UNE
VIE DE BRADYPE
Version
française – UNE VIE DE BRADYPE – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson
italienne – Una
vita da bradipo – Paolo Buconi – 2013[2013]
Paroles :
Paolo Buconi
Musique :
Paolo Buconi e Davide Fasulo
Interprétation :
Martino Vaona – de Caprino Veronese, qui avait à ce moment 7 ans.
OBLOMOV
L'immortel héros |
À
vrai
dire, la morale de cette petite chanson n’est pas très
différente de celle de Lavorare
con lentezza
d’Enzo
Del Re… : « Il
n’y
a pas d’urgence, avec
du calme
tout s’arrange :
c’est le message pour mener une vie de bradype !
Il serait agréable de vivre dans la tranquillité, sans haleter. Un
rythme de vie lent, c’est ce précisément
qu’il
faut !
Alors, ralentissons, ne courons pas comme le lion, le guépard et la
gazelle d’Afrique :
laissons tous nos soucis et suivons lentement le battement du cœur. »
Dialogue
Maïeutique
Lucien
l’âne mon ami, viens ici, il faut que je te dise quelque chose à
propos de cette chanson. Sache, ah, d’abord que je l’avais
sélectionnée grâce à ou à cause de son étrange titre :
« Una vita da bradipo » – « Une vie de bradype ».
Mais qu’est-ce qu’un bradype ?
Oh,
dit Lucien l’âne en souriant de toutes ses dents, un bradype,
c’est bien simple, c’est un aï, un paresseux, un unau, un
bradypode, littéralement : un animal qui marche lentement. Et
même, plus lentement que nous les ânes, c’est tout dire.
Exact,
reprend Marco Valdo M.I., et qui plus est, ce bradype est la
démonstration vivante de ce proverbe italien : « Chi va
piano, va lontano », car le bradype, paresseux, aï, unau meurt
généralement de vieillesse. En somme, comme l’avait souhaité
dans sa chanson Le
Testament, Tonton Georges :
« S’il
faut aller au cimetière,
Je prendrai le chemin le plus long,
Je ferai la tombe buissonnière,
Je quitterai la vie à reculons.
Tant pis si les croque-morts me grondent,
Tant pis s’ils me croient fou à lier,
Je veux partir pour l’autre monde
Par le chemin des écoliers. »
Je prendrai le chemin le plus long,
Je ferai la tombe buissonnière,
Je quitterai la vie à reculons.
Tant pis si les croque-morts me grondent,
Tant pis s’ils me croient fou à lier,
Je veux partir pour l’autre monde
Par le chemin des écoliers. »
Donc,
enchaîne Lucien l’âne, tu avais choisi cette chanson eu égard à
l’étrangeté de son titre, mais encore ?
Eh
bien, répond Marco Valdo M.I., un moment, au début, j’ai eu peur
de me fourvoyer quand j’ai vu – comme on peut se tromper, comme
on peut se laisser abuser par des stéréotypes – que c’était
une chanson présentée à un festival de la chanson enfantine. J’ai
un moment hésité avant de me mettre à composer cette version
française. Est-ce que – comme le titre italien l’annonçait –
ça en valait la peine ? Cependant, et la chose se vérifie
ainsi, c’est en faisant ma version française que je me suis rendu
compte de mon erreur, que j’ai pu porter une appréciation fondée.
Comme
quoi, dit Lucien l’âne, il faut toujours suivre sa première
impulsion, sa première impression, sa première intention afin de
vérifier sa pertinence ; sinon, comment savoir ? Bref, tu
as fait une version française, mais encore ?
Chemin
faisant, Lucien l’âne mon ami, je me suis aperçu qu’une autre
dimension de cette chanson me venait à l’esprit par l’oreille
avec ce « Sciubidubidù »
italien,
qui me renvoyait à la célèbre scie française « Scoubidou »,
l’impérissable œuvre du bellâtre Sacha Distel, un navet de
poids, mais qui – et c’est là intéressant – est elle-même
tirée d’une chanson où est né le « shoo-bee-doo-be-doo »
ou
« Scooby-dooby-scoo-doo), à
savoir « Apples,
Peaches and Cherries »
(1953) d’Abel
Meerepol,
alias Lewis Allan, auteur de « Strange
Fruit » (1930), un homme qui, soit dit en passant, adopta
les enfants des Rosenberg,
assassinés sur la chaise électrique en 1953. Jean
Ferrat en fit [[41965]].
