LE CHASSEUR
Version
française – LE CHASSEUR – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson
italienne – Il
cacciatore – Joe
Fallisi – 2005
Paroles et musique de Joe Fallisi [Milan, sabato 24 settembre 2005]
Paroles et musique de Joe Fallisi [Milan, sabato 24 settembre 2005]
« Chansons
contre la guerre ». Ainsi s’appelle
notre site. Eh bien, je ne sais pas si vous avez en
tête que tous les ans, à la fin de l’été,
dans notre pays comme dans des
dizaines et dizaines d’autres, s’ouvre
une guerre légalisée (le plus souvent définie « sport »)
durant laquelle
de véritables armées de types armés jusqu’aux dents envahissent
les bois et les
campagnes pour aller tirer sur des
êtres vivants pacifiques
et sans défense. Et c’est
une guerre d’agression, véritable ; il n’est même pas rare que,
comme dans toutes les guerres, les envahisseurs se tirent dessus
« par
erreur » ; souvent, les victimes
sont des
beaux-frères. On
ne sait jamais comment,
mais les titres du type « un
chasseur tue son
beau-frère par
erreur, il l’avait
pris pour un
sanglier » sont à l’ordre du jour. Ach je sais, ces
guerriers du
dimanche, avec leurs fusils de précision… Cette chanson de Joe
Fallisi trouve donc ici sa place plus que
méritée. [RV]
Dialogue
maïeutique
Mon
ami Lucien l’âne, je peux facilement imaginer que tu ne sois pas
un ardent partisan de la chasse.
Évidemment,
Marco Valdo M.I. mon ami ; du moins, de cette sorte de chasse où
un animal bipède armé d’un fusil s’en prend à un lapin sans
arme. C’est cruel, c’est stupide, c’est ridicule et c’est
bêtement assassin. Bien sûr mon point de vue est largement dicté
par le fait que je suis moi-même un âne, même si pour ce qui me
concerne c’est en apparence ; mais en l’occurrence, c’est
l’apparence qui compte. Un âne et donc, un animal non humain et de
ce fait, il me paraît assez odieux de se livrer à pareille
occupation pour le loisir et plus encore, pour le sport. Pour le
sport ? Ce serait un sport, si le jeu se déroulait à armes
égales. Que peut-il se passer dans la tête d’un individu qui
trouve son plaisir et sa glorification dans le massacre d’êtres
vivants ? Passe encore, s’il s’agissait de chasser
sportivement des humains armés comme lui ou qu’ils s’organisent
des parties de chasse entre chasseurs, au cours desquelles ils
seraient à la fois, le gibier et les chasseurs ; ce serait un
jeu entre adultes consentants.
Ah, enchaîne Marco Valdo
M.I., si les lapins avaient des fusils, je me demande s’il y aurait
autant de chasseurs. Que peut-il bien se passer dans leur tête ?
Faut-il y voir je ne sais quel résidu d’infantilisme ? C’est
précisément la question que se pose tout être sensé. Que l’on
chasse, que l’on tue d’autres êtres vivants est un comportement
fréquent dans la nature. D’ailleurs comment et de quoi se
nourriraient une grande partie des êtres vivants ?
Cependant,
quand je vois parfois le chat ou l’enfant tuer un insecte comme par
jeu ou par expérimentation. La question que je me pose alors est de
savoir s’il a conscience de ce qu’il fait. Personnellement, je
n’aimerais pas trop être l’insecte et de façon générale, je
n’aimerais pas être le gibier.
Ce
qui est vraiment en cause, c’est ce comportement de tueur
« gratuit ». On est en droit d’attendre de l’homme un
comportement plus en conformité avec une certaine conscience du
droit à la vie des êtres déjà vivants et actifs.
Il
faut reconnaître et admettre que des êtres vivants mangent d’autres
êtres vivants et que la liste de ces carnivores est
incommensurable ; elle commence aux unicellulaires. Certes,
l’homme chasse ou pêche pour se nourrir et dans de tels usages, il
ne voit pas malice. On ne peut le nier. Mais là encore une fois, il
y a la limite de l’humanité.
Il
n’y voit pas malice, intervient Lucien l’âne ; moi non
plus, du temps où j’avais encore mon apparence d’être humain,
je n’y voyais pas malice à manger du cochon, de la vache, du
cheval, du faisan, de la poule ou du poisson, mais depuis que j’ai
été métamorphosé en âne, je vois les choses différemment. Je
t’assure, Marco Valdo M.I. mon ami, que je n’aimerais pas du tout
finir prématurément en boudin ou en saucisson.
