samedi 2 décembre 2017

L’HOMME EN NOIR

L’HOMME EN NOIR


Version française – L’HOMME EN NOIR – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienneL'uomo neroBrunori Sas2016
Paroles et musique : Dario Brunori




Dialogue maïeutique

« L’uomo nero – l’homme noir » : quel titre, encore une fois !, dit Lucien l’âne. Je n’aurais jamais pensé que quelqu’un écrirait une chanson avec un titre aussi raciste.

Ho !, Lucien l’âne mon ami, détrompe-toi, ce n’est pas du tout une chanson raciste ; bien au contraire, comme tu vas le comprendre à l’instant. L’homme noir dont il est question n’est qualifié de noir que par l’uniforme qu’il porte, même symboliquement, même par métaphore ; autrement dit, même quand il est en caleçon ou qu’il se promène en civil. Par exemple, personne ne penserait un instant à moi comme à un homme susceptible de porter un uniforme noir. Cet usage métaphorique indique nettement qu’il s’agit d’un personnage fasciste, para-fasciste ou néo-fasciste ; bref, un homme aux conceptions d’extrême-droite et aux mœurs à l’avenant. D’ailleurs pour couper court, j’ai modifié dans la version française cette appellation et j’ai usé de l’expression « L’homme en noir », qui me paraît plus exacte et nettement moins amphibologique.

Ah, dit Lucien l’âne soulagé, j’en ai rencontré beaucoup dans ma vie et pas seulement en Italie de ces « hommes en noir ». En Espagne, par exemple, il en circule pas mal ; ce sont des gens fort nationalistes, très autoritaires et nostalgiques d’un empire perdu et d’une gloire révolue. Je les trouve peu fréquentables.

Certes, reprend Marco Valdo M.I., il y en a dans plusieurs pays qui font du bruit et du tapage ; ils remuent leurs pieds et agitent leurs bottes. Il fut un temps où ils étaient plus discrets, mais à présent, ils se montrent et reprennent du poil de la bête.

Du poil de la bête immonde, explose en riant Lucien l’âne.

Exactement, répond Marco Valdo M.I. ; ce qui explique que cette chanson italienne fort récente ne se contente pas d’évoquer ces gens-là ; elle en fait un portrait-type, une sorte d’échographie ; elle explore aussi leur psychologie. C’est en quelque sorte une étude de mœurs. Mais aussi, et c’est assez inhabituel pour que je le souligne, elle expose la dérive qui entraîne le conteur lui-même, qui malgré lui, se sent envahi par cette peste sociétale.

Il a raison, dit Lucien l’âne, si on n’y prend garde, ces idées et ces penchants pervers, dont une sinueuse propagande se fait l’écho, envahissent notre monde et tentent de subjuguer les citoyens. « Citoyen », ordinairement, veut dire « celui qui a droit de cité » ; mais aux yeux de ces « hommes en noir » et de ceux qui les suivent et les soutiennent, il ne s’agit pas de ce « citoyen » au sens légal, mais de ceux qui partagent leurs idées, ce qui est plus restrictif et fait référence à un groupe quasiment racial ou tribal, qui aurait à voir avec les « racines chrétiennes » – du moins en Italie. Ailleurs, ça peut varier considérablement, mais il est toujours question de « racines ». Maintenant, il me faut conclure et t’inviter à reprendre notre tâche et à tisser le linceul de ce vieux monde réactionnaire, enraciné, national, fasciste, de noir vêtu et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Remarquez : l’homme en noir souvent
A un faible pour les chiens,
Publie la photo de ses enfants,
Porte des habits militaires ;
Remarquez qu’il dit souvent
Nous sommes trop bons,
À être tolérants,
On passe pour des couillons.

Remarquez que ses arguments
Sont plus ou moins les suivants :
Ils volent, ils salissent, ils puent, et alors :
Huile de ricin et matraques.
Remarquez qu’il parle encore
De race pure et de race aryenne.
Mais il est moins regardant
Quand il s’agit d’une belle enfant.

Et vous, vous pensez
Que c’est du passé,
Que ce misérable et tragique cinéma
Ne se répéterait jamais.
Vous croyez au progrès
Et au sourire de Mandela,
Qu’après l’hiver, l’été viendra.
Eh bien, ce n’est pas le cas !

Remarquez l’homme en noir souvent
A un faible pour sa nation :
Chez nous, chez eux.
Toute sa vie travail-maison,
La famille, il l’aime bien,
Si elle est chrétienne ;
Il faut aimer son prochain,
S’il est de race italienne.

Remarquez : l’homme en noir
Pollue mon cerveau et mon histoire
Quand plutôt que de la laisser ouverte,
À double tour, je ferme ma porte ;
Quand dans l’autobus à Milan,
J’ai peur pour ma vie et mes parents,
Car un passager musulman
Récite le Coran.

Et vous, vous pensez
Que c’est du passé,
Que ce misérable et tragique cinéma
Ne se répéterait jamais.
Vous croyez au progrès
Et au sourire de Mandela,
Qu’après l’hiver, l’été viendra.
Eh bien, ce n’est pas le cas !

Et moi, moi qui pensais
C’est juste une ballade et au fond,
Chanter une chanson suffirait
Pour donner au monde une leçon ;
Moi qui sirote mon apéro,
Assis en terrasse au bord de l’eau,
Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Il suffit de ne pas faire d’enfants.
Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Eh bien, voyez-vous, ce n’est pas le cas !

Et moi, moi qui pensais
C’est juste une ballade et au fond,
Chanter une chanson suffirait
Pour donner au monde une leçon ;
Moi qui sirote mon apéro,
Assis en terrasse au bord de l’eau,
Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Il suffit de ne pas faire d’enfants.
Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Eh bien, voyez-vous, ce n’est pas le cas !

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