Cuisine de Guerre
Chanson
française – Cuisine
de Guerre
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 66
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVII)
Ulenspiegel le Gueux – 66
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVII)
Dialogue
Maïeutique
« Cuisine
de Guerre ? »,
Marco
Valdo M.I. mon
ami,
est-ce
là une chanson de recettes ? Qu’est-ce
donc ? Que peut être une cuisine de guerre ? Je suis
vraiment intrigué.
Et
il y a de quoi, Lucien l’âne mon ami, il y a de quoi être
intrigué et surtout, quand tu sauras ce qu’est cette cuisine de
guerre, surtout quand tu sauras que c’est un lieu et une pratique
particulière aux bateliers. Bien sûr, tu aurais pu imaginer une
cuisine de cantinière, montée sur un chariot tiré par un bœuf, un
cheval ou un âne, mais celle-ci est sur un bateau, un endroit où
est situé un petit foyer qui sert en effet de cuisine – il faut
bien que les mariniers et leurs passagers mangent, vu que le bateau
est en plus d’un moyen de transport, un lieu de vie et de
résidence. À l’heure actuelle, c’est encore le cas pour les
bateliers qui naviguent sur la Meuse et sur les fleuves et rivières.
Par ailleurs, dans le cas qui nous occupe, si c’est le lieu où
sont préparés les repas, où est cuit le pain où on chauffe l’eau
pour les lessives, etc., c’est également une forge, un endroit où
on travaille le métal et c’est cette fonction spéciale qui va lui
valoir son nom de « cuisine de guerre », vu que le
batelier Pierre y confectionne des armes à
destination de la résistance au régime espagnol.
Ah,
dit Lucien l’âne, je comprends mieux à présent ; j’avais
cru qu’il s’agissait d’une sorte de diététique destinée aux
combattants.
Cependant,
dit Marco Valdo M.I., ce n’est pas tout, car cette cuisine de
guerre, c’est aussi le résultat de ces préparations forcément
clandestines : des lames d’acier, des couteaux, des balles de
plomb, des tuyaux qui servent à faire des canons et des arquebuses,
etc., tout un arsenal que Pierre cache sous le plancher du bateau et
qui vient renforcer le lest de la quille.
Voilà
qui éclaire la cuisine dans le bateau, dit Lucien l’âne. Mais,
dis-moi Marco Valdo M.I., quel rapport y a-t-il entre Pierre le
batelier et Till ? En somme pourquoi Till a-t-il provoqué cette
rencontre aux cris de l’alouette, du coq et de l’âne avec ce
batelier parmi tant d’autres ? Je me souviens qu’il l’avait
reconnu à la sirène joyeuse qui ornait la proue de son bateau et
j’en déduis qu’il le cherchait, mais pur qeulles raison ?
En
fait, Lucien l’âne mon ami, Till devait établir le contact avec
ce batelier en vue de lui transmettre des ordres et de lui faire
connaître les détails de la mission quai lui était assignée –
en gros, rejoindre la flotte des Gueux de mer pur
lui porter du ravitaillement, des armes et se joindre à elle contre
les Espagnols. Compte tenu de ce qu’ils se trouvaient dans le
territoire contrôlé par les troupes d’Albe, il fallait que la
rencontre avec le batelier ne dévoile pas leur appartenance commune
au mouvement de liberté ; c’est ce qui explique la comédie
du combat entre Lamme et Pierre. Pour les détails de la mission, je
te les laisse découvrir dans la chanson.
C’est
ce que je vais faire, dit Lucien l’âne et ensuite, nous
reprendrons notre tâche et nous tisserons le linceul de ce vieux
monde conflictuel, belliqueux, obtus, oppresseur et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
« C’est
un homme de fer !
Vive
Lamme, le vainqueur de Pierre !
Et
en trinquant au vin pétillant
D’un
verre, il fait la paix », disent les gens.
D’où
vient, dit Till,
Cette
fumée noire et épaisse
Qui
parfume toute la ville
De
ses senteurs de graisse.
Cuisine
de guerre, dit le marinier Pierre.
Cuisine
secrète, cuisine de mystère.
Ah,
dit Till, cuisine de guerre,
Cuisine
discrète, cuisine de Pierre.
Pierre
le Titan se lève et descend à terre ;
Hi
han ! Il prend Jef à bras, l’enlève sur son dos
Et
puis Jean, Hi han !, et les mène sur le bateau.
Puis,
Hi han !, s’assied et termine son verre.
« Lamme,
allons à la cuisine », dit Pierre.
Lamme
s’inquiète : « Cuisine de guerre ? »
Cuisine
de guerre, dit Pierre
Cuisine
de liberté, cuisine de Pierre.
« Hommes
vaillants, dit Pierre,
Qui
connaissez l’alouette rieuse, le coq chantant
Et
le péan de l’âne si réjouissant,
Voici
ma cuisine de guerre.
Cuisine
d’enfer, forge cuisinière
Et
voici mes beaux légumes sous les pierres :
Arquebuses,
fers de lance, hallebardes
Balles,
boulets et poudre de bombarde.
Vive
le Gueux ! Ici, cuisent les fèves de fer à contrebander ;
Vive
le Gueux ! Ici, le ragoût de crosses est doucement mitonné ;
Vive
le Gueux ! Là, se préparent les hallebardes en salade
d’acier ;
Vive
le Gueux ! Là, se fondent les canons pour la soupe de liberté.
Vive
le Gueux ! dit Till. Maintenant, écoute !
Va
à Nimègue, puis, toujours naviguant
Par
la Wahal, la Meuse ou le Rhin,
Vers
la mer libre poursuis ton chemin.
À
la côte, pêche et commerce en attendant
Que
sonne le grand moment
De
boire frais et de guerroyer salé.
Buvons
au coq, à l’alouette, oiseaux de liberté.
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