LES
ENNEMIS SONT ENTRÉS
DANS
LA VILLE
Version
française – LES ENNEMIS SONT ENTRÉS DANS LA VILLE – Marco Valdo
M.I. – 2017
d’après
la
version italienne – I NEMICI ENTRARONO IN CITTA'
– Riccardo Venturi – 2017
Musique :
Giannis Markopoulos
La
chanson « Μπήκαν στην πόλη οι οχτροί »
fut écrite par Giorgios Skourtis en 1970, en pleine dictature, et
mise en musique par un des plus importants musiciens grecs
contemporains,. Elle fut interprétée par le Crétois Nikos
Xylouris, qui trois ans après, ira la chanter parmi les étudiants
du Polytechnique en révolte et en attente d’être massacrés. La
chanson, en général, décrit bien ce qui arrive lorsque « les
ennemis entrent en ville » : arrestations, meurtres, des
déportations, pendant que la « majorité » rit,
plaisante, il regarde les filles et crie hourra parce que l'« ordre »
et la « sécurité » sont revenus.
Monologue
de Lucien l’âne
Mon
ami Marco Valdo M.I., qui a écrit la version française, dit Lucien
l’âne, est pour le moment très pris par d’autres activités ;
je parlerai donc pour lui afin de vous proposer une réflexion, si
tant est qu’un âne comme moi puisse réfléchir et que vous aurez
la patience de m’écouter. Voici de quoi il s’agit :
J’aimerais souligner la parenté de cette chanson grecque de 1970
avec cette chanson allemande attribuée généralement à Bertolt
Brecht et qui sans doute, trouve plus exactement son origine dans le
texte de Martin Niemöller, pasteur de son état : Als
die Nazis die Kommunisten holten (1945
ou antérieure),
même
si je garde l’impression que la source de ce poème de Niemöller
est bien antérieure et devrait se trouver dans les récits d’origine
religieuse, liés aux persécutions, qui font partie du fonds de la
prédication, particulièrement dans les églises protestantes. À
tout le moins, ça y ressemble beaucoup. Cette parenté tient à deux
choses : le caractère progressif de l’histoire ici d’un
quatrain à l’autre et cette dénonciation de la lâcheté, de
l’indifférence d’un « nous », qui s’accommode
finalement de tout régime en ignorant totalement le sort des
persécutés ; un « nous » volontairement aveugle,
sourd et muet, e « nous » pleutre, qui est très
exactement le contraire de cet autre « nous » de la
Résistance.
Par
ailleurs, cette chanson me rappelle aussi Les
loups sont entrés dans Paris (1964),
où on trouve cette même progressivité de l’histoire et au fond,
les mêmes « loups ».
Ainsi
Parlait Lucien Lane.
Les ennemis ont forcé les portes
Et nous, dans nos quartiers, on riait ;
Oui, le premier jour, on riait.
Les ennemis ont emmené nos frères,
Et nous, avec les filles, on parlait.
Oui, le jour d’après.
Les ennemis sont entrés dans la ville,
Les ennemis ont mis le feu en ville
Et nous, dans la nuit, on criait,
Oui, au troisième jour, on criait.
Les ennemis sont entrés dans la ville,
Les ennemis marchaient l’épée à la main
Et nous, on riait débiles.
C’était le lendemain.
Les ennemis sont entrés dans la ville
Les ennemis se mirent en civil
Et nous, encore toujours, on riait
Oui, le cinquième jour, on riait.
Les ennemis sont entrés dans la ville
Les ennemis ont pris le tribunal et l’hôtel de ville
Et nous, on criait « Vivat ! » et « Hourra ! »
Et nous, on criait « Vivat ! » et « Hourra ! »
Et
depuis, chaque jour, Hourra !
Et
depuis, chaque jour, Vivat !
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