Humains !
Trop Humains !
Chanson
française – Humains ! Trop Humains ! – Marco Valdo
M.I. – 2017
LES SURVIVANTS |
Dialogue
maïeutique
Comme
tu le sais, Lucien l’âne mon ami, comme tu as l’habitude de le
voir, je m’en vais – nouveau Till en route vers Rome –
pèlerinant un pèlerinage tout au travers de ce labyrinthe des
Chansons contre la Guerre et d’Internet et de leurs infinies
extensions. Au cours d’une de mes dernières excursions
électroniques, je m’en suis retourné visiter le blog de notre ami
R.V., alias Ventu l’asocial, comme il aime à se définir lui-même.
J’y jette régulièrement un regard pour… Pourquoi exactement ?
Je ne le sais trop. Sans doute, car c’est Riccardo. Sans doute, car
ce Ventu en mâche pas ses mots, ni ses phrases et fait rare de nos
temps, a des idées claires, les yeux en face des trous et quand il
se fâche, une faconde à faire pleurer la Joconde. Mais aussi…
Mais
aussi quoi ?, Marco Valdo M.I. mon ami, j’aimerais bien le
savoir.
Mais
aussi, ce qu’on y trouve dans ce blog de R.V. et qui ne manque
certes ni d’intérêt, ni de caractère, ni de style. Oh, je sais,
le style en écriture est un concept suranné, dévalorisé, décrié
et même, carrément détesté par ceux qui n’en ont pas. Mais,
rien à faire, quand on a le bonheur de rencontrer un style, qui –
je te le rappelle – cette manière particulière d’écrire (note
qu’un style peut aussi être un style de vie… cependant, alors,
c’est du fabriqué, du trucage, du placage, du maquillage, du
tape-à-l’œil et pour tout dire, c’est un ersatz), on ne sait
trop comment cela se fait, on y reste accroché, on y est comme
retenu, attaché, scotché au texte.
Oui,
je sais tout cela, Marco Valdo M.I. mon ami. Je dirais même que
c’est un phénomène étrange que de voir des petits signes
inanimés, alignés en rangs aussi disparates, tirer tellement
l’attention à eux.
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, si on en reste à l’effet
d’attirance, phénomène affinitaire, on passe à côté de
l’essentiel de ce qui fait le texte, matière impalpable et
pourtant, si prégnante, car…
Car ?
Car quoi ? Car quoi exactement ?, demande l’âne Lucien
en roulant des yeux comme s’ils suivaient à la trace la périphérie
des anneaux de Saturne.
Car
quoi ? Tu me demandes quoi exactement ? Eh bien, Lucien
l’âne mon ami, car ce qui est là sur le papier (idéalement !)
ou sur l’écran contemporain, ce ne sont pas seulement les signes,
c’est une pensée vivante, un organisme respirant, une voix
complexe et un assemblage kaléidoscopique – et tu sais mon pendant
immodéré pour ce procédé du kaléidoscope, dont je suis persuadé
qu’il est la meilleure représentation possible de la pensée en
train de se faire, processus qui me fascine. Donc, le kaléidoscope
est ce procédé qui stimule la machine organique qu’est le
cerveau, à qui il revient et à lui seul, tel un soliste de
l’archet, d’interpréter ces petits riens bizarrement ordonnés :
le déchiffrement, d’abord ; et puis, l’art de leur redonner
un corps et un sens, fût-il multiple comme la splendeur :
« prendre
et capter cet infini en un cerveau,
pour lui donner ainsi sa plus haute existencedans l' infini nouveau
des
consciences. »
J’arrête
là.
Bonne
idée, car je me demandais où tu allais ainsi sur les pas de
Verhaeren et je me demande encore où tu m’emmènes, où tu
m’entraînes, tel un petit oiseau multicolore et distrait.
Ça
tombe bien, je m’apprêtais à te l’expliquer, Lucien l’âne
mon mai. Donc, je lisais un texte de R.V. qu’il avait intitulé
« Il genere umano – LE GENRE HUMAIN », dont je te
joindrai la version complète ci-après et la version française que
j’en ai tirée, et un bref article de presse italienne relatant
l’affaire, qui a mis notre bon Ventu en colère. Tout cela servira
d’introduction à une chanson (celle-ci) que je me prépare à
écrire. Je dis : « Je me prépare », car là
maintenant, je n’en ai pas encore en tête le premier mot. Je n’en
connais même pas le titre…
Quelle
idée ?, Marco Valdo M.I. mon ami. À quelle expérience
curieuse vas-tu me faire assister ? Je me demande vraiment ce
qui va pouvoir en sortir.
Moi
aussi, Lucien l’âne mon ami, et tu comprendras que cette fois, je
ne puis rien, strictement rien te dire de cette chanson encore à
concevoir.
