LA FERME DES ANIMAUX
Version française – LA FERME DES ANIMAUX – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson
italienne – La
fattoria degli animali – Assemblea
Musicale Teatrale – 1978
Le
vent des ans ’70 souffle encore sur une Italie qui semble très
éloignée de celle d’aujourd’hui, même si beaucoup de problèmes
restent plus ou moins inaltérés, comme les guerres qui frappent le
monde et les diverses fermes de Monsieur Jones dispersées dans les
continents avec les mêmes logiques d’exploitation et de profit
toujours sur le dos des plus faibles, naturellement. Et l’écho du
livre de George Orwell continue à retentir dans la réalité,
quotidiennement. Les noms et les modalités changent, mais les
activités contre la vie de l’homme restent pareilles. Et alors
résister et lutter pour améliorer la vie de tous reste l’unique
programme vraiment valide.
Dialogue
Maïeutique
Celle-là,
je la connais fort bien, dit Lucien l’âne. La Ferme des Animaux,
j’y suis allé voir mon cousin et j’en ai gardé le souvenir
impérissable de ce qui arrive à ceux qui pensent pouvoir changer le
monde en prenant le pouvoir. Patrick Font, qui chante La
Vieille[[57413]], disait dans un mémorable
discours pour les législatives françaises de 1978, précisément
l’année de cette chanson – La fattoria degli animali, qu’il ne
voulait
« pas
le pouvoir pour le pouvoir,
mais
le pouvoir pour pouvoir pouvoir ».
D’autant
plus que la plus intéressante formule de cette parabole orwellienne
est une création de l’âne, un de mes lointains cousins à qui je
l’avais enseignée. Elle dit : « Tous les animaux sont
égaux, mais certains le sont plus que d’autres ». Ces
derniers sont évidemment les cochons ; après, il y aura les
chiens et ce sera pire encore.
Donc,
Lucien l’âne mon ami, tu sais clairement de quoi il s’agit et tu
conviendras comme moi que c’était une bonne idée d’en faire une
chanson. Bien sûr, la situation décrite par cette ferme ne peut en
aucun cas être comparée à ce qui se passe dans nos sociétés et
l’animalisme, qui est le régime de la ferme des animaux, ne saurait
être confondu avec les grands « ismes » de notre temps.
Comme par exemple, le libéralisme.
Cependant,
Marco Valdo M.I., il me paraît que dans la lignée de ce philosophe
d’Orwell, on pourrait rappeler ce paradoxe :
« Le
capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme ;
le
communisme, c’est l’inverse »
et
à mon sens, pour ce qu’on en a vu jusqu’ici, ce n’est pas
faux.
Tu
dis juste, Lucien l’âne mon ami et d’ailleurs, j’ai toujours
eu l’idée que cette fable s’appliquait autant à l’un qu’à
l’autre de ces modes de domination. En fait, ce conte moral ou
politique, comme on voudra, me paraît être assez inspiré des
fabulistes anciens et
singulièrement, de ces grenouilles qui demandaient un roi que
racontait La
Fontaine et dont le conseil aux grenouilles, après remplacement
du roi débonnaire par un roi plus autoritaire, est :
« De
celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire. »
De peur d’en rencontrer un pire. »
Et
avant de te laisser conclure, je voudrais revenir un instant sur la
conclusion de la chanson, qui intéresse spécialement la question de
la guerre, qui dit :
« Chacun
en arrive sans hésitation
À se demander pourquoi sans patron,
On s’entretue encore
À la guerre. »
À se demander pourquoi sans patron,
On s’entretue encore
À la guerre. »
et
dire qu’à mon sens, c’est que quel que soit le système d’État
et quelle que soit la nation ou la religion, il y a toujours –
dans les sociétés que nous connaissons – un patron ; qu’il
soit un dictateur (c’est le plus simple), un conglomérat, un
comité central, un congrès, un comité,
une assemblée, un gouvernement, un
président, un conseil d’administration,
une église, un prophète, un directeur,
un chef d’atelier, un chef de bureau, un
officier, peu importe, pour l’homme,
c’est toujours un pouvoir.
