mercredi 11 juillet 2018

La Réconciliation


La Réconciliation


Chanson française – La Réconciliation – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
67
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
III, XXVII)



L'Alouette de liberté










Dialogue Maïeutique


Voici venu, Lucien l’âne mon ami, le temps de la réconciliation. Non pas la réconciliation entre les Pays et le Roi Philippe, ni avec son duc maudit, celle-là, il ne faut pas y compter, elle ne pourra intervenir que par le départ des Espagnols. Non, non et non, donc ; il s’agit en réalité de la réconciliation entre Lamme Goedzak et Pierre le Titan, l’Hercule portant ânes et charrette sur ses épaules.

Je me disais aussi, dit l’âne Lucien. Si les couples pratiquent la réconciliation sur l’oreiller, il me paraît difficile de concevoir une réconciliation sur le bûcher.

Belle formule, Lucien l’âne mon ami. Comme sans doute, tu t’en souviens, Lamme avait provoqué en combat singulier, tel un nouvel Achille affrontant Hector, Pierre le batelier mosan et à l’issue d’une lutte épique, notre ami Lamme avait terrassé son adversaire. Cet épisode avait été particulièrement suivi par la foule massée sur le quai, qui s’attendait – à vrai dire – au résultat inverse. Il y eut une intense stupéfaction. Cependant, tu sais, je sais, Till sait, Pierre le Titan le sait, mais ni Lamme et encore moins la foule ne savent que c’est un combat truqué, digne d’un tournoi de catch télévisé. À l’issue du combat, Pierre a invité Till et Lamme à visiter sa cuisine de guerre. La canzone commence après la visite de la cuisine.

En effet, Marco Valdo M.I. mon ami, je me souviens fort bien de tout ça et je suis très désireux de connaître la suite. Poursuis donc ton récit.

La suite est assez sympathique, comme tu vas le constater, Lucien l’âne mon ami. Pierre le Titan, maître des lieux, invite ses visiteurs à quelques libations afin de sceller leur amical accord tout récent et il offre à boire sur le pont du bateau de sorte à ce que tout le public, qui avait suivi le combat, en soit témoin et dûment informé de cette réconciliation, entérinée par Bacchus, Silène et compagnie. Mais cette réunion, ce raout en apparence uniquement festif cache une conversation autrement sérieuse. Il s’agit pour ces conspirateurs de discuter des points importants qui les ont fait se rencontrer et de faire passer (de Till à Pierre) les instructions et messages du Taiseux, qui mène de haute lutte la résistance à l’occupation. Je rappelle à toute fin utile qu’il n’y avait pas à l’époque de radio qui pouvait diffuser des messages codés, ou des discours dans le genre : 

« Ici Delft, un Gueux parle aux Gueux.

Moi, Guillaume d’Orange, dit le Taiseux, j’appelle tous les hommes de bonne foi et de bonne volonté des Pays à rejoindre le mouvement de résistance à l’oppression que le roi d’Espagne fait peser sur les Pays. J’invite chacun à faire tout ce qui est possible pour aider la résistance en lui fournissant aide et assistance sous toutes les formes. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s'éteindra pas. Demain comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Delft. » 

Pour finir, Till et Lamme repartent sur leurs ânes et reprennent illico leur dialogue ambulatoire. Pour le reste, tu verras les détails dans la chanson.

Eh bien, voyons ça de plus près et reprenons notre tâche en tissant le linceul de ce vieux monde qui sent la guerre, la poudre, le désinfectant, la décomposition, toujours prêt aux affrontements et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



« Adoncques, buvons ! »,
Dit le Titan réconcilié.
Ils montent sur le pont
Et trinquent à l’amitié.

« Vin et saucissons,
L’ami Lamme, festoyons ! »
Lamme dit : « L’homme ne vit pas que de vin ;
Il faut aussi jambon, soupe et pain. »

Et Lamme repu, ils se remettent à boire.
Buvons à l’alouette, fille de liberté !
Buvons au coq hardi, sympathique guerrier !
Buvons à ma femme, douce à ma mémoire !

Le coq répond à l’alouette des Gueux.
Les armes ont des chemins mystérieux,
Cachées dans des caisses et des tonneaux,
Elles s’en vont par fleuves, rivières et canaux.

Till dit : « À Emden, la tanière des Gueux de mer,
Vous irez par la mer du Nord. »
Pierre dit : « La mer est grande, mais il y a les ports. »
« Bon voyage et vent arrière ! »

Pierre le Titan caresse sa moustache,
Prend les baudets, tous les deux
D’un coup et les remet sur le plancher des vaches.
Sur Jef et Jean repartent les deux Gueux.

« Pourquoi, dit Lamme, ce Titan m’a-t-il
Laissé le terrasser ? »
« Pourquoi ?, dit Till,
Je m’en vais te l’expliquer.

Après une telle victoire, tu es une terreur.
Tous tremblent, tous ont peur.
Lamme le taureau, Lamme le vainqueur,
Tu es notre protection, tu es notre sauveur.

C’est une erreur, mais tout le monde le croit.
Tu es comme Dieu, Lamme mon ami,
Protégé par une inepte foi
Où que tu ailles dans les pays.

Lamme, à présent, tout le monde sait qui tu es ;
De ta force, personne ne doute,
Car ton poing, tous le redoutent.
Salue, Lamme, car chacun te connaît ! »

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