mercredi 19 février 2020

AVRIL 1945


AVRIL 1945



Version française – AVRIL 1945 – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – Aprile 1945Dino Buzzati – 1945





La Giacca

DINO BUZZATI – 1967



« Sans oser encore le croire, Milan s’est réveillée hier matin à la dernière journée de son interminable attente. Depuis quelques jours, la grande espérance avait acquis une merveilleuse vraisemblance. Par des voies mystérieuses, des rumeurs qui avant semblaient étranges ou folles se répandaient dans la ville, augmentant le désir impatient de la libération. Les tramways roulaient encore, mais déjà on comprenait que Milan avait cessé le travail : le souffle coupé, elle sentait son destin se mettre en mouvement et avancer à un rythme toujours plus précipité. Aujourd’hui, c’est le peuple tout entier qui se réveille. Le destin a été décidé par le peuple lui-même, unanime dans le désir et l’impatience ».

Dino Buzzati : "Cronaca di ore memorabili" – « Chronique d’heures mémorables ». Éditorial du Corriere della Sera, 26 avril 1945.



Voilà, la guerre est finie.
Le silence s’est fait sur l’Europe.
Et sur les mers à l’entour, recommencent de nuit à naviguer les lumières.
Du lit où je suis étendu, je peux finalement regarder les étoiles.
Comme nous sommes heureux.
À la moitié du repas, maman s’est soudainement mise …
À pleurer de joie,
Personne n’était capable de se mettre à parler.
Serait-ce que de ce soir, les gens recommenceraient à être bons ?


Tirs de joie dans les rues, des fenêtres éclairées à profusion,
Tous sont devenus fous, rient, s’embrassent,
Les types les plus durs disent d’étranges mots oubliés.
Le bonheur sur tout le monde, c’est la paix !
De fait, tant de choses horribles sont passées pour toujours.
Nous n’entendrons plus de mystérieux fracas dans la nuit
Qui gèlent le sang et au rugissement haletant des moteurs,
Les maisons ne seront plus jamais aussi immobiles et noires.


Il n’arrivera plus de petits billets colorés avec des phrases fatales,
Plus à l’appui de fenêtre pendant des heures, des mois, des années, attendant qu’il revienne.
Plus de Moires lancées sur le monde pour en attraper un ici,
Un là sans préavis, et les sentir perpétuellement dans l’air,
Nuit et jour, des tyranes capricieuses.
Plus, plus, voilà tout ;
Dieu que nous sommes heureux.

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