samedi 30 mars 2019

BELOYANNIS

BELOYANNIS



Version française – BELOYANNIS – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la version italienne de Gian-Piero Testa – 2011
d’une chanson grecqueΟ Μπελογιάννης (O Belogiannis) Mikis Theodorakis / Mίκης Θεοδωράκης – 1980

Te
xte de Yannis Theodorakis
(Original polytonique transcrit en monotonique)
Musi
que de Mikis Theodorakis

Pr
emière interprétation : Margarita Zorbalà1980

Nikos Beloyannis


«Πρέπει να ζήσεις. Για το παιδί, για την εκδίκηση», ήταν τα τελευταία λόγια του Νίκου Μπελογιάννη προς την αγαπημένη του Ελλη Παππά στις φυλακές Καλλιθέας.

"Il faut que tu vives. Pour l’enfant, pour me venger", ont été les dernières paroles de Nikos Beloyannis à sa chère Ellis Pappa dans les prisons de Kallithea (Athènes). Le "pedì", le fils qui porte le nom de son père et qui a confirmé ces derniers mots avec les archives de sa mère, a maintenant soixante ans.

Le 30 mars 1952, lorsque son père fut fusillé avec trois autres camarades de combat, sur ordre de l’ambassade américaine et de la "hyène de la rue Hérode Atticus", c’est-à-dire la reine consort de Grèce, Frederika, le petit Nikos avait à peine un an. J’en avais dix de plus, mais pas assez pour retenir le souvenir d’un procès pour "espionnage" mené avec une férocité sans précédent et une volonté implacable de tuer, comme ceux que l’Occident "civilisé" aimait imputer comme spécialité exclusive à la Russie stalinienne.

Pourtant, de ces mêmes années (1953), je garde très vivant le souvenir de Julius et Ethel Rosenberg, mis à mort sur la chaise électrique de Sing Sing pour le même type d’accusation. Évidemment, même dans le tourment de la même mort insensée, il y a une différence entre les pauvres Américains et les pauvres Grecs. Je me souviens encore du frisson que j’ai ressenti lorsqu’un matin j’ai entendu à la radio que les Rosenberg avaient été éliminés pendant mon sommeil, mais je n’avais jamais entendu parler de Nikos Beloyannis, qui un an auparavant en Grèce avait connu une fin similaire. L’Amérique est une chose, le reste du monde en est une autre ; pensez les Balkans et qui sait, maintenant, quelles autres parties de notre malheureuse terre. Pourtant, on ne peut pas dire que l’affaire Beloyannis n’a pas eu d’écho international, si Pablo Picasso a laissé de lui le portrait de l’"Homme à l’œillet" et si des gens comme De Gaulle, Éluard, Cocteau, Sartre, Hikmet, Chaplin et la moitié du parlement britannique sans distinction de partis se sont mobilisés pour lui sauver la vie ?

