mardi 27 novembre 2018

AMI AIMÉ



AMI AIMÉ


Version française – AMI AIMÉ – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson chilienneAmado amigoSergio Vesely – 1975

Album Documento, édité en 1986.
Texte tiré de Cantos Cautivos



Une chanson écrite par Sergio Vesely, classe 1958, musicien, militant de gauche au Chili de la dictature. Il fut arrêté et détenu dans le camp de concentration appelé Melinka qui se trouve à Puchuncaví, dans la région de Valparaíso, et ensuite en 1976, il fut expulsé du pays et forcé à l’exil en Allemagne occidentale, où il vit encore.
Cette chanson est un témoignage sur la vie carcérale des prisonniers politiques au Chili après l’avènement de la dictature de Pinochet



Ami aimé,
Je pense à toi ce matin.
Ami aimé,
Mon petit héros de mie de pain, (1)
Je t’ai vu homme soudain.

Nous avons eu avant-hier des conversations,
À propos
des colombes en petites monnaies, (2)
À propos
des dessins de fil de fer sur le papier, (3)
À propos
de l’histoire d’un bateau de papier, (4)
À propos
de tant de promenades sans fin.(5)

Et compris la signification
De ta langue emmurée (6)
Et trouvé à la fin
Les mots dans une nouvelle langue
Pour communiquer avec toi.

Ami aimé,
Je pense à toi ce matin.



(1) Petites statues de mie de pain : il ne s'agissait pas seulement d'un passe-temps, pour occuper la tête et la détourner de sa condition de prisonnier. Les petites statues faites avec le pain servaient à communiquer, à faire savoir aux compagnons de captivité qu’on était encore vivant
(2) Colombes en petites monnaies : avec des petits objets de métal (des monnaies, des objets et des récipients de tout type), travaillés à froid à force de les battre pour les rendre plus malléables, étaient réalisées des anneaux et des médaillons. Le sujet plus reproduit était la colombe de Picasso…
(3) Figures de barbelé sur papier : il y avait même celui qui passait le temps à dessiner et peindre, et dans les dessins ne manquaient jamais les grillages du champ…
(4) Quand on devait saluer un compagnon, qui était libéré ou transféré, celui qui restait entonnait toujours El barco de papel de Julio Numhauser.
(5) Promenades sans fin : ce sont celles des prisonniers dans les rares heures d’aération, des promenades forcées sur peu de mètres, mais qui étaient très importantes pour maintenir les relations avec les compagnons et s'échanger des informations.


(6) Langue emmurée : pour ne pas être écouté et compris des gardes et des espions, il était nécessaire et fondamental de connaître la langue non codifiée des prisonniers, très différente même de celle des militants en liberté, laquelle, par contre, était souvent bien connue des services de la répression.

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