Courons
à l’Étoile
Chanson
française – Courons
à l’Étoile
– Marco
Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 114
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, XVII)
Ulenspiegel le Gueux – 114
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, XVII)
Dialogue
Maïeutique
« Courons
à l’étoile ! », Marco Valdo M.I. mon ami, qu’est-ce
que c’est encore qu’un titre pareil ? Et qui donc va courir
à l’étoile ? Et pourquoi ? Et de quelle étoile, il
s’agit ?
Calme-toi,
dit Marco Valdo M.I. et arrête cette litanie de questions inutiles
puisque tu sais pertinemment que je vais y répondre point par point.
Au fait, que disais-tu déjà ? Je ne m’en souviens plus de
tes questions, tellement il y en avait. D’abord,il me semble qu’il
y avait la question du titre – c’est l’habitude chez toi. Donc,
« Courons à l’étoile ! ». Deux remarques :
en premier, l’impératif est de Till, mué en chef de commando ;
ensuite, il y a cette idée de « marche à l’étoile »,
en quelque sorte accélérée pour les besoins du scénario.
L’étoile, elle, elle est nettement identifiée, ce n’est pas une
étoile ; c’est une planète, c’est Vénus, dite l’Étoile
du Berger, qui au soir et en début de nuit, indique le plein ouest.
Une
étoile au nom sympathique, dit Lucien l’âne, dont on comprend
aisément qu’elle ait reçu toute l’attention du berger, lequel
comme on sait vit la plupart du temps seul sur les plateaux de
transhumance et n’a pas souvent l’occasion de voir d’autres
Vénus.
Bien,
après ce petit intermède, reprend Marco Valdo M.I., pour comprendre
l’affaire, je te rappelle que la flotte et le bateau de Till, La
Brielle, sont bloqués par les glaces dans le bras de mer, d’une
sorte de mer intérieure, qui conduit à Amsterdam et qui se nomme
l’IJ et qui est aligné d’est (IJ) – ouest (port et côte).
Fort
bien, dit Lucien l’âne. Je me disais justement comment est-il
possible d’aller vers Vénus, alors qu’en Mer du Nord, la mer est
située généralement à l’ouest. La question suivante était :
qui court à l’étoile ?
En
décomposant, c’est en effet plus clair, dit Marco Valdo M.I. en
souriant. Qui court à l’étoile ? Ce sont des marins et des
soudards qui suivent Till et Lamme pour aller à terre chercher
« manu militari » des vivres pour la flotte. Les détails
sont dans la chanson. Cependant, l’essentiel est ailleurs que dans
cette opération militaire de brigandage ; il se trouve dans le
rôle que s’adjuge le brave Lamme qui se révèle à l’usage un
homme plus énergique, plus volontaire et plus « à cheval sur
les principes » qu’on l’imagine ordinairement. Je te laisse
découvrir cet étonnant chef-coq.
Alors,
découvrons et tissons le linceul de ce vieux monde étoilé,
fourvoyé, affamé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
« Plus
de bœuf, plus de porc, plus de poulet,
Plus
de vin, plus de bière, plus de lait,
Plus
rien dont on vive,
Qui
m’aime me suive ! »,
Dit
Lamme. « Personne ne part ! », dit Till.
« Till,
mon ami fidèle, tu es capitaine
Et
nous ne sommes plus dans le civil,
Mais
je ne pars pas pour des fredaines.
Moi
qui n’aime que le repos,
Qui
ne tue que la dinde ou l’oie,
Moi
qui t’ai suivi au combat,
Je
te dis : des vivres, il nous faut.
Avant-hier,
on a mangé le dernier saucisson.
Hier,
on a grignoté le dernier quignon.
Queux,
je dois nourrir les compagnons ;
Ce
pourquoi, je pars en expédition.
Vois
sur la berge ces lumières brillantes !
Vois-tu,
cette grosse ferme attrayante,
Sais-tu
qui la possède et qui l’habite ?
Un
traître, un dénonciateur émérite.
Celui
qui, sournois, donna
Dix-huit
Gueux, dix-huit de nos amis
Que
l’Espagnol détrancha
Au
Petit Sablon de Bruxelles, un midi.
C’est
Slosse, ce délateur, assassin
Pour
deux mille florins.
Il
acheta pour le prix du sang,
Cette
ferme, le bétail et les champs.
C’est
l’heure de nourriture à présent.
Avec
vingt gars, soudards ou matelots,
J’irai
quérir le vivre des bâtiments
Et
le donneur, en sus du lot. »
« Je
veux être leur chef, dit Till.
Qui
aime la justice me suive dehors.
Pas
tous, vingt seulement, tirez au sort !
Allons
à la ferme ; plus tard, on ira en ville.
La
belle Vénus indique la ferme du félon.
Le
vent chasse vers la terre en tourbillons,
Chaussez
vos patins, la hache à l’épaule,
Patinant
et glissant, courons à l’étoile. »
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