Version
française – CHANSON
ITALIENNE – Marco
Valdo M.I. – 2018
Chanson
allemande – Italien-Chanson
– Joachim
Ringelnatz (Hans Gustav Bötticher) – 1926
« Qui
va là ? », je hurle. Il me répond : « Je suis
Joachim Ringelnatz, je suis Allemand, mais antifasciste ! Ne
tirez pas ! »… Je le fais passer. Nous nous embrassons.
C’est pas plus mal que chez eux tous ne sont pas des « nazis
schmazi »…
Joachim Ringelnatz était un écrivain, un carbarettiste, un poète, et il peignait aussi. Il inventa un personnage littéraire, le matelot Kuddel Daddeldu, qui était un peu son alter ego, anarchiste et anti-autoritaire. Il mourut peu après la venue du nazisme, mais dans les temps pour se voir qualifié d’artiste « dégénéré ». Beaucoup de sa production fut détruite dans les années qui suivirent sa disparition.
Cette poésie-chanson sur l’Italie fasciste est datée de 1926 et c’est un véritable instantané de ces années, celles de l’assassinat de Matteotti, de l’institution des Tribunaux spéciaux, de la nomination des podestàs à la place des maires élus, du mystérieux attentat manqué de Bologne qui servit au duce pour briser toute opposition (l’arrestation d’Antonio Gramsci date de ces jours) et toute liberté…
Dialogue
maïeutique
Lucien
l’âne mon ami, te souviens-tu de Joachim Ringelnatz ? Nous
l’avons déjà rencontré et nous en avons déjà causé ensemble.
Évidemment,
Marco Valdo M.I. mon ami. J’ai beau être un âne, je n’en suis
pas un. Je ne suis pas plus un crabe ou un kangourou et je n’ai
l’intention ni de me marier, ni de me pendre par le cou à la
façade de l’hôtel de ville, devant la porte sur la grand-place,
pour faire la nique aux fonctionnaires idiots et bornés.
e vois, Lucien l’âne mon ami, que tu es en pleine forme et que tu te souviens parfaitement de cette circonstance où nous avons devisé de Joachim Ringelnatz et de son fabuleux texte « Ein Taschenkrebs und ein Känguruh » – « Le Crabe et le Kangourou ». C’était une histoire assez dada, en apparence, mais universelle dans sa visée. Celle d’aujourd’hui a des visées plus focalisées sur l’Italie, comme d’ailleurs son titre l’indique. Pour le contexte politique italien, je te renvoie au commentaire de Bernart Bartleby, dont j’ai pris la peine de traduire l’essentiel à ton attention. Pour parler de l’Italie contemporaine, Ringelnatz use d’une ironie cinglante, tout à fait dans le ton de dérision acide qu’il emploie habituellement. C’est une chanson d’une lucidité rare ; dans la même veine, on peut se souvenir de Karl Valentin, d’Erika Mann et son Prince de Menterie, d’Erich Kästner et Poirier sur la Lorelei, de Kurt Tucholsky et son Tambour du Régiment de la Garde, de Walter Mehring et son Hop là, nous vivons !, d’Hugo Ball et sa Danse de Mort 1916, d’Elsa Laura Seemann et sa Danse Macabre en Flandre, de Bertolt Brecht et sa Légende du Soldat mort et sans aucun doute, bien d’autres encore.
Moi, dit Lucien l’âne, j’ajouterais à cette liste, ce que ta modestie t’a empêché de citer, je veux dire ton Holà, nous vivons !. Mais restons-en là et reprenons notre tâche et tissons comme tous ceux-là le linceul de ce vieux monde aseptisé, vain, triste, ennuyeux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
L’Italie
était auparavant malpropre !
L’Italie est maintenant propre,
Elle est couverte d’or et de vermeil.
Qui remercier d’une telle merveille ?
L’Italie est maintenant propre,
Elle est couverte d’or et de vermeil.
Qui remercier d’une telle merveille ?
Le
petit Mussolini qui lève son petit bras,
Bonne à tout faire, sergent-major
Qui, né tardivement, vit encore
Grâce à beaucoup de petits attentats.
Bonne à tout faire, sergent-major
Qui, né tardivement, vit encore
Grâce à beaucoup de petits attentats.
Quelques
batailles, triomphe aujourd’hui,
Chaque jour, chaque nuit
Au moins dix fois. Qui doit-elle remercier ?
Chaque jour, chaque nuit
Au moins dix fois. Qui doit-elle remercier ?
Le
petit Mussolini qui lève son petit bras,
Bonne à tout faire, sergent-major
Qui, né tardivement, vit encore
Grâce à beaucoup de petits attentats.
Bonne à tout faire, sergent-major
Qui, né tardivement, vit encore
Grâce à beaucoup de petits attentats.
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