samedi 1 décembre 2018

Devant le Port d’Amsterdam

Devant le Port d’Amsterdam


Chanson française – Devant le Port d’Amsterdam – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
113
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, XVII)






Dialogue Maïeutique

Marco Valdo M.I. mon ami, j’ai cru comprendre que dans cette chanson il serait question de faro et de flotjesbier et je me suis dit : « Les pauvres ! Quelle horreur ! », car j’ai entendu dire que ce sont là deux boissons des plus redoutables.

En effet, Lucien l’âne mon ami, elles sont redoutables et particulièrement, le faro dont je ne sais pourquoi on raconte qu’il éclaircissait les sombres pensées des Espagnols, quand à cette époque de Till, ils occupaient Bruxelles, dont le faro est une des bières traditionnelles. Une boisson si épouvantable que Baudelaire rapporte en ses écrits à son sujet ceci : 

Opinion de M. Hetzel sur le faro [1]

« Buvez-vous du faro ? » — dis-je à monsieur Hetzel ;
Je vis un peu d’horreur sur sa mine barbue.
« Non, jamais ! le faro (je dis cela sans fiel),
C’est de la bière deux fois bue.

Hetzel parlait ainsi dans un café flamand,
Par prudence sans doute, énigmatiquement.
Je compris que c’était une manière fine
De me dire : « faro, synonyme d’urine ! »

 Il y va un peu fort ce Monsieur Hetzel, éditeur de son état, si je me souviens bien, remarque alors Lucien l’âne avec pertinence.

Et même, Lucien l’âne mon ami, un grand éditeur et un écrivain de valeur ; il se publiait sous le nom de P.J. Stahl. On lui doit notamment les premières éditions des œuvres de Jules Verne, ce qui n’est pas rien. Il s’agit de Pierre Jules Hetzel. Mais je reviens à ma chanson, car il y a beaucoup à en dire et si possible, en peu de mots. Commençons par le titre « Devant le Port d’Amsterdam » qui est, pas la peine de tourner autour du pot, une allusion à une chanson de Brel, quasiment homonyme au point que certains pourraient la confondre avec celle-ci. En fait, celle de Brel, elle s’intitule tout simplement : « Amsterdam » et je me demande d’ailleurs pourquoi elle ne figure pas encore dans ce capharnaüm des Chansons contre la Guerre, vu qu’à mes yeux et mes oreilles, elle y a plus que toute sa place. Donc, Till, entretemps devenu capitaine de La Brielle – tout un symbole, s’en vient avec la flotte des Gueux de mer faire le blocus d’Amsterdam toujours aux mains des catholiques et alliée des Espagnols. Mais c’est l’hiver et avec l’hiver vient la bise du nord qui une fois encore, cloue la flotte sur la mer. Et dans le navire, les vivres viennent à manquer avant même que les Amstellodamois ne se décident à l’assaut et la chanson s’arrête là. En quelque sorte, suite au prochain numéro. Dans l’Histoire, la grande avec un grand « H », cet épisode réel se situe vers 1578 ; comme pour toute légende, il est transmuté par la dimension poétique. Amsterdam dans la foulée de ce siège finira par rallier la révolte des Gueux et en deviendra un des plus fidèles soutiens.

Alors, dit Lucien l’âne, ne faisons pas durer le plaisir et voyons cette chanson. Puis,
tissons le linceul de ce vieux monde guerrier, bellifère, glacial et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le monde en est au mois du loup
C’est le mois de l’hiver,
C’est le mois le plus doux.
Le loup hiberne dans la louvière.

La flotte des Gueux monte la garde
Devant Amsterdam aux mains des papistes.
La pluie tombe en hallebardes ;
Cinq jours durant, elle persiste.

À son bord, l’amiral fait mander,
De la flotte, tous les officiers
Et le nouveau capitaine de La Brielle : Till,
Pour organiser le blocus de la ville.

« La grande tranquillité de la ville
Ne me laisse pas tranquille, dit Till
Elle cache son jeu, cette Amsterdam. »
« J’y pensais justement, dit Lamme,

Car en mes huches, l’eau transit,
Le sel sèche, l’huile est solide ;
En ma cuisine, le saucisson est rigide,
Le beurre durcit, la volaille raidit.

Danger ! Le grand gel arrive de Scandinavie.
Danger ! La glace épaisse va nous figer.
Danger ! Sans obstacle, l’ennemi va approcher,
Nous attaquer et nous bombarder de son artillerie.

La glace se couvre de neige ;
Le vent souffle de Norvège.
La mer se mue en plancher,
Ceux d’Amsterdam n’ont pas bougé.

Tout est figé en l’air marin ;
Tout hiverne sept jours.
Pour contrer le froid, au huitième jour,
Till ordonne un grand festin.

Lamme en grand désarroi se plaint :
« Capitaine, ce seront noces de Carême.
En ma réserve, il ne reste rien
Que faro, flotjesbier et biscuits sans crème.

Ceux d’Amsterdam confèrent en confréries
Et las, la bataille n’est pas pour demain.
L’ennemi se tâte, son ardeur oscille
Il le verra peut-être après-demain.

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