BELOYANNIS
Version
française – BELOYANNIS – Marco Valdo M.I. –
2019
d’après
la version italienne de Gian-Piero Testa – 2011
d’une
chanson grecque
– Ο
Μπελογιάννης
(O
Belogiannis) –
Mikis
Theodorakis / Mίκης Θεοδωράκης
– 1980
Texte de Yannis Theodorakis
(Original polytonique transcrit en monotonique)
Musique de Mikis Theodorakis
Première interprétation : Margarita Zorbalà – 1980
Nikos Beloyannis |
«Πρέπει να ζήσεις. Για το παιδί, για την εκδίκηση», ήταν τα τελευταία λόγια του Νίκου Μπελογιάννη προς την αγαπημένη του Ελλη Παππά στις φυλακές Καλλιθέας.
"Il
faut que tu vives. Pour l’enfant, pour me venger", ont été
les dernières paroles de Nikos Beloyannis à sa chère Ellis Pappa
dans les prisons de Kallithea (Athènes). Le "pedì", le
fils qui porte le nom de son père et qui a confirmé ces derniers
mots avec les archives de sa mère, a maintenant soixante ans.
Le
30 mars 1952, lorsque son père fut fusillé avec trois autres
camarades de combat, sur ordre de l’ambassade américaine et de la
"hyène de la rue Hérode Atticus", c’est-à-dire la
reine consort de Grèce, Frederika, le petit Nikos avait à peine un
an. J’en avais dix de plus, mais pas assez pour retenir le souvenir
d’un procès pour "espionnage" mené avec une férocité
sans précédent et une volonté implacable de tuer, comme ceux que
l’Occident "civilisé" aimait imputer comme spécialité
exclusive à la Russie stalinienne.
Pourtant,
de ces mêmes années (1953), je garde très vivant le souvenir de
Julius et Ethel Rosenberg, mis à mort sur la chaise électrique de
Sing Sing pour le même type d’accusation. Évidemment, même dans
le tourment de la même mort insensée, il y a une différence entre
les pauvres Américains et les pauvres Grecs. Je me souviens encore
du frisson que j’ai ressenti lorsqu’un matin j’ai entendu à la
radio que les Rosenberg avaient été éliminés pendant mon sommeil,
mais je n’avais jamais entendu parler de Nikos Beloyannis, qui un
an auparavant en Grèce avait connu une fin similaire. L’Amérique
est une chose, le reste du monde en est une autre ; pensez les
Balkans et qui sait, maintenant, quelles autres parties de notre
malheureuse terre. Pourtant, on ne peut pas dire que l’affaire
Beloyannis n’a pas eu d’écho international, si Pablo Picasso a
laissé de lui le portrait de l’"Homme à l’œillet" et
si des gens comme De Gaulle, Éluard, Cocteau, Sartre, Hikmet,
Chaplin et la moitié du parlement britannique sans distinction de
partis se sont mobilisés pour lui sauver la vie ?
Nikos
Beloyannis est né en 1915 à Amaliada, une petite ville de l’Élide,
dans le Péloponnèse. Très tôt, il fut communiste et très tôt,
il connut la prison d’Akronauplia, sous la dictature de Metaxas.
Sous l’Occupation, il a été remis comme prisonnier par la justice
grecque à la juridiction allemande, mais a réussi à s’échapper
et à rejoindre Aris Velouchiotis dans la résistance aux
envahisseurs. Pendant la guerre civile, il fut commandant de la 10e
division de l’Armée populaire et fut l’un des derniers à
quitter la Grèce après la défaite en 1949. Mais déjà l’année
suivante, il rentre clandestinement au pays avec une centaine de
camarades pour reconstruire le parti qui semblait alors dissout ;
il est capturé et accusé d’appartenir à une organisation
déclarée illégale par la loi 509/1947 et d’avoir mené des
activités d’espionnage en faveur de l’URSS. En octobre 1951, un
tribunal militaire spécial commence le procès de Beloyannis et de
près de cent autres prévenus. Il n’est pas surprenant de trouver
parmi les juges "spéciaux", le même Yorgos Papadopoulos
qui a mis la Grèce aux fers en 1967 ; mais il est surprenant
qu’il ait été le seul militaire à voter, à l’endroit de
Beloyannis, pour une peine non capitale. Comme toute condamnation
devait être pardonnée sous la pression de la communauté
internationale, il avait été décidé de mettre fin au bain de sang
qui avait éclaté en Grèce à la suite de la guerre civile ;
pour Beloyannis et quelques autres, les accusations d’espionnage
ont été reformulées en termes plus sévères et différents, afin
qu’ils puissent encore être jugés et condamnés, cette fois par
le Tribunal militaire permanent d’Athènes. À cette fin, ils ont
profité de la découverte soudaine, à ce moment précis..., de
liaisons radio entre certaines maisons d’Athènes et l’extérieur.
