OHÉ CAPITAINE !
Version
française – OHÉ
CAPITAINE !
– Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson
italienne – Ehi
Capitano – Bandabardò
– 2018
Texte de Jacopo Fo
Musique d’Erriquez
Texte de Jacopo Fo
Musique d’Erriquez
Un cœur d’or
sous la peau Et la force du taureau ! |
Pourquoi
veulent-ils tous sauver ces réfugiés ? Voici l’histoire d’un
groupe d’immigrées fortunées arrivées sur les côtes italiennes.
Comment
pouvons-nous parler aux personnes qui sont convaincues que le premier
problème de l’Italie soit les réfugiés extracommunautaires
noirs ?
On
a envie de dire que notre urgence, ce sont les mafias, la
bureaucratie, la lenteur de la justice, la corruption et la
stupidité. Ils ont l’esprit fermé comme le cœur. Il suffit de
lire certains messages qui inondent l’espace des commentaires aux
articles et qui font appel à la solidarité humaine et au bon sens.
Pour
chercher à dénouer les blocages émotionnels qui sont derrière
cette culture de la peur, il ne nous reste plus qu’à user de
l’ancienne arme des réparties comiques et à démasquer ainsi le
racisme, parfois inconscient, qui alimente cette culture.
Et
alors essayons de changer l’image des canots pneumatiques et
mettons dessus de pauvres extracommunautaires d’une autre race :
les Norvégiennes. La Norvège en effet est hors de l’Union
Européenne, donc elles sont extracommunautaires…
Notre
espoir est de réussir à faire réfléchir pendant un instant sur
les préjugés : si elles étaient belles, blondes et en bikini,
en voudrions-nous ?
Aidez-nous
à faire circuler cette vidéo ! Un rire les amènera peut-être
à se poser l’une ou l’autre question.
Dialogue
Maïeutique
Dis-moi,
Marco Valdo M.I., elle m’a l’air amusante cette chanson.
J’aimerais savoir si je me trompe lorsque je pense que quand elle
dit : « Elles ont des nichons ronds », elle fait
allusion à certaine chanson à propos des Bretons, dont le refrain
est :
« Ils
ont des chapeaux ronds,
Vive la Bretagne !
Ils ont des chapeaux ronds,
Vive les Bretons ! »
Vive la Bretagne !
Ils ont des chapeaux ronds,
Vive les Bretons ! »
Est-ce
une chanson du même genre, toute baignée d’ironie et de gaie
acidité ? Elle me rappelle aussi certaine chanson de marin
assez gaillarde, dont le refrain est plus ou moins celui-ci :
« Et
le navire revint en France
Avec
une vérole, mes agneaux,
Qui
fut donnée à tout Bordeaux !
Tirons
un coup, tirons en deux,
À
la santé des amoureux ! »
Bien
sûr, Lucien l’âne mon ami, qu’il y a de ça dans la chanson de
la Bandabardò. En somme, il s’agit de ridiculiser le nationalisme
et son pendant culturel, le racisme ; le mélange des deux, leur
symbiose, leur synthèse est le fascisme. Ajoute-z-y des racines
chrétiennes et tu as le portrait d’une détestable Italie
d’aujourd’hui (et d’hier). Mais il y a plus alarmant : on
ne peut pas se contenter de fustiger cette Italie et ces Italiens
exclusivistes, car cette maladie sociale, cette virose de
l’intolérable stupidité nationale s’étend à nouveau
rapidement et imprègne de plus en plus ce vieux monde, un vieux
monde immonde, peureux et avare, inhospitalier et barbare, qui semble
atteint d’une sorte de cancer le conscience et d’une déficience
chronique de l’intelligence. Est-ce que la maladie d’Alzheimer
peut s’étendre à tout un corps social ? Parfois, je me le
demande.
Arrête-toi
là, Marco Valdo M.I., ce n’est pas l’heure d’une longue
diatribe, ni d’une sérieuse oraison. Dis-moi plutôt l’argument
de la chanson.
Et
bien, reprend Marco Valdo M.I., l’idée est fort drôle et le
projet fort simple. Il s’agit de montrer noir sur blanc le racisme
dans toute sa splendide vacuité. Pour faire court, on remplace
fictivement les réfugiés « maritimes » dits
extracommunautaires venant d’Afrique ou d’Asie par de jeunes
demoiselles extracommunautaires elles aussi, des Norvégiennes
blondes et plantureuses arrivant par la mer, avec un équipement
vestimentaire des plus réduits, et on y confronte les mâles
italiens en rut. Curieusement, il n’y a pas le phénomène de rejet
violent que ces mêmes mâles expriment habituellement. L’effet de
la chanson est désopilant, mais la réflexion qu’elle entraîne
laisse apparaître une série de questions, dont on devine la
réponse : quel est le fondement du rejet des réfugiés
maritimes et par extension, de tous les réfugiés ? Sur quel
fond boueux repose le rejet de l’autre, quand il n’est pas une
proie appétissante ? On découvre les dimensions cachées de la
xénophobie, l’infantilisme et la peur, qui sous-tendent ce
conservatisme.
Alors,
dit Lucien l’âne, en chantant d’heureuses chansons, tissons le
linceul de ce vieux monde avide, avare, infantile, possessif, peureux
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Oh
Capitaine ! Il y a un canot au milieu de la mer.
Oh Capitaine ! Vite, allons les sauver !
Sur le canot, sur le canot,
À la merci du typhon, à la merci du typhon,
Oh Capitaine ! Vite, allons les sauver !
Sur le canot, sur le canot,
À la merci du typhon, à la merci du typhon,
Elles
sont si petites, si petites ;
Elles sont si fragiles, si fragiles ;
On dirait des anges.
Soyons des Italiens,
Avec le soleil dans les mains !
Soyons bons comme les macarons,
Soyons bons comme les melons !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Elles ont des nichons ronds,
À la mer, nous ne pouvons les jeter,
Elles sont si fragiles, si fragiles ;
On dirait des anges.
Soyons des Italiens,
Avec le soleil dans les mains !
Soyons bons comme les macarons,
Soyons bons comme les melons !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Elles ont des nichons ronds,
À la mer, nous ne pouvons les jeter,
Nous
voulons les aimer.
Sauvons-les,
soyons tous des héros !
Ayons un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !
Soyons aimables,
Sauvons les Norvégiennes
Pauvres extracommunautaires,
Ne soyons pas des barbares !
Ayons un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !
Soyons aimables,
Sauvons les Norvégiennes
Pauvres extracommunautaires,
Ne soyons pas des barbares !
Soyons
des Italiens
Avec le soleil dans les mains !
Soyons bons comme les macarons,
Soyons bons comme les melons !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Elles ont des nichons ronds,
À la mer, nous ne pouvons les jeter,
Avec le soleil dans les mains !
Soyons bons comme les macarons,
Soyons bons comme les melons !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Elles ont des nichons ronds,
À la mer, nous ne pouvons les jeter,
Anguilles
pleines d’entrain,
Elles
fuient leur cruel destin
Car
Manger du hareng saur le matin
C’est un sort sordide.
Même si elles sont d’une autre race,
Car
Manger du hareng saur le matin
C’est un sort sordide.
Même si elles sont d’une autre race,
Au
dessert,
Soyons
des Italiens,
Comme les volcans siciliens,
Un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !
Comme les volcans siciliens,
Un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !
Nous
sommes des Italiens
Fougueux comme des volcans.
Nous avons un cœur d’or
Et la force d’un taureau.
Fougueux comme des volcans.
Nous avons un cœur d’or
Et la force d’un taureau.
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