Fort
bien, dit Lucien l’âne, mais je ne sais toujours
pas ce que raconte la chanson, ni pourquoi tu as l’air si satisfait
d’en avoir fait une version française. Si tu voulais éclairer ma
lanterne…
Soit,
répond Marco Valdo M.I., voici. J’insiste sur le fait que ma
réflexion est tout entière fondée sur ma version française,
autrement sur la manière dont j’ai interprété la chanson
originelle ; je le dis, car j’ai conscience d’avoir un peu
dérivé. Le résultat est une chanson un brin décalée, un soupçon
dada et fortement ironique. Elle
tient de la fable animalière, pimentée de scoubidou. C’est
l’histoire d’un bradype un peu soucieux de son avenir – on le
comprend il est censé vivre cent ans – essaye de calmer la
précipitation humaine et son goût immodéré pour le travail et la
production ; cet aï songe aux conséquences que tout ça peut
avoir sur le monde. Cette attaque frontale contre le travail rejoint
celle d’autres chansons telles que : Travailler,
c’est trop dur (Zachary
Richard), Je
peux pas travailler (Boris
Vian) et Le
Travail, c’est la Santé (Henri Salvador).
Et
je ne peux m’empêcher d’évoquer ce bon vieil Oblomov, une des
figures majeures de cet art de vivre.
Ah,
Marco Valdo M.I. mon ami, comme tu fais bien d’appeler ici la
mémoire du grand fainéant d’Oblomov, sans doute le plus
formidable héros de la Russie et puis, cette longue dissertation,
tout ça inrigue et donne à cette soi-disant « canzoncina »
– « chansonnette », une dimension inattendue :
c’est une canzone, une chanson à part entière. C’est pourquoi
tu as bien fait de « rendre à César ce qui est à César »
et à Paolo Buconi, sa chanson. Même si elle nous est parvenue par
un chemin tordu. Cet itinéraire est anecdotique, ce qui compte,
c’est la chanson et son auteur ; pareil évidemment pour la
version française. Alors maintenant, tissons le linceul de ce vieux
monde pressé, mal fagoté, infantile, infantilisant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Quelle
fatigue d’être au monde, ce monde en escaliers
Qui
descendent, qui montent, où tous veulent arriver.
Le
lion, le guépard, la gazelle courent comme des dératés.
Il
vaut mieux ralentir, sinon on va s’effondrer.
Qu’elle
est belle,
La
vie de bradype !
Avec
calme,
On
vit lentement.
Le
monde en nous imitant
Changerait
en un instant.
Mais
finalement,
Dites-moi :
qu’y a-t-il de si urgent ?
Qu’elle
est belle
La
vie de bradype,
Scoubidou,
ha !
Scoubidou,
ha !
Dites-nous,
quelle urgence, déjà,
Il
y a ?
Je
connais les tigres, les crocodiles féroces, Greuh !
Des
animaux intelligents, tous stressés ! Euh... euh... euh...
euh...
Mais
pour vivre jusqu’à cent ans, il faut le vouloir.
Laissez
tomber les soucis et vivement le soir !
Qu’on
se couche ! Scoubidou, ha !
Qu’on
se couche ! Scoubidou, ha !
Qu’on
se couche ! Scoubidou, ha !
Qu’on
se couche ! Scoubidou, bidou, ha !
Qu’elle
est belle,
La
vie de bradype !
Avec
calme,
Jamais
on ne se presse.
Quelle
délicatesse,
On
freine à l’avance,
Mais
dites-moi : quelle urgence ?
On
bouge en douceur
En
suivant les battements du cœur ;
On
vit tout tranquillement,
Lentement,
doucement, mais sûrement.
Scoubidou,
ha ! Scoubidou, ha !
Scoubidou,
ha ! Scoubidou, ha !
Scoubidou,
ha ! Scoubidou, ha !
Scoubidou,
ha ! Scoubidou, bidou, ha !
Qu’elle
est belle, Scoubidou, ha ! Scoubidou, ha !
La
vie de bradype, Scoubidou, ha !
Qu’elle
est belle, Scoubidou, ha ! Scoubidou, ha !
On
freine tout le temps, Scoubidou, ha ! Scoubidou, ha !
Le
monde en nous imitant
Changerait
en un instant.
Mais
finalement,
Dites-moi
qu’y a-t-il de si pressé ?
Pourquoi
vous êtes si pressés ?
Pourquoi
vous êtes si pressés ?
Car
elle est belle
La
vie de bradype,
Après
tout, dites-moi pourquoi vous êtes si pressés,
Dites-nous
pourquoi vous êtes si pressés.
Dites-vous :
« Quelle urgence déjà,
Il
y a ?!? »
Scoubidou,
ha !
« Quelle
urgence déjà, il y a ?!? »
Scoubidou,
bidou, ha !
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