Nikos Ploumidis (1902-1953), un membre influent du parti, qui devait
être arrêté peu de temps après, jugé et passé par les armes,
écrivit une lettre dans laquelle il revendiquait des liaisons radio,
disculpant ainsi Beloyannis et les autres et proposait de se rendre à
la place des accusés ; mais le secrétaire du P.C., Zahariadis,
s’est empressé de dénoncer de l’étranger la lettre comme un
montage policier. La question de savoir si, par rivalité, Zahariadis
a fait tout son possible pour sauver Beloyannis et si Ploumidis était
ou non un "hafiès", c’est-à-dire un collaborateur de la
police, est une de ces disputes rétrospectives qui surgissent
périodiquement dans les rangs des partis communistes et à ce sujet,
le fils de Zahariadis et celui de Beloyannis ont récemment encore
apporté des témoignages familiaux opposés.
Beloyannis,
qui pendant toute la semaine que dura le procès s’est présenté
chaque jour à l’audience avec un œillet frais à la boutonnière,
a nié toute accusation et revendiqué son rôle pendant l’Occupation
lors de la libération de la Grèce. Une mobilisation internationale
s’est manifestée autour de lui, et l’archevêque d’Athènes
lui-même a reconnu en lui quelque chose de plus élevé que les
premiers martyrs chrétiens, qui ont affronté la mort pour un prix
éternel, tandis que Beloyannis, tout en témoignant de sa foi, n’en
attendait rien dans l’au-delà. Le tribunal militaire a décidé à
l’unanimité de la mort de Beloyannis et de trois autres, malgré
les pressions internationales et la dissidence du Premier ministre,
le général Plastiras, qui avait fait de la réconciliation le
programme de son gouvernement. La logique de la guerre froide imposée
par l’ambassadeur américain et la Cour dominée par l’intrigante
et implacable Frederika a prévalu. Il est triste, mais intéressant,
de constater que les collègues centristes de Plastiras, Sofoclìs
Venizelos et Yorgos Papandreou, le père d’Andreas, futur fondateur
de Pa.So.K., étaient des partisans de l’assassinat de ces espions
communistes. Contre tout usage grec, et peut-être aussi allemand,
les quatre furent fusillés de nuit et le dimanche 30 mars 1952, dans
la caserne de Goudì, où ils avaient été transférés à cette
fin.
À
propos de Beloyannis, Yannis Ritsos a écrit dans le recueil intitulé
"L’homme à l’œillet".
Sous
le même titre en 1980, le réalisateur Nikos Tzimas a produit un
film, pour lequel Mikis Theodorakis a composé la musique, et son
frère Yannis les paroles de la chanson.
Mais
beaucoup d’autres chansons sont nées en l’honneur de "l’homme
à l’oeillet" : tapez "Μπελογιαννης"
dans Youtube et écoutez. (gpt)
Beloyannis
pleut sur la campagne
sur
le toit de notre maison, sur la pierre, sur le grain,
Au
fond de nos sillons, tu étreins
La
liberté fermement par la main
Feu
de soleil, œillet rouge.
Voix
de Beloyannis dans les rues
Rendez-vous
d’amour dans chaque quartier
Remets
ta veste de combattant.
La
liberté sur les branches en fleurs
Feu
de soleil, œillet
rouge.
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