Versions
françaises – LE POUVOIR DU CHANT – Marco Valdo M.I. – 2019
à
partir des versions italiennes de Bernart Bartleby
d’une
chanson piémontaise – Poter
del canto – anonyme – s.d.
Chanson
populaire piémontaise recueillie par Costantino Nigra (1828-1907,
philologue, poète, diplomate et homme politique italien) à Sale
Castelnuovo (qui avec Villa Castelnuovo forme
maintenant la commune
de Castelnuovo Nigra), dans la province de Turin, par
l’entremise de Mme
Domenica Bracco. Dans l’anthologie essentielle "Canti popolari
del Piemonte", publiée en 1888.
LE
POUVOIR DU CHANT
Version
française de la version piémontaise de Costantino Nigra, des “Canti
popolari del Piemonte” (1888).
Ils
étaient trois frères en France, tous trois en prison,
Ils
étaient trois frères en France, tous trois en prison.
Ils
n’avaient qu’une sœur qui n’avait pas encore sept ans,
Ils
n’avaient qu’une sœur qui n’avait pas encore sept ans.
La
sœur s’en vient les chercher à la porte de la prison,
La
sœur s’en vient les chercher à la porte de la prison.
Frères,
mes chers frères, ô, chantez une chanson !
Frères,
mes chers frères, ô, chantez une chanson !
Le
plus jeune l’a commencée, les deux autres l’ont chantée,
Le
plus jeune l’a commencée, les deux autres l’ont chantée.
Les
marins qui marinent cessent de mariner,
Les
marins qui marinent cessent de mariner.
Les
scieurs qui scient cessent de scier,
Les
scieurs qui scient cessent de scier.
Les
sarcleurs qui sarclent cessent de sarcler,
Les
sarcleurs qui sarclent cessent de sarcler.
La
sirène qui serine cesse de seriner,
La
sirène qui serine cesse de seriner.
Le
roi de France à table cesse de dîner,
Le
roi de France à table cesse de dîner.
Il
dit à ses serviteurs : qui sont ces prisonniers ?,
Il
dit à ses serviteurs : qui sont ces prisonniers ?
L’un,
je le veux dans mes gardes, l’autre je le veux faire mon page,
L’un,
je le veux dans mes gardes, l’autre je le veux faire mon page,
L’autre,
je le veux en mon écurie, pour les entendre si bien chanter,
L’autre,
je le veux en mon écurie, pour les entendre si bien chanter.
LES
JEUNES D’ENTRACQUE
Version
française de la version
Sandra
Mantovani, dall’album "Servi, baroni e uomini", con
Bruno Pianta (1970).
– I
GIUVU D’ANTRAIME
Antraime
ne peut être qu’Entracque, dans la Vallée Gesso, dans la province
de Cuneo (Antràigue ou Entràiguas dans les Alpes occitanes ou
provençales, Entràive dans le Piémont).
Et
puis peut-être que ces trois jeunes gens destinés à la potence
étaient comme Robyn, ou Geordie, ou Erik Olov Älg, seraient des
braconniers tombés sur les gardes de la Réserve Royale
Valdieri-Entracque... Ou peut-être, en remontant dans le temps,
entre 1700 et 1800, des contrebandiers de sel et de tabac, ou des
maquisards anti-révolutionnaires du comté de Nice et de l’Escarène,
souvent réfugiés dans l’arrière-pays et au-delà des Alpes, ou
de simples bandits – ce qui était la même chose – venus à
l’époque de ces régions, appelés tous des « barbes »,
pas à cause de leur barbe hirsute, mais à cause de l’héritage
historique de la résistance vaudoise, où les « barbes »
étaient les ministres du culte évangélique, les prédicateurs qui
répandaient la Parole, les premiers ennemis des catholiques qui les
appelaient ainsi avec mépris.
Ils
étaient trois jeunes gens d’Entracque
qui s’en allaient mourir,
Ils
étaient trois jeunes gens d’Entracque qui s’en allaient mourir.
Le
plus jeune dit aux autres : « Chantons une chanson ! »,
Le
plus jeune dit aux autres : « Chantons une chanson ! »
Ils
chantent si bien tous les trois que la mer leur chant répercute,
Ils
chantent si bien tous les trois que la mer leur chant répercute.
Les
marins qui marinent cessent de mariner,
Les
marins qui marinent cessent de mariner.
Les
sarcleurs qui sarclent cessent de sarcler,
Les
sarcleurs qui sarclent cessent de sarcler.
Les
faucheurs qui fauchent cessent de faucher,
Les
faucheurs qui fauchent cessent de faucher.
Et
la reine à sa fenêtre dit : « Qui c’est qui chante si
bien ? »,
Et
la reine à sa fenêtre dit : « Qui c’est qui chante si
bien ? »
Ce
sont trois jeunes gens d’Entracque qui s’en vont mourir,
Ce
sont trois jeunes gens d’Entracque qui s’en vont mourir.
D’un,
je veux faire mon garde, de l’autre, je veux faire mon page,
D’un,
je veux faire mon garde, de l’autre, je veux faire mon page,
L’autre,
je veux le faire écuyer pour les entendre si bien chanter.
L’autre,
je veux le faire écuyer pour les entendre si bien chanter.
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