Effectivement,
dit Lucien l’âne, moi ce qui m’est toujours venu en tête et à
travers tous les âges, c’est que l’âne ou l’homme, le vrai
problème avec le pouvoir, c’est le pouvoir lui-même, qu’il soit
en des mains individuelles ou collectives. Alors, tissons le linceul
de ce vieux monde dominateur, libéral, socialiste, communiste,
religieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Dans
une fureur du pouvoir populaire,
Brûlant tous les trophées et les cotillons,
A jeté Monsieur Jones à la porte,
Car elle en avait marre de se faire rudoyer
Et retrouva le goût de la juste appropriation
De ce que le patron
Tous les jours lui a volé.
Brûlant tous les trophées et les cotillons,
A jeté Monsieur Jones à la porte,
Car elle en avait marre de se faire rudoyer
Et retrouva le goût de la juste appropriation
De ce que le patron
Tous les jours lui a volé.
La
liberté se mélangeait à la conscience
Du péril qu’il s’en revienne
Et la peur qu’il resurgisse
Poussait les animaux à se rapprocher
Et les a convaincus de s’organiser.
Ainsi, sous la conduite provisoire
D’un gouvernement de cochons,
Tous travaillèrent à la collective accumulation.
Du péril qu’il s’en revienne
Et la peur qu’il resurgisse
Poussait les animaux à se rapprocher
Et les a convaincus de s’organiser.
Ainsi, sous la conduite provisoire
D’un gouvernement de cochons,
Tous travaillèrent à la collective accumulation.
Il
peut sembler étrange, mais il est prouvé
Presque scientifiquement
Que le suidé est fait pour diriger.
La ferme des animaux reconnaissante
A remercié
L’intelligentsia pour ce service éminent.
Presque scientifiquement
Que le suidé est fait pour diriger.
La ferme des animaux reconnaissante
A remercié
L’intelligentsia pour ce service éminent.
Et
par son travail, on produit chaque jour
La part des cochons qui toujours
S’empressent de hurler : « Travaillez
Si vous ne voulez
Pas que le patron revienne un jour ! ».
La part des cochons qui toujours
S’empressent de hurler : « Travaillez
Si vous ne voulez
Pas que le patron revienne un jour ! ».
Et
le pouvoir provisoire
Employa à titre transitoire
Deux chiens policiers
Pour confisquer autoritairement
Employa à titre transitoire
Deux chiens policiers
Pour confisquer autoritairement
On
cassa les œufs dans la gamelle
Du cochonnet qui s’écrie :
« Quelle stupide bête de basse-cour,
L’échange de marchandises
Du cochonnet qui s’écrie :
« Quelle stupide bête de basse-cour,
L’échange de marchandises
Avec
les amis du terrible monsieur Jones
Est seulement un moyen pour l’avoir moins hostile,
Cette poule est un espion trotskiste
Ou précapitaliste qui ne comprend pas
Le sens historique de donner pour aider notre État
Est seulement un moyen pour l’avoir moins hostile,
Cette poule est un espion trotskiste
Ou précapitaliste qui ne comprend pas
Le sens historique de donner pour aider notre État
De
là, la vieille histoire
La laide histoire des errements,
Plans quinquennaux, guerre froide, purges,
Qui provoquèrent le désastre
Dans les fermes voisines,
Les répressions par les patrons ou les cochons.
De là, la vieille histoire
comme il y en eut tant et tant
Des tentatives des races dominantes
Pour masquer la prétendue
Science de la foi
À la bête de cour qui croit.
La laide histoire des errements,
Plans quinquennaux, guerre froide, purges,
Qui provoquèrent le désastre
Dans les fermes voisines,
Les répressions par les patrons ou les cochons.
De là, la vieille histoire
comme il y en eut tant et tant
Des tentatives des races dominantes
Pour masquer la prétendue
Science de la foi
À la bête de cour qui croit.
Mais
le dirigeant
n’est pas mis
en discussion
Et moins encore le scientifique, bien sûr
Même les camarades les plus durs
Hurlent : « À bas les hommes et les cochons,
Essayons avec les plans ou avec les kangourous ».
La ferme des animaux
Laisse un vide derrière elle
Dans les yeux de toute bête qui travaille.
Chacun en arrive sans hésitation
À se demander pourquoi sans patron,
On s’entretue encore
À la guerre.
Et moins encore le scientifique, bien sûr
Même les camarades les plus durs
Hurlent : « À bas les hommes et les cochons,
Essayons avec les plans ou avec les kangourous ».
La ferme des animaux
Laisse un vide derrière elle
Dans les yeux de toute bête qui travaille.
Chacun en arrive sans hésitation
À se demander pourquoi sans patron,
On s’entretue encore
À la guerre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire