jeudi 12 juillet 2018

EN VÉRITÉ : ON NE M’A RIEN FAIT


EN VÉRITÉ : ON NE M’A RIEN

FAIT

 
Version française – EN VÉRITÉ : ON NE M’A RIEN FAIT – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson autrichienneDie Wahrheit ist, man hat mir nichts getanTheodor Kramer1938

Interprétation : Topsy Küppers – 1973

Poème de Theodor Kramer (1897-1958), un des plus importants poètes autrichiens du siècle dernier.
De son recueil « Wien 1938. Die Grünen Kader Gedichte », publié en 1946, est tiré le morceau interprété par Topsy Küppers (1931-), chanteuse, actrice et militante antifasciste autrichienne, dans son album « Immer Wieder Widerstand » (1973)




Theodor Kramer fut soldat pendant la première guerre mondiale, dont il sortit vivant, mais gravement invalide. Après l’Anschluss, sa famille fut persécutée parce que juive (sa mère mourut en 1943, internée à Theresienstadt). En 1939, Theodor Kramer réussit à fuir en Angleterre, où pendant deux ans, il vécut dans un camp en tant qu’« étranger de nationalité ennemie ». Après la guerre, qui obtint la citoyenneté britannique et vécut à Guildford en tant que bibliothécaire. Gravement malade, en 1957, il revient à Vienne où il meurt l’année suivante.

Topsy Küppers, dans l’introduction à son interprétation du morceau, raconte comment le père de la psychanalyse, le Viennois et juif, Sigmund Freud, après 1933 et surtout après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en 1938, fut systématiquement persécuté et humilié par les nazis et par leurs sbires, qui le forcèrent finalement à l’exil et même à signer une fausse déclaration dans laquelle Freud remerciait la Gestapo pour la « gentillesse » avec laquelle il avait été traité… Il mourut du cancer peu après, en exil à Londres… Ses sœurs furent assassinées dans les camps d’extermination… :

« Vienne est la ville de la psychanalyse. Les nazis détestaient le « berceau de la psychanalyse », comme ils l’ont appelée. Sigmund Freud, déjà atteint par sa maladie mortelle, n’a reçu seulement l’autorisation au départ, qu’après qu’il ait donné la déclaration écrite, il ne lui est rien arrivé. Sigmund Freud a alors ajouté de sa main : « Je peux par conséquent recommander chaudement la Gestapo à tout le monde. » (Topsy Küppers)



En vérité : on ne m’a rien fait.
Je ne peux écrire dans aucun journal,
Ma mère peut encore rester à la maison.
En vérité : on ne m’a rien fait.

L’
épicier me sert du jambon
Et me remercie, quand je le paye, gentiment ;
De quoi je vis, est une énigme.
En vérité
 : on ne m’a rien fait.

Je circule en tram comme avant
Et je vais tranquille par les rues ;
Mais c’est peut-être simplement, car ils me laissent aller.
En vérité
 : on ne m’a rien fait.

Aucune voie n’est ouverte pour moi dans le pays,
Je ne peux pas par moi-même en emprunter :
Je n’ai simplement pas d’espace pour vivre.
En vérité : on ne m’a rien fait.

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