jeudi 4 juillet 2019

ESPLANADE

ESPLANADE



Version française – ESPLANADE – Marco Valdo M.I. - 2019
d’après la version italienne – ESPLANADI de Riccardo Venturi
de la version anglaise – ESPLANADE
de Juha Rämö
de la chanson finlandaise (finnois) – EsplanadiHootenanny Trio - 1966
Paroles: Keijo Räikkönen
Musique: Pertti Reponen - Keijo Räikkönen - Juhani Joutsenniemi





C’est l’histoire de la descente aux enfers d’un homme qui a perdu son emploi ; en résumé, voici l’histoire de cette chanson du Hootenanny Trio, formé en 1964 par Pertti Reponen (1941-1998), Keijo Räikkönen (1945) et Juhani Joutsenniemi, et dissous en 1971 avec trois albums à son crédit. Le titre provient du premier album du même nom, Esplanadi de 1966. L’Esplanadi (c’est-à-dire "Spianata", dérivée de l’esplanade française, en italien "piazzale") est, comme chacun sait, le "salon" d’Helsinki : un parc carré et urbain de grande beauté, construit en 1818 par l’architecte Carl Ludwig Engel. Sur l’Esplanadi, il y a le restaurant Kappeli, un endroit luxueux où l’homme va boire son dernier centime et se soûler au whisky. C’est au matin qu’il apprend qu’il a été viré, qu’il est malade, qu’il n’a plus un sou ni rien à manger ou à boire et qu’il doit payer son loyer. Il prend une valise et se rend à pied chez sa grand-mère dans un village rural au nord d’Helsinki. Il est facile de se représenter le petit garçon de la campagne qui est allé travailler dans la grande ville. Mais personne ne se soucie de sa douleur et de sa souffrance : « Allez à l’aide sociale ! ». Mais il ne trouve aucune écoute à l’aide sociale. Même ses chaussures sont cassées et il continue pieds nus jusqu’à ce qu’on le retrouve mort dans la neige, au milieu d’une rue. On vit donc dans un « État social » merveilleusement beau, et cela en Finlande. Figurons-nous chez nous. Autant dire : on perd son emploi et on n’est plus personne. On peut même mourir tranquillement en allant chez sa grand-mère. [RV]



Cette nuit-là, j’étais seul avec ma peine.
Le long de l’Esplanade, il pleuvait.
Et, je m’en fus, mon frère,
Boire chez Kappeli
Et quand à la tête m’est monté le whisky,
Sans plus m’inquiéter du temps qu’il faisait,
Toutes mes peines et mes tracas ont disparus,
Ont disparus.


Au matin, je suis rentré, j’ai pris la rampe,
Le concierge m’a dit bonjour, j’ai dit bonne nuit.
Je suis monté chez moi me jeter sur mon lit.
Je me frottais les tempes,
Je me sentais malade, en somme,
Comme peut l’être un homme
Qui traîne ses peines partout avec lui,
Ses peines partout avec lui.


Réveillé le soir par l’appel du téléphone,
J’ai décroché ; je marmonnais contre le jour,
Des cloches sonnaient dans ma tête
Qui se répercutaient jusqu’à Hambourg.
Je me sentais malade, en somme,
Comme peut l’être un homme
Qui traîne ses peines partout avec lui,
Ses peines partout avec lui.


Le téléphone disait que j’avais été viré.
Alors, j’ouvris l’armoire pour prendre ma valise,
Je n’avais plus de monnaie pour manger,
Ou boire, ou payer mon loyer ;
J’étais pauvre comme un rat d’église.
Ce monde ne me comprenait pas à moitié,
J’ai le droit d’être triste de temps en temps,
Le droit d’être triste de temps en temps.


Alors, je suis parti chez ma grand-mère,
Mes chaussures lâchèrent avant Hollola.
Mais les gens se fichent de mes ohlalas,
Et ignorent mes misères,
Ils m’ont dit : « Il faut demander de l’aide,
Ou tu es foutu. » ; je n’en ai pas reçu
Et j’ai continué vers chez grand-mère,
Mais à pieds nus.


Dès l’aurore, sur le sol couvert de neige,
La police a ramassé mon corps sur la route,
Pour que les véhicules ne soient pas gênés
Et que les gens ne soient pas horrifiés.
Ainsi quand un homme lâche la bonde,
Tout le conduit à une issue fatale,
Dans le merveilleux monde
De ce fabuleux État social.

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