jeudi 1 mars 2018

NEIGE À PÂQUES !


NEIGE À PÂQUES !



Version française – NEIGE À PÂQUES ! – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson allemande – Schnee zu OsternCochise – 1984




Dialogue maïeutique



Lors donc, Lucien l’âne mon ami, sans être vraiment à Pâques, nous avons la neige et d’ailleurs, Pâques ne devrait plus tarder. Ça dépend de la Lune, paraît-il.

Oh, dit Lucien l’âne, moi, je m’en fous. Cette histoire de Lune, c’est complètement farfelu ; pour moi qu’elle soit pleine ou vide, ça me laisse froid. Qu’elle tombe quand elle veut, ce qui m’importe vraiment, c’est que Pâques ou non, c’est de savoir quand vient le printemps et ça c’est simple, c’est le 21 mars et tous les ans, encore bien. Le printemps, c’est du solide, Pâques, c’est du nébuleux. Donc, comme Pâques dépend de la Lune après la venue du printemps, ni l’un ni l’autre conséquemment, ne devraient plus tarder exagérément, même si d’ici là, on a encore droit à un peu et pourquoi pas, beaucoup de neige. Il faut dire que comme son ami le gel, elle se faisait rare ces dernières années. Les jours s’allongent et c’est l’essentiel. Cependant, avec toutes considérations météorologiques, on s’égare et on ne sait toujours rien de la chanson.

Pas tout à fait, Lucien l’âne mon ami, car nous avons ainsi dit tout ce qu’on pouvait dire du titre. Maintenant, la chanson raconte un voyage de 4 jours qui traverse l’Allemagne (celle des années 80) et en fait un portrait en 4 tableaux, tous aussi sinistre l’un que l’autre : premier tableau :un dernier coup d’œil à un passé sur lequel il vaut mieux ne pas revenir ; un deuxième tableau : une percée rapide par autoroute d’un pays en voie de décomposition ; un troisième tableau : le passage dans une réserve qui semble être l’antichambre de la mort et un quatrième tableau final, où les voyageurs s’effondrent, asphyxiés.

Quelle terrible vision que celle-là, conclut Lucien l’âne. C’était il y a longtemps déjà ; que diraient-ils aujourd’hui ? En attendant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde irrespirable, irritable, autodestructeur et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le premier jour de ce voyage
M’a conduit dans le passé
Avec des peintures, des images
Et des visages de trépassés ;
Signes de l’oubli :
Le froid, l’orage
Et la pluie pleine d’ennui.
J’ai jeté un dernier regard
Aux vestiges d’un temps disparu
Et depuis longtemps révolu ;
Je savais que plus jamais
Je ne reviendrais !

Le deuxième jour,
C’était comme toujours,
Partout, la saleté et le ciment
Et des gaz d’échappement
Sur l’autoroute, ma nouvelle patrie.
Pas de regard en arrière
Et sur ce ruban infini foncer au travers
D’un pays à l’agonie
Qui creuse lui-même sa propre tombe
Sur des fleuves morts et des forêts mortes
Où l’odeur de décomposition du présent
Règne depuis longtemps !

Neige à Pâques !
Neige à Pâques !
Les chars traversent un village ;
Sur le bas-côté, les enfants saluent ;
Les maisons tremblent ;
Neige à Pâques !
Neige à Pâques !

Le troisième jour nous mena
Au sein de la réserve,
Un lieu où on croit
Que le monde est encore en bon état.
Nous flottions sur l’eau et vivions le rêve –
Une idylle, qui depuis longtemps n’est plus là.
Des buses tournoient entre les arbres et les cieux,
Un héron solitaire attend,
Nous respirons au rythme
Facile du temps.
L’éternité commence
À ce moment !

Le quatrième jour sur le béton
De la piste de décollage des avions,
Avec dans les mains, les pierres de l’impuissance,
Une forêt ravagée, un pays déchiré
Avec sur le mur, un avis de recherche.
Le soleil a chauffé,
Les yeux brûlés par le gaz toxique.
L’air était trop dur à respirer ;
Sur notre chemin pour rentrer
Planait un brouillard caustique,
Nous sommes tombés
Dans l’herbe, épuisés.

Neige à Pâques !
Neige à Pâques !
Le Mur, canon à eau derrière ;
Gaz lacrymogène : les enfants pleurent ;
Les arbres tremblent ;
Neige à Pâques !
Neige à Pâques !




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