nuit de Walpurgis, la
troisième, l'avait étrillé
plus que de raison, jusqu’à ce que presque mort s’ensuive, reprend
Marco Valdo M.I., Matthias s’était réveillé au son du carillon.
On en était resté là la dernière fois.
Oui,
dit Lucien l’âne, et j’étais fort inquiet pour notre déserteur
qui s’éveille fort marri sur le bord d’un fossé.
Comme
à chaque fois qu’il se doit de réfléchir, quand l’inquiétude
existentielle le taraude, notre Arlecchino entame une discussion avec
une entité extérieure au monde commun. C’est sa manière à lui,
atteint de solitude aiguë, de réfléchir à son destin et à la
façon de se dépêtrer du piège du temps présent, de
tenir la tête hors du courant du temps qui passe. La vie du
déserteur Matthias, Matěj, Matthieu, Mateo, Arlequin, Arlecchino,
Luigi, Andro est une longue fuite, elle se projette toujours en
avant. Malgré son désir, il n’y a pas d’échappatoire à cette
course vers un autre trou de désespoir où se cacher un moment.
Oh,
répond Lucien l’âne, si je résume le monde mouvant du
déserteur :
derrière, c’est le néant ; devant, c’est le vide. Même
lui ne sait jamais exactement où il est ; le monde n’a pas de
prise où s’agripper. On dirait qu’il est comme nous, un exilé
dans son propre pays.
Oui,
reprend Marco Valdo
M.I, sa vie est un désastre permanent ; elle joue au yoyo
toujours entre le haut et le bas ; moralement, s’entend.
Que
veux-tu signifier par ce « moralement » ?, demande
curieux Lucien l’âne.
Écoute,
Lucien l’âne mon ami, les mots sont les mots et ce sont eux qui
font le monde ; a minima, qui le racontent et qui permettent de
le réfléchir. Sans les mots, il n’y a plus rien, même plus le
néant. Mais pour préciser, car il faut le faire, ce « moralement »,
je dirai que c’est la conjonction de psychologiquement et de
psychiquement. En somme, le moral est le reflet combiné de ces deux
états. Et puis, à la vérité, ce sont tes questions qui me
poussent à de telles divagations.
Je suis là comme Matthias :
« Sur
le Pont de la Mélancolie,
Matthias
rumine mille raisons
Et
toujours la même mélodie. »
J’y
suis bien obligé, si je veux le comprendre.
Quoi,
dit Lucien l’âne, tu ne comprends pas Matthias, tu ne sais pas ce
qu’il pense, ni ce qu’il va faire, ni ce qu’il va devenir, ni
ce qui le pousse toujours en avant.
Et
comment veux-tu, Lucien l’âne mon ami, que je le sache, si
lui-même ne le sait pas non plus. C’est pur ça que je continue à
faire ces chansons : pour savoir. Mais qui peut savoir ?
Mais qui sait ? Who knows ? Only Big Nose knows.
Ça
alors, dit Lucien l’âne, ça
me rappelle cette extraordinaire réplique que je croyais tirée du
Sermon
de la Montagne, vu par les Monty Python, un
grand moment ou peut-être
était-ce une réflexion de Mel brooks ou de Marx (Julius Henry
« Groucho »). Mais laissons ces
« Pommes
de terre glanées au champ,
Cuites
une à une sous la cendre ! »
et
tissons le linceul de ce vieux monde mélancolique, suicidaire,
dépressif, évanescent et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Où
t’en vas-tu, ballerino ?
À
Istanbul, Contessa !
Chez
le Turc, j’y crois pas !
Oh,
Contessa, addio !
Je
pars au large, à l’horizon
Là-bas,
sur la galère, Gloria !
Comme
à Lépante, Victoria !
Salue
pour moi les poissons !
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Montrer
son cul n’est pas la liberté,
C’est
la liberté de qui n’a pas de liberté.
Le
reste est trop philosophique ;
L’envie
de mourir prend comme la colique.
La
troupe attend et se morfond,
Sur
le Pont de la Mélancolie,
Matthias
rumine mille raisons
Et
toujours la même mélodie.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
J’ai
honte, duchesse palatine,
De
mon incorrigible sottise.
Faust
et tous les autres serinent :
Mangeons
les patates en chemise,
Pommes
de terre glanées au champ,
Cuites
une à une sous la cendre !
Mes
amis, il est temps de l’apprendre :
Il
n’y a pas de liberté pour les petites gens »
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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