Devant
le Port d’Amsterdam
Chanson
française – Devant
le Port d’Amsterdam
– Marco
Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 113
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, XVII)
Ulenspiegel le Gueux – 113
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, XVII)
Dialogue
Maïeutique
Marco
Valdo M.I. mon ami, j’ai cru comprendre que dans cette chanson il
serait question de faro et de flotjesbier et je me suis dit :
« Les pauvres ! Quelle horreur ! », car j’ai
entendu dire que ce sont là deux boissons des plus redoutables.
En
effet, Lucien l’âne mon ami, elles sont redoutables et
particulièrement, le faro dont je ne sais pourquoi on raconte qu’il
éclaircissait les sombres pensées des Espagnols, quand à cette
époque de Till, ils occupaient Bruxelles, dont le faro est une des
bières traditionnelles. Une boisson si épouvantable que Baudelaire
rapporte en ses écrits à son sujet ceci :
« Buvez-vous du faro ? » — dis-je à monsieur Hetzel ;
Je vis un peu d’horreur sur sa mine barbue.
« Non, jamais ! le faro (je dis cela sans fiel),
C’est de la bière deux fois bue.
Hetzel parlait ainsi dans un café flamand,
Par prudence sans doute, énigmatiquement.
Je compris que c’était une manière fine
De me dire : « faro, synonyme d’urine ! »
Il
y va un peu fort ce Monsieur Hetzel, éditeur de son état, si je me
souviens bien, remarque alors Lucien l’âne avec pertinence.
Et
même, Lucien l’âne mon ami, un grand éditeur et
un écrivain de valeur ; il se publiait sous le nom de P.J.
Stahl. On lui doit notamment les
premières éditions des œuvres de Jules
Verne, ce qui n’est pas rien. Il s’agit de Pierre
Jules Hetzel. Mais je reviens à ma chanson, car
il y a beaucoup à en dire et si possible, en peu de mots. Commençons
par le titre « Devant le Port d’Amsterdam » qui est,
pas la peine de tourner autour du pot, une allusion à une chanson de
Brel, quasiment homonyme au point que certains pourraient la
confondre avec celle-ci. En fait, celle de Brel, elle s’intitule
tout simplement : « Amsterdam » et je me demande
d’ailleurs pourquoi elle ne figure pas encore dans ce capharnaüm
des Chansons contre la Guerre, vu qu’à mes yeux et mes oreilles,
elle y a plus que toute sa place. Donc, Till, entretemps devenu
capitaine de La Brielle – tout un symbole, s’en vient avec la
flotte des Gueux de mer faire le blocus d’Amsterdam toujours aux
mains des catholiques et alliée des Espagnols. Mais c’est l’hiver
et avec l’hiver vient la bise du nord qui une fois encore, cloue la
flotte sur la mer. Et dans le navire, les vivres viennent à manquer
avant même que les Amstellodamois ne se décident à l’assaut et
la chanson s’arrête là. En quelque sorte, suite au prochain
numéro. Dans l’Histoire, la grande avec un grand « H »,
cet épisode réel se situe vers 1578 ; comme pour toute
légende, il est transmuté par la dimension poétique. Amsterdam
dans la foulée de ce siège finira par rallier la révolte des Gueux
et en deviendra un des plus fidèles soutiens.
Alors,
dit Lucien l’âne, ne faisons pas durer le plaisir et voyons cette
chanson. Puis,
tissons
le linceul de ce vieux monde guerrier, bellifère, glacial et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
monde en est au mois du loup
C’est
le mois de l’hiver,
C’est
le mois le plus doux.
Le
loup hiberne dans la louvière.
La
flotte des Gueux monte la garde
Devant
Amsterdam aux mains des papistes.
La
pluie tombe en hallebardes ;
Cinq
jours durant, elle persiste.
À
son bord, l’amiral fait mander,
De
la flotte, tous les officiers
Et
le nouveau capitaine de La Brielle : Till,
Pour
organiser le blocus de la ville.
« La
grande tranquillité de la ville
Ne
me laisse pas tranquille, dit Till
Elle
cache son jeu, cette Amsterdam. »
« J’y
pensais justement, dit Lamme,
Car
en mes huches, l’eau transit,
Le
sel sèche, l’huile est solide ;
En
ma cuisine, le saucisson est rigide,
Le
beurre durcit, la volaille raidit.
Danger !
Le grand gel arrive de Scandinavie.
Danger !
La glace épaisse va nous figer.
Danger !
Sans obstacle, l’ennemi va approcher,
Nous
attaquer et nous bombarder de son artillerie.
La
glace se couvre de neige ;
Le
vent souffle de Norvège.
La
mer se mue en plancher,
Ceux
d’Amsterdam n’ont pas bougé.
Tout
est figé en l’air marin ;
Tout
hiverne sept jours.
Pour
contrer le froid, au huitième jour,
Till
ordonne un grand festin.
Lamme
en grand désarroi se plaint :
« Capitaine,
ce seront noces de Carême.
En
ma réserve, il ne reste rien
Que
faro, flotjesbier et biscuits sans crème.
Ceux
d’Amsterdam confèrent en confréries
Et
las, la bataille n’est pas pour demain.
L’ennemi
se tâte, son ardeur oscille
Il
le verra peut-être après-demain.
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