Peu
importe finalement puisqu’on aura au moins devant les yeux le texte
de R.V., « Il genere umano » et sa version française.
« Avec
des cœurs de flamme et des lèvres de miel,
Ils
disaient simplement le verbe essentiel »
Toutefois,
il nous faut reprendre notre tâche et tisser, tisser le linceul de
ce vieux monde humain, trop humain, brutal, trop brutal, brute,
brute, trop brute, barbare, trop barbare, imbécile, trop imbécile,
xénophobe, trop xénophobe et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Mercredi
10 mai 2017
Publié
par Riccardo Venturi
Vous
vous étonnez ? Vous êtes abasourdis ? N’êtes-vous pas
convaincus ? Moi non. Pas du tout. C’est tout à fait normal ;
logique, même.
Tout
à fait normal et logique, car je l’ai entendu de mes oreilles,
apertis verbis, et même pas une seule fois. Et pas seulement dans
les quartiers où il y a les Tziganes.
Ainsi,
comme s’ils parlaient du temps qui fait ou d’un match de foot.
Des personnes très normales. La maman avec la poussette. Le retraité
et le jeune. Il faut les brûler tous, même les enfants. Surtout les
enfants qui ensuite grandissent. Surtout les enfants qui volent eux
aussi.
Je
suspecte fort que des propositions du genre vous les avez entendues
vous aussi, vous aussi. Et j’ai même l’impression qu’un ou
l’autre d’entre vous ne les a pas seulement entendues, mais les a
même émises.
Le
président de la république a déclaré qu’il s’agit d’un fait
« en dehors du genre humain ». Erreur absolue. Il s’agit
d’une chose pleinement au dedans du genre humain, et seulement de
celui-ci. Je n’ai pas connaissance de tapirs qui aient pris un
cocktail molotov et l’aient lancé dans un camping-car de lémures.
Ni même de fouines qui aient mis le feu à un poulailler. J’en
arrive à reconsidérer les moustiques.
Le
genre humain, par contre, sous peu s’époumonera sur les réseaux
sociaux. Certain pour stigmatiser, certain pour justifier. D’aucun
pour s’indigner, d’aucun pour exulter comme au stade. L’un pour
s’opposer, l’autre pour s’impliquer. Celui-là anonyme et
celui-ci avec nom et prénom.
Le
genre humain peut très bien concevoir la haine. La haine se dévoile
même ainsi. En prenant une bouteille incendiaire et en mettant le
feu au camping-car des Tziganes. Il y a les enfants dedans ?
Patience, si ça tombe, ils brûlent mieux.
Et
non seulement, ils brûlent mieux. Ils servent mieux. Les enfants
sont à usage multiple. Ils servent aux horreurs médiatiques et
servent aux carrières politiques. Ils servent aux modérés et
servent aux extrémistes. Ils servent aux guerres et servent aux
paix. Ils servent au photographe et servent la maman avec la
poussette. Ils servent au peuple et servent au pouvoir. D’un
enfant, véritablement, on ne jette rien.
Ensuite,
c’est clair, il y a enfant et enfant. En principe, ils se divisent
en deux catégories : ceux qui quand ils meurent mal font les
photos avec leurs poupées abandonnées, et ceux qui quand ils
meurent mal sont seulement des misères diversement acclimatées (le
camping-car de Rome, le quartier syrien, le fond de la mer).
Si
j’étais un enfant, je commencerais à m’inquiéter sérieusement
et à chercher à faire un peu cause commune. Mais s’il vous plaît.
Il ne faut pas le dire. Il y a tant de ces bons enfants, d’écolière
set d’écoliers, qui donneraient obéissants et sans moufter un
coup de main à leur maman et à leur papa pour incendier le
camping-car des Tziganes.
Et
alors, comme on voit, tout est très normal et très logique, comme
on disait au début. Et très humain. Un signe de parfaite humanité.
Qui que ce fut, il a éliminé trois potentiels voleurs de nos très
précieux objets. Il a éliminé deux morveuses tziganes et une
jeunette de vingt ans, déjà sûrement voleuse déclarée ainsi que
les enfants de merde d’autres voleurs et mendiants. Il a porté son
aide au maintien du décorum urbain. Il a agi contre la dégradation
et pour la sécurité. Le genre humain, justement.
Treize
personnes dans un camping-car : mais comment se peut-il ?
