mercredi 6 décembre 2017

EN PRISON

EN PRISON



Version française – EN PRISON – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienne – Al carcereJoe Fallisi – 2007
Texte de Tommaso Campanella (1568-1639), philosophe, théologien, poète et moine dominicain italien.

Je suis né pour dénoncer
Trois maux extrêmes
Tyrannie - Sophisme - Hypocrisie

Tommaso Campanella


Un poème que Tommaso Campanella écrivit à l’époque de son troisième, et pas ultime, procès pour hérésie, alors qu’il se trouvait dans la prison de l’Inquisition à Rome.
La première arrestation de Campanella remonte à 1591. Beaucoup d’autres suivirent, et des détentions, et de terribles tortures, jusqu’à sa condamnation définitive, en 1599, à la prison à vie (Il échappa à la mort seule en se faisant passer pour fou). Suivent 27 ans de captivité à Naples, au début desquels, en 1602, il écrivit son œuvre la plus célèbre, « La Cité du Soleil ». En 1626, à sa libération, suivie de sa fuite en France en 1634 et sa mort quelques années après.

Comme quoi, il est quasi-inévitable que celui qui ne se contente pas des opinions communes, qui aime la vérité et la professe, risque de finir très mal, au mieux au fond d’une cellule humide, où le Pouvoir exerce sa « tyrannie secrète » sur tous ceux qui ont osé penser librement et différemment…


Dialogue maïeutique


Je suppose, Lucien l’âne mon ami, que tu as déjà entendu parler de Tommaso Campanella, de son vrai nom Giovanni Domenico Campanella, philosophe et auteur d’une utopie fameuse : « La Cité du Soleil » et sans doute aussi, de ses démêlés avec l’Église catholique.

En effet, Marco Valdo mon ami, j’ai souvenir de ce Campanella, qui si ma mémoire est fidèle, était membre de l’ordre religieux des Dominicains, promoteurs zélés et vertueux de l’Inquisition. Je l’ai souvent, quand bien évidemment, il n’était pas retenu en prison, lors de ses multiples pérégrinations en Calabre, dans les États romains et même, par la suite, en France, où il finit sa vie en exil. Pour ce dont je me souviens de ce qu’il m’a raconté durant nos cheminements, il était assez convaincu de la justesse des idées de Telesio, qu’il considérait comme son maître et si je me rappelle bien encore, ce Telesio était un philosophe assez matérialiste.


Parfaitement, Lucien l’âne mon ami, à propos de Telesio et de son influence sur Campanella, ta mémoire ne te joue pas de tour. Bernardino Telesio était un fameux philosophe et devait avoir choisi avec soin le titre de son livre le plus fameux : « De rerum natura juxta propria principia (De la nature des choses selon leurs principes propres) », qui rappelle sans aucun doute le « De rerum natura » de Lucrèce. Il assoit sa pensée sur la raison et l’expérience. En fait, c’est un naturaliste ; il étudie la nature des choses selon leurs propres principes, c’est-à-dire sans faire intervenir Dieu. On ne peut plus hérétique et quand on lit bien entre les lignes, athée. Pour tous les trois – Lucrèce, Telesio, Campanella, la nature est sa propre maîtresse, elle s’est autodéveloppée. Mais, pour bien saisir la portée de tout ceci, il convient de se rappeler que Telesio publie son œuvre majeure en 1565 (on le mettra à l’index) et Campanella, sa Cité du Soleil, écrite en prison, quarante ans plus tard.

Mais alors, Marco Valdo M.I., il faut examiner notre chanson à la lumière de tout ceci, dit Lucien l’âne.

Bien évidemment, Lucien l’âne mon ami, ce poème de Campanella, si on le lit bien, est une charge contre la religion et aussi, la dénonciation de la dictature tyrannique que l’Église fait peser sur le monde.

Ainsi va le monde, Marco Valdo mon ami, et s’il est certain que l’humanité ne pourra être elle-même que du moment où elle se sera débarrassée des dieux et des religions, et tout aussi évidemment, des religieux, cela nous impose de reprendre sans relâche notre tâche et de tisser le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, inquisitorial, dictatorial, létal et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Comme chaque chose lourde va au centre
De la circonférence, et comme encore,
En bouche du monstre qui ensuite la dévore,
La belette court craintive et allègre

Ainsi chaque amoureux de la grande science ,
Qui d’audace passe de la mare morte
À la mer vraie, dont il s’amourache,
Dans notre hospice finalement décrit les plantes.

Certains l’appellent l’antre du bavard Polyphème,
D’autres, le palais du géant Atlas, et celui-là discerne
Le labyrinthe de Crète, et celui-ci voit l’Enfer extrême

(Où ne valent ni savoir, ni pitié, ni privilège).
Moi, je peux te le dire ; je tremble, du reste,
Car c’est la roche sacrée de la tyrannie secrète.


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