mercredi 1 août 2018

LA TOPOLINO AMARANTE


LA TOPOLINO AMARANTE



Version française – LA TOPOLINO AMARANTE – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne – La topolino amarantoPaolo Conte – 1975





Apparemment, c’est une chanson gaie et insouciante, qui parle d’un jeune homme qui emmène sa dernière conquête faire un tour en auto, à toute vitesse, lors d’un beau jour d’été avec le « ce ciel bleu et clair / Qu’on dirait d’émail et de verre ». Mais ce n’est pas un été quelconque : « c’est l’été 46 », la Seconde guerre mondiale est à peine finie et ces jeunes cherchent à vivre leur premier instant d’insouciance et à oublier cinq ans d’horreurs. Mais oublier n’est pas facile, les signes de la dévastation sont encore bien évidents. Le narrateur les souligne, sans jamais nommer la guerre explicitement, en deux passages.
Le premier est la phrase « un litre [d’essence] vaut un kilo de salade », apparemment une comparaison ironique, mais souvenons-nous qu’en Italie de l’après-guerre, les denrées alimentaires étaient rares et coûteuses, et l’économie était réduite au troc. En somme, pour se procurer l’essence nécessaire pour l’excursion avec sa belle, le garçon avait renoncé à un repas pour porter littéralement la laitue au pompiste.
Dans le second passage, la guerre est définie euphémiquement « l’orage » :

« Car c’est un paysage d’enfer :
L’orage finit à peine,
Six maisons sur dix sont à terre. »

Le narrateur invite sa belle à regarder le ciel pour se distraire des ruines et espérer un futur meilleur.



Aujourd’hui, l’essence est plus chère.
On est en 1946 : c’est l’été,
Un litre vaut un kilo de salade,
Mais qui y renonce ? Qui va à pied ?
L’auto : quelle commodité !

Sur ma Topolino amarante,
Viens, assieds-toi à côté de moi,
Maintenant, on s’en va.
Si je
lâche un peu la bride
On dirait une Aprilia ;
Elle n’a pas de rivale.
La blonde les dents serrées,
Se prend pour une fusée ;
Elle ébauche un sourire
La frousse
la chavire.
La Topolino amarante
Est envoûtante
En quarante-six.
Sur ma Topolino amarante,
Elle est charmante
En quarante-six.

Blonde, ne regarde pas par la fenêtre,
Car c’est un paysage d’enfer :
L’orage finit à peine,
Six maisons sur dix sont à terre.
Ouvre la capote
Et de tes beaux yeux, regarde en l’air,
Vois ce ciel bleu et clair
Qu’on dirait d’émail et de verre
Et qui nous fait la course.

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