Moi
non plus, dit Marco Valdo M.I. ; à la réflexion cependant, ce
n’est pas de finir en côtelette ou en ragoût qui m’effraie, car
une fois mort, peu m’importe par qui et comment je serai mangé. Il
est indifférent d’être transformé par des vers, des poissons,
des bactéries ou par le feu ; ce qui est gênant, c’est de
passer prématurément de l’état d’être vivant conscient à
celui de cadavre.
De
fait, c’est fort dérangeant, reprend Lucien l’âne. Par
ailleurs, j’ai cru entendre qu’il y aurait une « limite
d’humanité », qui permettrait ou même, c’est à espérer,
imposerait de réduire ces pratiques assassines. De quoi pourrait-il
s’agir ?
Ce
à quoi je pense, Lucien l’âne mon ami, est que – jusqu’à
preuve du contraire – l’humanité disposerait d’une sorte de
guide intérieur, d’une étrange boussole, qu’on appelle
généralement la conscience et qui s’est créée et s’est
développée au fil de l’évolution et devrait l’être encore.
Effectivement,
dit Lucien l’âne.
Donc,
Dit Marco Valdo M.I., cette conscience devrait, dans le cas qui nous
occupe : la chasse, devrait indiquer ce qui acceptable et ce qui
ne l’est pas. Ainsi, tuer un animal enragé qui vous attaque relève
de l’autodéfense et dès lors, est un acte acceptable ; ce
serait pareil si c’était un animal humain. Par contre, organiser
un massacre volontaire d’êtres vivants, humains compris, sans
autre raison que le sport, le loisir, le plaisir ou la haine est
proprement intolérable. Elle est là entre les deux, la « limite
d’humanité ».
Par
parenthèse, remarque l’âne Lucien, je note que la chasse ou le
massacre entre humains se pratique encore dans certains lieux, dans
certaines circonstances et à grande échelle.
Et même là, Lucien l’âne, il y aurait nécessité à faire jouer la « limite d’humanité ». En fait, hors ces massacres d’un genre organisé et assez particulier, disons dans les circonstances courantes de la vie quotidienne de nos régions, cette limite d’humanité est un peu plus imperméable. Par exemple, si on admet l’idée de tuer pour manger, on admet également une restriction en ce qui concerne les humains eux-mêmes. Il est assez mal vu de tuer des humains pour les manger et même, de simplement l’envisager. Il est rassurant de constater que cette restriction s’étend de plus en plus aux animaux, à commencer par les animaux de compagnie et les espèces biologiquement proches.
Oh, dit Lucien l'âne, il ne nous reste plus qu’à espérer que l’humanité va continuer à progresser en ce sens et à affiner cette perception d’une « limite d’humanité » ; il lui faudra renforcer et étendre son usage autant qu’il est possible. Quant à nous, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde assassin, chasseur, imbécile, sportif et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Ouvre
la porte, aurore,
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Ah
quel orgueil, ah quel plaisir,
Fusiller cette perdrix !
J’exulte, je délire,
Je faisande et je pourris.
Fusiller cette perdrix !
J’exulte, je délire,
Je faisande et je pourris.
Ouvre
la porte, aurore,
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je
n’aurais pas ce canon,
Je serais un bipède impuissant,
Mais je flingue à profusion,
Les animaux innocents.
Je serais un bipède impuissant,
Mais je flingue à profusion,
Les animaux innocents.
Ouvre
la porte, aurore,
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Avec
grand courage j’affronte
Et je combats l’éléphant ;
À plus de cent mètres, je tire
Et je le foudroie à l’instant.
Et je combats l’éléphant ;
À plus de cent mètres, je tire
Et je le foudroie à l’instant.
Ouvre
la porte, aurore,
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Ne
croyez pas leurs accusations,
Ce sont des exagérations.
Ce sont des exagérations.
J’aime,
je vénère, je protège toute
La faune, la flore, la nature ;
Seuls les lâches redoutent
Le fusil que je possède.
La faune, la flore, la nature ;
Seuls les lâches redoutent
Le fusil que je possède.
Ouvre
la porte, aurore,
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Avec
nos fusils et nos flèches,
Nos mille ruses et nos pièges,
Nous dictons notre loi
Et les bêtes sont sans voix.
Nos mille ruses et nos pièges,
Nous dictons notre loi
Et les bêtes sont sans voix.
Des
saisons, des réserves, des terrains
Plus vastes. Protester ne sert à rien,
Notre hymne en chœur, nous entonnons :
Plus vastes. Protester ne sert à rien,
Notre hymne en chœur, nous entonnons :
Ouvre
la porte, aurore,
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
Je vais chasser encore.
Ah quel délice, le sang !
J’aime le gibier saignant.
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