Nikos Beloyannis est né en 1915 à Amaliada, une petite ville de l’Élide, dans le Péloponnèse. Très tôt, il fut communiste et très tôt, il connut la prison d’Akronauplia, sous la dictature de Metaxas. Sous l’Occupation, il a été remis comme prisonnier par la justice grecque à la juridiction allemande, mais a réussi à s’échapper et à rejoindre Aris Velouchiotis dans la résistance aux envahisseurs. Pendant la guerre civile, il fut commandant de la 10e division de l’Armée populaire et fut l’un des derniers à quitter la Grèce après la défaite en 1949. Mais déjà l’année suivante, il rentre clandestinement au pays avec une centaine de camarades pour reconstruire le parti qui semblait alors dissout ; il est capturé et accusé d’appartenir à une organisation déclarée illégale par la loi 509/1947 et d’avoir mené des activités d’espionnage en faveur de l’URSS. En octobre 1951, un tribunal militaire spécial commence le procès de Beloyannis et de près de cent autres prévenus. Il n’est pas surprenant de trouver parmi les juges "spéciaux", le même Yorgos Papadopoulos qui a mis la Grèce aux fers en 1967 ; mais il est surprenant qu’il ait été le seul militaire à voter, à l’endroit de Beloyannis, pour une peine non capitale. Comme toute condamnation devait être pardonnée sous la pression de la communauté internationale, il avait été décidé de mettre fin au bain de sang qui avait éclaté en Grèce à la suite de la guerre civile ; pour Beloyannis et quelques autres, les accusations d’espionnage ont été reformulées en termes plus sévères et différents, afin qu’ils puissent encore être jugés et condamnés, cette fois par le Tribunal militaire permanent d’Athènes. À cette fin, ils ont profité de la découverte soudaine, à ce moment précis..., de liaisons radio entre certaines maisons d’Athènes et l’extérieur. Nikos Ploumidis (1902-1953), un membre influent du parti, qui devait être arrêté peu de temps après, jugé et passé par les armes, écrivit une lettre dans laquelle il revendiquait des liaisons radio, disculpant ainsi Beloyannis et les autres et proposait de se rendre à la place des accusés ; mais le secrétaire du P.C., Zahariadis, s’est empressé de dénoncer de l’étranger la lettre comme un montage policier. La question de savoir si, par rivalité, Zahariadis a fait tout son possible pour sauver Beloyannis et si Ploumidis était ou non un "hafiès", c’est-à-dire un collaborateur de la police, est une de ces disputes rétrospectives qui surgissent périodiquement dans les rangs des partis communistes et à ce sujet, le fils de Zahariadis et celui de Beloyannis ont récemment encore apporté des témoignages familiaux opposés.

Beloyannis, qui pendant toute la semaine que dura le procès s’est présenté chaque jour à l’audience avec un œillet frais à la boutonnière, a nié toute accusation et revendiqué son rôle pendant l’Occupation lors de la libération de la Grèce. Une mobilisation internationale s’est manifestée autour de lui, et l’archevêque d’Athènes lui-même a reconnu en lui quelque chose de plus élevé que les premiers martyrs chrétiens, qui ont affronté la mort pour un prix éternel, tandis que Beloyannis, tout en témoignant de sa foi, n’en attendait rien dans l’au-delà. Le tribunal militaire a décidé à l’unanimité de la mort de Beloyannis et de trois autres, malgré les pressions internationales et la dissidence du Premier ministre, le général Plastiras, qui avait fait de la réconciliation le programme de son gouvernement. La logique de la guerre froide imposée par l’ambassadeur américain et la Cour dominée par l’intrigante et implacable Frederika a prévalu. Il est triste, mais intéressant, de constater que les collègues centristes de Plastiras, Sofoclìs Venizelos et Yorgos Papandreou, le père d’Andreas, futur fondateur de Pa.So.K., étaient des partisans de l’assassinat de ces espions communistes. Contre tout usage grec, et peut-être aussi allemand, les quatre furent fusillés de nuit et le dimanche 30 mars 1952, dans la caserne de Goudì, où ils avaient été transférés à cette fin.
À propos de Beloyannis, Yannis Ritsos a écrit dans le recueil intitulé "L’homme à l’œillet".
Sous le même titre en 1980, le réalisateur Nikos Tzimas a produit un film, pour lequel Mikis Theodorakis a composé la musique, et son frère Yannis les paroles de la chanson.
Mais beaucoup d’autres chansons sont nées en l’honneur de "l’homme à l’oeillet" : tapez "Μπελογιαννης" dans Youtube et écoutez. (gpt)



Beloyannis pleut sur la campagne
sur le toit de notre maison, sur la pierre, sur le grain,
Au fond de nos sillons, tu étreins
La liberté fermement par la main
Feu de soleil, œillet rouge.

Voix de Beloyannis dans les rues
Rendez-vous d’amour dans chaque quartier
Remets ta veste de combattant.
La liberté sur les branches en fleurs
Feu de soleil, œillet rouge.

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