jeudi 27 septembre 2018

Le Navire dans la Glace


Le Navire dans la Glace


Chanson française – Le Navire dans la Glace – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
91
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, I
)




Dialogue Maïeutique


Mais, enfin ! dit Lucien l’âne, voici encore un titre énigmatique. Oh, ce n’est pas que je te les reproche, ni même que je n’aime pas ça – bien au contraire, mais souvent je ne les comprends pas ou, comme dans le cas de celui-ci, je leur trouve plusieurs sens et c’est déroutant. Ce « navire dans la glace » est un titre assez ambigu, il faut bien le reconnaître. Un navire dans la glace ? Qu’est-ce que ça peut bien signifier ? Est-ce un navire qui se reflète dans un miroir ? Ou bien, est-ce un bateau pris dans la glace ? Ce n’est pourtant pas une histoire qui se passe au Pôle…

Oh, dit Marco Valdo M.I., c’est presque ça. Comme tu t’en souviens certainement, Till et Lamme avaient reçu d’Orange comme mission ultime de rejoindre les Gueux de mer et d’embarquer avec eux dans cette nouvelle phase de la lutte contre l’Espagnol. Et c’est précisément ce qu’ils font en cette fin d’année. Ils remontent – fuyant les troupes d’Albe, vers le nord des Pays pour arriver à l’extrême de la Frise occidentale à l’endroit où l’Ems (encore un fleuve dans cette légende fluviale) se jette dans le Dollard là où le port d’Emden, situé sur la rive allemande, regarde le Dollard se rétrécir et s’ensabler la voie vers la mer des Wadden. C’est un pays de fagnes et de polders, d’eaux rampantes, souvent inondé et difficile d’accès, outre que d’être frontalier avec le Comté de Frise-Orientale, une puissance allemande peu commode et favorable aux Gueux. Cependant, on est en hiver et le gel s’empare du pays, congèle les basses eaux d’inondation et tient les bateaux captifs. C’est assez fréquent dans ces régions quand l’hiver est rude et que les vents du Pôle, qui descendent tout droit le long de la Norvège, frappent les côtes et s’engouffrent dans l’estuaire de l’Ems, fort exposé.

Merci, je comprends mieux, Marco Valdo M.I.. Voilà qui éclaire le titre et qui situe la chanson et ce qu’elle raconte.

Ainsi donc, Lucien l’âne mon ami, Lamme et Till – l’un suivant l’autre – sont arrivés à se mettre hors de portée des poursuivants et à rejoindre le lieu de rassemblement des Gueux de mer à Emden. Là, ils rencontrent l’amiral Très-Long et le convainquent de les prendre à son bord. Cependant, le dit-navire et toute la flottille est pris par les glaces. Ils sont coincés là et doivent attendre le dégel. Pendant ce temps, la vie continue. Il faut bien passer ce temps de léthargie : les gens glissent sur la gigantesque patinoire, Lamme cherche sa femme et Till se comporte comme Till, il lutine une jolie femme, qui le tient gentiment à distance, tout en s’inquiétant de son compagnon. Pour le reste et le terrible avertissement final, je te renvoie à la canzone.

Allons donc la voir et reprenons notre tâche. Tissons le linceul de ce vieux monde bloqué, congelé, glacé et cacochyme


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Sur les bateaux pêcheurs,
Les hommes armés de piques et de fers
Suivent avec grande ferveur,
Au large, les Gueux de mer –

Gens de mer au chef orné
D’une Lune aux reflets argentés
Gravée d’un écrit mémorable :
« Plutôt servir le Turc que le Pape ».

Till siffle le refrain de l’alouette
Et de la mer, le coq à mille voix répond
De la musique clairette
De son joyeux clairon.

Tout au Nord, à Emden, sur le grand quai,
Un Amiral des Gueux fait les cent pas.
Il s’impatiente de son navire bloqué.
L’alouette chante, il répond « Qui va là ? »

« Till, fils de Claes, brûlé au bûcher. »
« Très-Long, amiral. Je vais sur la mer. »
« Avec vous, Lamme et moi voulons chanter,
À belle voix d’arquebuse, la liberté de nos terres. »

« Sur mon navire ? Ainsi en sera-t-il ! »
Le navire attend la clémence de l’hiver
Pour emporter l’amiral, Lamme et Till.
Mais, le froid et le gel encore les enserrent.

Autour du navire pris dans la glace,
On patine, on lutine, on chante l’amour.
Au port, on mange, on boit, tour à tour.
Entre les échoppes, c’est fête sur la place.

Lamme, passe, repasse et muet, glisse.
Il cherche sa femme sur la mer lisse,
Till fréquente un estaminet pas cher ;
L’accoste une accorte au teint clair.

« Qu’as-tu fait, toi que voilà,
De l’homme beau et bien fait
Qu’on voit souvent près de toi ?
L’homme Lamme, qu’en as-tu fait ? »

Mais soudain, entends-tu la neige tomber ?
Mais soudain, entends-tu les marins chanter ?
La mort vient comme un voleur.
Il se prépare un grand malheur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire