Les trois Prédicants
Chanson
française – Les trois Prédicants
– Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 57
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXII)
Ulenspiegel le Gueux – 57
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXII)
Mon
ami
Lucien
l’âne, il
te souviendra que Till et Lamme s’étaient retrouvés près de
Namur, où Lamme avait abouti toujours en quête de sa femme et
pêchait en Meuse le sandre et le gardon. Après avoir croisé une
espionne, réelle ou supposée, les deux compères s’étaient
acheté deux ânes : Jef et Jean, afin de reprendre leur
pérégrination vers Maestricht, où Till devait pénétrer afin de
porter les messages du Taiseux.
Certes,
dit Lucien l’âne. On en était là de l’histoire.
Cette
fois, reprend Marco Valdo M.I., Till et Lamme continuent à longer le
fleuve et s’arrêtent en fin de journée dans une auberge à
l’enseigne « Chez Marlaire ». Pour
ta gouverne, je signale que Marlaire est un prénom, même si à
présent, il est plus usité comme nom de famille. En fait d’auberge,
il faut se souvenir qu’il en est de toutes sortes. Ici, disons,
c’est une halte sur le bord du chemin, tenue par une seule
personne.
Sans
doute le dénommé Marlaire lui-même, dit Lucien l’âne. Je me
souviens très bien, moi qui ai parcouru tant de chemins depuis tant
de temps, je me souviens très bien à quoi peuvent ressembler ce
genre d’endroits. La plupart du temps, il s’agit d’une seule
pièce où le voyageur ou le passant peut se faire servir à boire et
à manger et se poser un peu à l’abri. Ça n’a rien de ce qu’on
appelle aujourd’hui une auberge ; ça tient plus de la gargote
ou du boui-boui. Ainsi donc, nous voici à nouveau dans une auberge
et peut-être même, y trouvera-t-on un espion ?
Exactement,
Lucien l’âne mon ami, il y a un espion et cette fois-ci, un vrai
de vrai, un agent au service du duc (d’Albe), un papiste acharné
qui va tenter de tirer les vers du nez de Till et de Lamme. Ces
derniers, malheureusement pour l’espion, ne sont pas nés de la
dernière pluie et vont aisément retourner la situation en trinquant
avec le patron. C’est ainsi qu’ils vont découvrir un complot
hispano-catholique, à l’évocateur nom de code « Vent
d’Acier », qui a comme but d’assassiner le Prince d’Orange
et qu’ils vont repérer le commando chargé de cette mission,
composé de « Trois Prédicants », de vrais catholiques
se faisant passer pour des réformés. Voilà toute l’affaire.
Ce
n’est pas rien, dit Lucien l’âne. Ce qui me stupéfie un peu,
c’est pourrait imaginer une affaire du genre actuellement.
Oh,
dit Marco Valdo M.I., tu as parfaitement raison et il circule
d’ailleurs toute une littérature à ce sujet et la presse raffole
de telles nouvelles.
Et
même, dit Lucien l’âne péremptoire, de tels complots existaient
déjà dans la plus haute Antiquité. On s’y assassinait à tours
de bras. En fait, dès qu’il y a du pouvoir, il y a des conflits
qui
s’installent et des complots qui s’élaborent. Songe seulement à
la mort de Pompée et à celle de Jules César.
Pour
le reste, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de
ce vieux monde méfiant, complotant, espionnant, mentant et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
À
l’enseigne « Chez Marlaire », un lieu convenable
Ayant
bu maint flacon,
Mangé
force poissons,
Till
et Lamme s’attardent à table.
L’hôte
est bavard comme une pie,
Bon
catholique, papiste en diable,
Maudit
les rebelles et l’hérésie,
Espion
pour sûr, mouche véritable.
Il
trinque, il questionne
Il
ruse, il demande à voir ;
Les
passes signés du duc l’impressionnent.
L’hôte
dit : Buvons au duc, notre espoir.
En
quoi prend-on le rat, le mulot ?
En
ratière, en mulotière.
Et
qui est le rat, qui est le mulot ?
Orange
l’hérétique, le prince de l’Enfer.
Trois
beaux prédicants
Réformés,
de forts soudards
Des
bonshommes vaillants
Vont
venir un peu plus tard.
Dieu
est à nos côtés ;
Trois
beaux prédicants réformés
Viennent
par la route de Huy
Pour
eux, je verse, je cuis.
Vrai
catholique et faux Gueux,
Vent
d’Acier tranchera au nom de Dieu
Le
cou du merle de Nassau ;
Il
l’empêchera de siffler encore bientôt.
Et
Till trinque et l’hôte boit.
Je
bois au roi et au duc, santé !
Je
bois aux prédicants et à Vent d’Acier !
Je
bois au vin, je bois à moi, je bois à toi !
Alors,
enfin fin soûl, l’hôte s’endort.
Et
Till dit : Lamme, filons dehors
Attendre
ces vilains oiseaux-là,
Ces
noirs corbeaux du roi.
Ils
viennent de Marche-les-Dames,
Le
long des rochers au bord de Meuse.
Tendons
un piège aux truands,
Il
nous faut occire ces prédicants.
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