Le Guet-apens
Chanson
française – Le Guet-apens
– Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 58
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXII)
Ulenspiegel le Gueux – 58
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXII)
Sais-tu,
Lucien
l’âne mon
ami,
ce
qu’est un guet-apens, puisque tel est le titre de la canzone ?
Et
comment que je le sais, dit Lucien l’âne en secouant ses oreilles
noires comme le basalte, c’est une embuscade, un piège, un
traquenard tendus
sur la route de quelqu’un, de quelques uns, de plusieurs, de
groupes, de troupes et même, d’armées entières ; voilà ce
que c’est un guet-apens ou alors, je me trompe du tout au tout.
Non,
non, Lucien l’âne mon ami, répond Marco Valdo M.I., tu ne te
trompes absolument pas. C’est bien ça. Ainsi, tu sais ce dont la
canzone va raconter : l’histoire d’une embûche que nos
deux amis Till et Lamme vont tendre à ces maudits (faux) prédicants
qui préparent un attentat contre le Taiseux. Mais enfin, ce que font
là Till et Lamme est un acte de guerre, mais de bonne guerre puisque
guerre il y a et qu’ils sont bien forcés de la faire.
Comment
ça, dit Lucien l’âne, ils sont bien forcés de la faire, de bonne
guerre ?
Souviens-toi,
Lucien l’âne mon ami, Till et Lamme étaient de pacifiques et
gentils garçons qui étaient venus au monde pour vivre et qui
n’avaient en tête que le goût et le plaisir de vivre et qui à
part quelques niches, ne faisaient jamais de tort à personne.
Souviens-toi, sous prétexte d’Inquisition, on a fait mourir Claes,
le père de Till, sur le bûcher après l’avoir méchamment
torturé. On a torturé Soetkin sa femme et la mère de Till et Till
lui-même. Et
des scènes similaires se sont répétées à l’infini dans tout le
pays avec en plus des massacres, des sacs, des saccages, des ravages,
d’odieuses persécutions. Et Till qui ne songeait qu’à vivre sa
vie, qu’à vivre en liberté s’est trouvé contraint à prendre
la fuite, à vivre en exil permanent et à se faire gueux parmi les
Gueux. C’est le thème de la Légende que cette marche vers la
liberté : liberté de vie, liberté de choix, liberté de
paroles, liberté de conscience, liberté de circulation, liberté
d’alimentation, liberté d’opinion, liberté de pensée. Toutes
ces libertés imposaient une lutte longue et difficile pour la
libération de l’être humain vis-à-vis des tutelles et des
dominations.
En
somme, dit Lucien l’âne, la liberté de l’individu dans un monde
sans frontières. Si j’applaudis des quatre petits sabots à cette
revendication libertaire, laisse-moi te dire qu’on est encore loin
d’y satisfaire. Il y a encore des religions, des églises, des
partis, des pouvoirs, des frontières, des armées et plein d’autres
choses aussi absurdes et aussi détestables. Cela dit,
je comprends la révolte de Till et à sa place, j’aurais fait
pareil, car comme disait le Taiseux : « Point n’est
besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour
persévérer », surtout en matière de liberté où les
obstacles et les ennemis sont impitoyables, puissants et nombreux.
J’aurais comme lui organisé ce guet-apens dont parle la canzone.
Car, ce n’est pas faire la guerre que de s’en défendre. C’est
même souvent le seul moyen de s’en débarrasser. Ainsi, dans la
Guerre
de Cent Mille Ans,
par exemple, il faut insister sur le fait que ce sont les riches et
les puissants qui font la guerre aux pauvres et aux faibles afin de
maintenir leur domination, de conserver ou d’accroître leurs
privilèges, d’augmenter leurs richesses et ainsi de suite. Que les
pauvres soient contraints de s’en défendre pour pouvoir vivre leur
vie, y compris par les armes, la rébellion et tous autres moyens,
n’est que de la légitime défense. Mais
dis-moi deux mots de la chanson dont jusqu’à présent je ne
connais que le titre.
Oh,
la canzone décrit de manière assez détaillée le guet-apens et
tellement que je te laisse le plaisir de découvrir ces détails, car
on a dit l’essentiel.
Bien,
je vais de ce pas examiner les détails et pour l’heure, reprenons
notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde traître, vénal,
dominateur, dogmatique, religieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Lamme
dit : Ces prédicants traîtres. Honte sur eux !
Ils
sont trois, nous sommes deux.
Ces
assassins veulent tuer le Taiseux.
Allons
les attendre sur le chemin. Malheur à eux !
Patience
et silence encore un moment !
À
l’écart, préparons le guet-apens.
Assis
sur le talus, je serai mendiant,
Dit
Till, je les retiendrai en parlant.
Lamme,
avec mon arquebuse, va te cacher
Là
dans le taillis entre les rochers.
Quand
comme le corbeau, je croasserai,
Il
te faudra tirer, recharger et tirer.
Quand
viennent les prédicants,
Till
tend son chapeau suppliant.
Messires,
je suis carrier, j’ai le dos cassé,
Le
patron ne veut rien me donner.
Messires,
dit Till, il fait froid,
Quand
criera le freux ,
Un
vent d’acier vous frappera,
Un
vent de Gueux, je suis Gueux !
Les
trois avancent aussitôt
Sortant
leur bragmart.
Alors,
Till sort son couteau
Et
recule dans le noir.
Till
dit : le vent de plomb va souffler,
Canailles,
votre crevaille va venir.
Till
croasse et Lamme tire.
Deux
fois, l’arquebuse a parlé.
Une
fumée bleue monte de la broussaille,
Deux
prédicants sont tombés,
Le
troisième continue la bataille
Un
dernier tir vient l’arrêter.
Tu
es blessé, mon ami doux, dit Lamme
Dis
quelque chose, Till ! Parle !
Ils
sont tous morts les prédicants.
Tu
ne mourras pas, j’essuie ton sang.
Ces
assassins ont des bedaines de florins,
Lamme
prend l’argent et jette les corps.
Ce
Vent d’acier ne soufflera pas la mort.
Et
vers Huy, les ânes reprennent leur chemin.
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