Et ne pouvaient-ils pas « aller travailler » ? Et
une maison ? Halte ! Les maisons se donnent d’abord aux
Italiens. Genre les parents de Gianfranco Fini ou le ministre
Scajola, à son insu. Et ensuite les tziganes ne sont-ils pas
« nomades » ? Et vivent dans les roulottes. Et puis,
comme le savent aussi les enfants, leurs roulottes sont tirées par
des Mercedes (volées, naturellement). « Ils ont tous de ces
grosses bagnoles dont je rêve… » (dit le père de famille
qui s’est endetté jusqu’au cou pour acheter un SUV à cinquante
mille euros).
Entretemps,
l’imagination s’élance. S’imaginer, que sais-je, que les
enfants tziganes du camping-car de Rome rencontrent ailleurs, dans le
néant, les deux enfants liquidés à coups de marteau par leur papa
ex-carabinier de Trente, celui propriétaire de l’appartement à un
million d’euros.
S’imaginer
tout bonnement les enfants juifs exterminés dans les camps de
concentration qui rencontrent les enfants tziganes exterminés dans
les camps de concentration.
Il
suffit d’un peu d’imagination, cependant. Si non, ensuite,
quelqu’un m’accusera d’être un « boniste ». Loin
de moi, l’idée. Une fois je me disais « rêveur »,
maintenant finalement, je suis devenu réaliste. À la bonne heure,
réaliste à cinquante-quatre ans.
Le
réalisme le plus rigoureux m’impose de dire que c’est ainsi et
qu’autrement maintenant, ce ne peut être. Dévoilons ainsi le nazi
qui est en chacun de nous, et tout sera plus clair, moins hypocrite.
Soyons les nazis noirs, les nazis modérés, « moi, je ne suis
pas nazi, mais », les nazis rouges, les nazis anarchistes, les
nazis de la porte à côté, les nazis à tache de léopard, les
nazis gais, les nazis tristes, les nazis à Pontida, les nazis Posse,
les nazis par légitime défense, les nazis intelligents, les nazis
idiots, les nazis adultes et les nazis enfants.
Xenoradio
Dans
un camping-car, vivait un couple
et leurs 11 enfants. Ils étaient Roms, autrement
dit, des Tziganes
[[7525]].
Le véhicule, garé sur le parking d’un supermarché, fut
« incendié » de nuit vers 3 heures du matin. On enquête
sur l’origine de cet
incendie
volontaire.
à
Centocelle (Rome)
Deux
fillettes et une jeune fille roms mortes dans un incendie.
Des
milliers de « twites », messages enflammés, tristesse et
violence embarrassante sur les réseaux sociaux. « Les Tziganes
ne sont sympathiques à personne », twite Serena, « Dieu
m’épargne de connaître des gens qui commettent et justifient
certains actes ». « Aux bonistes, je dis qu’il ne peut
être permis à personne de vivre à 11 dans un camping-car »,
écrit Luca, tandis qu’un autre dépasse l’imaginable :
« Excusez, mais c’étaient des Roms. Ils l’ont cherché »,
« les parents sont sortis
les premiers, les
enfants, ils ont tant d’enfants » et encore, « vive le
feu dans ces cas !!» et aussi un désolant : « Bof,
tant d’histoire
pour trois voleuses à la tire en moins… » :
deux gamines et un jeune fille. Trois noms pour retrouver la raison :
« Angelica, 4 ans, sa petite sœur Francesca et Élisabeth,
morte à 20 ans. Nous avons tous perdu. », twite Roberto avec
une pointe d’amertume.
Destin de migrants,
Fatalité des Gitans,
Les Tziganes ont brûlé.
Logique et normalité,
Les bons usages
Mènent au carnage.
Simple xénophobie :
Ici, on incendie
Les itinérants et les mendiants.
Les
murmures des bonnes gens
Courent,
courent, courent.
Comme
s’ils parlaient du temps,
D’un
match, de l’étape du jour,
Le
vieux, le jeune et la maman
Disent,
disent, disent,
Sans
détour et sans gant,
Incendions-les
tous, même les enfants.
Humains,
trop humains !
Faudrait
se lever bien tôt
Pour
trouver un animal qui aussi bien
Qu’Amaury,
abbé de Citeaux,
Légat
du pape romain,
Avec
autant de haine pousse
Ces
paroles de bon chrétien :
« Tuez-les
tous !
Dieu
reconnaîtra les siens. »
Quand
les enfants roms
incendiés
Rencontreront
Les
enfants juifs brûlés
De
leurs incendiaires, ils diront :
Ils
ont des pieds, ils ont des mains,
Ils
nous ont liquidés ainsi
Ces
braves gens nazis,
Car
ils sont humains,
Humains,
trop humains !
Destin
de migrants,
Fatalité
des Gitans,
Les
Tziganes ont brûlé.
Logique
et normalité,
Les
bons usages
Mènent
au carnage.
Simple
xénophobie :
Ici,
on incendie
Tous
les errants, même les enfants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire