AVRIL 1945
Version
française – AVRIL 1945 – Marco
Valdo M.I. – 2020
Chanson
italienne – Aprile
1945 – Dino
Buzzati – 1945
La
Giacca
DINO
BUZZATI – 1967
|
« Sans
oser encore le croire, Milan s’est réveillée hier matin à la
dernière journée de son interminable attente. Depuis quelques
jours, la grande espérance avait acquis une merveilleuse
vraisemblance. Par des voies mystérieuses, des rumeurs qui avant
semblaient étranges ou folles se répandaient dans la ville,
augmentant le désir impatient de la libération. Les tramways
roulaient encore, mais déjà on comprenait que Milan avait cessé le
travail : le souffle coupé, elle sentait son destin se mettre
en mouvement et avancer à un rythme toujours plus précipité.
Aujourd’hui, c’est le peuple tout entier qui se réveille. Le
destin a été décidé par le peuple lui-même, unanime dans le
désir et l’impatience ».
Dino
Buzzati :
"Cronaca
di ore memorabili"
– « Chronique
d’heures
mémorables ».
Éditorial du Corriere della Sera, 26 avril 1945.
Voilà,
la guerre est finie.
Le
silence s’est fait sur l’Europe.
Et
sur les mers à l’entour, recommencent de nuit à naviguer les
lumières.
Du
lit où je suis étendu, je peux finalement regarder les étoiles.
Comme
nous sommes heureux.
À
la moitié du repas, maman s’est soudainement mise …
À
pleurer de joie,
Personne
n’était capable de se mettre à parler.
Serait-ce
que de ce soir, les gens recommenceraient à être bons ?
Tirs
de joie dans les rues, des fenêtres éclairées à profusion,
Tous
sont devenus fous, rient, s’embrassent,
Les
types les plus durs disent d’étranges mots oubliés.
Le
bonheur sur tout le monde, c’est la paix !
De
fait, tant de choses horribles sont passées pour toujours.
Nous
n’entendrons plus de mystérieux fracas dans la nuit
Qui
gèlent le sang et au rugissement haletant des moteurs,
Les
maisons ne seront plus jamais aussi immobiles et noires.
Il
n’arrivera plus de petits billets colorés avec des phrases
fatales,
Plus
à l’appui de fenêtre pendant des heures, des mois, des années,
attendant qu’il revienne.
Plus
de Moires lancées sur le monde pour en attraper un ici,
Un
là sans préavis, et les sentir perpétuellement dans l’air,
Nuit
et jour, des tyranes capricieuses.
Plus,
plus, voilà tout ;
Dieu
que nous sommes heureux.
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