mercredi 14 novembre 2018

Le Carillon d’Harlem

Le Carillon d’Harlem

Chanson française – Le Carillon d’Harlem – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
107
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, XI)

HAARLEMMERMEER
Dialogue Maïeutique


Le Carillon d’Harlem, Marco Valdo M.I. mon ami, serait-ce qu’il y aurait fête et que la paix serait descendue telle un ange bleu sur la ville au bord du lac d’Haarlemmermeer, depuis lors asséché et pour partie reconverti en aéroport.

Comme te le dira à son début la chanson, réplique Marco Valdo M.I., le carillon et les cloches d’Harelem sonnent l’heure à l’accoutumée. C’est l’hiver, tombe la neige molle ; mais très vite, malgré un premier silence de consternation, les cloches et le carillon reprennent de plus belle et appellent à la résistance face à la venue du duc d’Albe et de ses bourreaux. En fait, tout comme dans le Moscou de 1812, musique de Tchaikowsky, les cloches et le carillon sont des acteurs de la tragédie. Et puis…

Et puis, justement, demande Lucien l’âne. Est-ce tout, est-ce une histoire de carillon et de cloches ?

Hé bien, oui !, reprend Marco Valdo M.I., et puis, les cloches transportent dans l’air au-dessus de la campagne hollandaise le défi que la ville lance à l’armée de tueurs qui vient la prendre contre son gré. C’est le début d’un long siège, d’une bataille qui va durer huit mois. Et, comme tu le verras, l’hiver qui gèle le lac et coupe les voies d’accès mettra la ville en péril.
Écoutons donc cloches et carillon, puis tissons le linceul de ce vieux monde glacial, cruel, mortel et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Et la neige, la neige doucement neige
Et tombe, tombe mollement.
L’air, l’air est blanc, tout blanc ;
Sur l’eau noire, la neige se désagrège.

Sur la terre et sur les champs,
Les cloches d’Harlem sonnent l’heure.
Les arbres défeuillés demeurent.
Les chemins se perdent dans le blanc.

Cloches, cloches, ne sonnez pas !
Ne tintez plus l’air de joie !
Don Frédéric, le ducaillon de sang,
Arrive avec ses tueurs en régiments.

Entendez-vous dans les campagnes
Ces soldats, cette artillerie d’Espagne ?
Cloches, ne sonnez pas !
La mort vient à grands pas.

Cloches, cloches, nous sonnons
Et chante, toi, carillon !
Haarlem, bonne fille,
La masse de bourreaux défie.

« Qu’ils viennent ! », disent les gens,
« Nous sommes femmes, marins, habitants.
L’Albe arrogant présente son droit canon.
Cloches, carillon, « Dites non ! ».

Et le droit canon bat, abat nos murailles ;
Les portes s’effondrent, c’est l’assaut.
« Tue ! Tue ! » hurle la piétaille
« Bienvenue ! », nos canons offrent leur cadeau.

Cloches, cloches, saluez leur retraite !
Carillon chante les convois clandestins,
Le blé nourricier et la poudre prête.
Nos murs se relèvent avant le matin.

Venez dans nos rues, bourreaux !
Nos femmes guerrières font le guet.
Avec leurs minuscules petits couteaux,
Nos enfants couperont vos jarrets.

Alerte ! Ne sonnez plus, cloches et carillon !
Il gèle ! Il gèle, saison aigre et amère !
La flotte des Gueux sur l’Haarlemmermeer
Coincée par le gel est battue, les secours s’en vont !

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