Chanson
allemande – Ballade
von der Hester Jonas – Cochise
– 1979
Paroles :
Peter Maiwald
La
« Ballade von der Hester Jonas » est l’histoire
d’Esther Jonas, connue comme la sorcière de Neuss, sage-femme,
accusée de sorcellerie, torturée jusqu’à lui extorquer des
aveux, elle fut décapitée et ensuite brûlée le 24 décembre 1635.
Les Cochise en font une rêveuse et une libertaire que le pouvoir s’employa à éliminer.
Les Cochise en font une rêveuse et une libertaire que le pouvoir s’employa à éliminer.
Dialogue
Maïeutique
Une
ballade, dit Lucien l’âne en souriant, moi, j’aime les ballades
et encore plus, une ballade qui raconte l’histoire d’une femme.
Et puis, une ballade étrangère, mise en langue française par tes
soins, ça me fait toujours vibrer par avance, car je sais que j’y
trouverai du mystère, de la poésie et tout un monde nouveau.
Résumons : depuis toujours, j’aime les ballades, car ce sont
des balades dans l’inconnu, dans la découverte, même si parfois,
elles me racontent des histoires que j’ai déjà entendues lors de
mes pérégrinations infinies. Mais autrement !
Voilà,
réplique Marco Valdo M.I., une belle défense de la ballade et de
l’art méconnu de la traduction, considéré comme l’art de la
contrebande d’émotions et d’idées. Un art qui, par parenthèses,
tend à abolir les frontières.
Cependant,
reprend Lucien l’âne, je me demande qui est cette Esther Jonas et
pourquoi un groupe musical plus ou moins contemporain (de la fin du
siècle dernier) lui a consacré une ballade, il y a maintenant près
de quarante ans. Sans compter qu’on pourrait aussi poser la
question de savoir pourquoi les chansons mettent tant de temps à
passer d’une langue dans d’autres. Ça m’attriste toujours et
pour donner un premier élément de réponse, je suis sûr que sans
les Chansons contre la Guerre, nous n’aurions jamais entendu parler
d’Esther Jonas (Hester en allemand) et même, nous n’aurions –
toi et moi – jamais fait de versions françaises de chansons et
probablement, nous n’en aurions jamais écrites.
D’abord,
Lucien l’âne mon ami, laisse-moi te dire quelques mots de ce groupe
rock qui avait choisi de nom indien de Cochise. Cochise est un groupe
de musique allemand de Dortmund qui de la fin des années 1970 à la
fin des années 1980 s’est fait un nom avec des chansons Pop et
Folksongs politiques. Il était populaire surtout sur la scène de la
« gauche alternative » des nouveaux mouvements sociaux.
Le groupe s’est nommé d’après Cochise, le chef de tribu apache
Chokonen, né sous les Espagnols, mort sous les Étazuniens. Il vécut
en Arizona de 1810 à 1872 et y mena une très longue guérilla et
conclut une paix de résignation. J’invite tous les humains et à
réfléchir à ses propos :
« Ce
sont toujours les faibles qui perdent. Longtemps nous avons été les
plus forts. Maintenant, nous sommes les plus faibles. Nous serons
battus et nous mourrons, lentement si l’on réussit à nous
enfermer dans des réserves, rapidement si l’on nous anéantit au
cours d’une bataille. Puis ce sera votre tour. Après en avoir fini
avec nous, vous vous tournerez vers d’autres peuples. Je suis
certain que vous ne cesserez jamais de vous battre contre ces peuples
qui sont sur des terres lointaines, de l’autre côté des océans
et qui parlent des langues incompréhensibles. Serez-vous plus forts
qu’eux ? Vous écraseront-ils ? Peu importe. Je ne sais
qu’une chose : vous vous battrez sans répit. Partout où il y
a des êtres vivants, la guerre est permanente. Nous autres Indiens,
nous approchons de notre fin. La vôtre viendra aussi. Un homme fort
rencontre toujours un homme plus fort que lui. »
Oh,
oui, dit Lucien l’âne. On dirait qu’il raconte par avance
l’histoire des Zétazunis et qu’il tente par avance de leur
enseigner la sagesse et je ne suis pas sûr qu’il y soit parvenu.
Et même, pour le moment, j’ai bien l’impression du contraire –
à entendre le stupide slogan : « America first ».
Voilà
donc pour Cochise, dit Marco Valdo M.I., et maintenant, je m’en vas
te dire quelques mots à propos d’Esther Jonas. Elle a vécu,
épileptique, en un temps où il ne faisait pas bon de souffrir du
haut mal. Comme tu le sais sans doute, ce haut mal est l’épilepsie,
une maladie liée au système nerveux. Mais par ignorance et
superstition, on y voyait l’empreinte du diable, on y décelait la
présence de l’ennemi de l’Ordre divin, on y trouvait je ne sais
quelle sorcellerie et en finale, on exorcisait, on torturait et on
brûlait le malade – déclaré sorcier ou sorcière. Dans le cas
d’Esther Jonas, il faut y ajouter qu’elle était sage-femme,
guérisseuse, naturopathe et avait un talent certain de conteuse.
Bref, elle fascinait, on l’écoutait. Par ailleurs, son succès
suscitait bien des jalousies et des calomnies. Et puis, un jour,
comme toujours, les « autorités », le pouvoir pour
satisfaire les superstitions en fit un bouc émissaire. On la chargea
de mille phantasmes, on l’accusa d’hérésie et on la brûla
après l’avoir pernicieusement torturée. Et c’est ce que raconte
la chanson. Il ne te reste donc, Lucien l’âne mon ami, qu’à
conclure.
Eh
bien, Marco Valdo M.I. mon ami, concluons. Mais avant, il me plaît
de rappeler notre antienne ancienne : « Dans la chasse aux
sorcières, soyons toujours du côté des sorcières. » Dès
lors, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
stupide, superstitieux, arrogant, croyant, calomnieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Là-bas
au Gnadental,
un événement s’est
produit
Qui
a bien commencé et n’a
pas bien fini.
Esther
Jonas était la
femme de Peter
Meurer,
Elle
avait un
joli corps et de solides
mains de meunière.
« Il
y avait un fleuve de vin,
Nul
besoin d’épicier en charrette,
Qui
déjà peu riches sont.
Qui
déjà peu riches
sont.
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