UN NUMÉRO
Version
française – UN NUMÉRO – Marco Valdo M.I. – 2019
Storie
liberate (Histoires libérées) est un vaste projet artistique et
littéraire qui tire son origine et son inspiration d’une
importante récupération de documents inédits récemment retrouvés
dans les archives des administrations pénitentiaires sardes.
L’œuvre
comprend deux CD avec 17 de mes chansons inédites et deux volumes
qui en racontent la genèse, signés Vittorio Gazale.
Le
CD et le Volume Storie liberate contiennent des chansons en langue
italienne, tandis que le CD et le Volume Istorias contiennent des
chansons en langue sarde.
Le
champ de recherche s’étend sur une longue période, de 1860 à nos
jours, au cours de laquelle la figure du prisonnier est toujours
primordiale et d’une importance capitale. Grâce à ce voyage
particulier à travers la mémoire, il a été possible d’avoir un
aperçu diachronique inédit de la vie carcérale en Sardaigne.
« Libérer »
ces documents, jaunis par le temps avec les lettres des détenus à
l’intérieur, censurées et jamais parvenues à leurs proches,
libérer les témoignages et documents les plus rares et les plus
inédits, a sans doute été une entreprise gratifiante sur un plan
culturel, mais surtout très poignante sur le plan émotionnel.
À
la musique et aux paroles de ce travail revient la tâche de partager
ces émotions avec tous.
C’était
comme prendre contact avec une humanité des confins, oubliée de
tous. Les « exclus
du royaume »
comme l’écrivait un des détenus. Les protagonistes silencieux
d’un
passé qui soudain surgit et devient présent. J’ai voulu visiter
en personne les lieux des détenus et là, avec leurs écrits encore
à l’esprit, il m’a semblé recueillir les signes de journées
monotones et interminables, passées dans des cellules exiguës et
inhumaines, en même temps que leurs désirs, leurs espoirs pas
toujours bien rencontrés. Peut-être par trop de suggestion, j’ai
senti la présence, flottant dans les airs de leurs pensées encore
là.
Ainsi
est née l’exigence irréfragable, presque urgente, d’élaborer
poétiquement ces écrits cachés, de les chanter, et de cette façon,
leur rendre justice. Les libérer de l’oubli, les faire connaître.
En synthèse, c’est ainsi que sont nées les « STORIE
LIBERATE – HISTOIRES LIBÉRÉES ». Pour redonner aux lettres
sincères des détenus, à leurs pensées grossièrement censurées,
la liberté de voler au-dessus du monde. Mais ainsi est née aussi la
volonté de mieux connaître le monde carcéral. Ce qu’est la
prison aujourd’hui. Comment elle est et comment elle devrait être.
Piero
Marras
« La
civilisation d’un peuple, d’une nation entière,
S’apprécie
à l’état
de ses prisons. »
Dostoïevski,
qui n’est pas n’importe qui, a lancé
Un
appel à la
conscience et au cœur de chacun.
Au
droit à la vie, ouvrons grand les portes,
Contre
comme toujours à la peine de mort
Et
aussi une certaine luxure, cette honte nationale.
De
transformer la prison en vengeance sociale.
Si la prison était un champ à labourer,
Si la prison était un champ à labourer,
Si
le soleil pouvait
toujours entrer,
Si
l’air qu’on respire était l’air du ciel,
Si
ces barreaux étaient une éteule
Et
si le silence était le silence à écouter,
Et
le matin était le matin à humer,
Tu
ne serais plus un numéro,
Tu
ne serais plus un numéro.
« Logiquement,
la prison a été inventée par quelqu’un,
Mais
il est certain
que ce quelqu’un
n’y avait
jamais été. »
Et
il y a celui qui est
entré en prison comme paysan ingénu.
Puis
en est ressorti différent, un tueur violent.
Je
rêve d’une société sans patrie, sans prison
Où
la civilisation s’ouvre de nouvelles frontières
Et
la misère qui nous entoure sera enfin vaincue,
L’injustice
dissoute et la violence éteinte.
Si
la prison était un
champ à labourer,
Si
le soleil pouvait
toujours entrer,
Si
l’air qu’on respire était l’air du ciel,
Si
ces barreaux étaient une éteule
Et
si le silence était le silence à écouter,
Et
le matin était le matin à humer,
Tu
ne serais plus un numéro,
Tu
ne serais plus un numéro.
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