Sept
et Vingt-deux
Chanson
française – Sept
et Vingt-deux
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 106
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, X)
Ulenspiegel le Gueux – 106
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, X)
Dialogue
Maïeutique
Décidément,
Marco Valdo M.I. mon ami, pour ce qui est d’inventer des titres
énigmatiques, tu t’y entends. Moi, par contre, je n’y comprends
rien et me voici, contraint à chaque fois, de te demander une
explication. Et ce n’est pas différent cette fois-ci avec cette
mention chiffrée. 7 et 22, on dirait une date, mais laquelle ?
Je connaissais déjà 11/9, 9/11, que sais-je encore ? Mais là,
je donne ma langue au chat.
Et
tu fais bien, Lucien l’âne mon ami, car ainsi le chat sera
content. Trêve de plaisanterie, ces nombres étranges n’indiquent
nullement une date. Il s’agit des fameux « Sept », dont
parle la Légende, souviens-toi de « Vengeance
et
Mort »
« Par
la guerre et par le feu,
Par la mort et par le glaive,
Cherche les Sept.
Dans la mort et dans le sang,
Dans les ruines et dans les larmes,
Trouve les Sept. »
Par la mort et par le glaive,
Cherche les Sept.
Dans la mort et dans le sang,
Dans les ruines et dans les larmes,
Trouve les Sept. »
Ces
Sept que Till doit retrouver, mais dont on ne sait jamais si ce sont
les bons. On avait déjà rencontré les sept bouchers à la
fête chez Stevenine :
« Les
Sept sont là,
Sept pour te sauver,
Sept fort bouchers,
Sept amis pour toi. »
Sept pour te sauver,
Sept fort bouchers,
Sept amis pour toi. »
Quant
aux Vingt-deux, ce sont 22 assabres d’une escadre venue d’Espagne
qui tente d’atteindre Anvers pour y porter vivres, armes et surtout
l’or pour payer les armées du Duc de fer. Il est donc de la plus
haute importance de s’en emparer et d’empêcher aux Espagnols
l’accès par mer. Ce blocus finira par porter ses fruits.
Mais
dis-moi, Marco Valdo M.I., que sont ces assabres tout aussi
mystérieux ?
Lucien
l’âne mon ami, tu as parfaitement raison de poser cette question,
car en effet, c’est un terme assez sibyllin dont on ne trouve pas
trace dans les dictionnaires usuels. Avec un peu de patience, on
finit par trouver qu’il s’agit du nom donné à un petit bateau
caboteur, usité par les Espagnols. La chanson raconte la capture et
la destruction par les Gueux d’une escadre de 22 assabres dans la
rade de Middelbourg jusque sous les tirs de canons des forts. Et
ensuite, cette guerre continue s’alimentant d’elle-même
continûment ainsi que le font toutes les guerres jusqu’à
épuisement d’au moins un des adversaires.
Ainsi
va le monde et personnellement, je ne sais s’il en ira un jour
autrement, ni quand. L’essentiel cependant, conclut Lucien l’âne,
c’est de vivre avec persévérance les bonheurs du jour ; jour
après jour, tant qu’il y en a, comme ils viennent et tels qu’ils
se présentent. Pour le reste, tissons le linceul de ce vieux monde
plein de bruits et de furie, horrifiant où un ruffian coiffé d’une
casquette rouge brait des éructations insensées, et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Nelle
et Till conversent sur le pont ;
L’orage
gronde au fond de la nuit.
« Nous
sommes des renards qu’affole
L’arrivée
de la volaille espagnole :
Vingt-deux
assabres, piqués des lueurs
De
lanternes, leurs insignes de malheur.
Tous
feux éteints, nous attendons,
Dit
Till, le passage du convoi ennemi. »
Et
répond Nelle : « La nuit d’ici
Est
une nuit de sorcières
Au
ciel noir comme bouche d’enfer
Où
les mouettes poussent de grands cris.
Till,
mon aimé, prenons la poudre,
Allons
dans le monde des esprits.
Peut-être,
y verra-t-on les sept réunis. »
Alors,
fermant les yeux, ils voient la foudre.
Et
la mer démontée se rit du ciel lointain
Où
sont les sept, les sept étoiles.
Arrive
un navire de fer à l’immense voile,
Il
déchire l’eau et la mer geint.
À
l’arrière, trône madame la Mort.
Ricassante,
de la gauche, elle serre fort
Sa
faux et de la droite, elle dégage
Un
fouet et frappe tout son équipage.
Partout,
les victimes hurlent : « Pitié ! ».
Sur
terre, flambent villages et villes.
Les
noirs cavaliers tuent, volent, violent ;
Enfin,
épuisés, ils s’asseyent et jouent aux dés.
Les
lanternes des assabres font de rouges étoiles
« L’Espagnol
vogue sur Flessingue. Alarme ! »
Les
Gueux de mer exultent : « Aux armes !
Pour
le Prince de Liberté, en chasse à pleine toile ! »
Tous
à courre : La Johannah, le Cygne, le Gueux,
L’Anne-Mie,
l’Egmont, le Guillaume-le-Taiseux,
Sous
le vent, l’escadre fuit vers le port ;
Les
flibots la poursuivent sous le feu des forts.
Les
canons des murs tirent et tirent encore ;
Les
Gueux vident les assabres et s’emparent
De
l’or, de blé, de balles, d’artillerie et de poudre
Et
dans la rade, abandonnent les carcasses noires.
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