FINI LA GUERRE
Version
française – FINI LA GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2017
Si tu veux des soldats, t’as qu’à les faire en bois ! |
C’est
l’occasion de rappeler que durant la guerre de 1915-18, les
étudiants se proclamèrent interventionnistes.
Dialogue
maïeutique
Lucien
l’âne mon ami, voici une canzone dont le titre ne demande pas
vraiment d’explication et je pense que tu ne m’en demanderas pas.
Ce qui nous
permettra de commencer
notre dialogue maïeutique par une interrogation étonnée à propos
du commentaire lapidaire du commentateur italien à mon sens trop
général qui désigne les « étudiants » comme
« interventionnistes » durant la guerre de 1915-18.
D’abord, il convient de préciser ici que s’il s’agit
d’étudiants, ce sont les étudiants italiens dont il est question.
En
effet, Marco Valdo M.I. mon ami, ça paraît surprenant vu de
maintenant – un siècle plus
tard et après les grands mouvements étudiants contre la guerre au
Vietnam et qui ont marqué l’année 1968, tous les mouvements
pacifistes des années 50-60 et ceux contre la bombe atomique ;
sans doute, les étudiants n’étaient-ils
pas seuls à mener ces protestations, mais il y en avait beaucoup.
Dès
lors, Lucien l’âne mon ami, quand on lit un tel commentaire, on
est étonné, pour ne pas dire incrédule. Et pourtant ? Et
pourtant, c’est exact, mais partiellement seulement. Il serait plus
exact de noter : « une partie des étudiants », tout
comme ce fut le cas pour le reste de la population. Pour ce qui est
des étudiants de l’époque, je peux au moins citer un
étudiant turinois qui ne l’était pas : Carlo Levi (né en
1902 – antifasciste militant de la première heure). Cet
étudiant-là était le neveu, par sa mère, du militant socialiste
Claudio Treves,
nettement anti-interventionniste et
ce jeune homme était, comme
on dit plus couramment en italien, de matrice libertaire et
dans la lutte contre le fascisme rejoindra
le mouvement Giustizia e Libertà, dit libéral-socialiste et dont la
visée était profondément révolutionnaire.
Cela dit, e fut certainement le cas
de la majorité des étudiants et dans les deux camps. L’exaltation
patriotique est un virus qui infecte la
jeunesse dès lors qu’il existe des frontières, des nations et des
engouements massifs.
Au-delà
de cette remarque, parlons de cette chanson, qui est composée d’une
filastrocca toscane, qui lui sert de support et vise à favoriser la
mémorisation. Comme tu le sais sans doute, la filastrocca est cette
sorte de comptine, de ritournelle qui est généralement composée de
propositions qui s’enchaînent par une logique interne, sans trop
se soucier de coller à une réalité. On en connaît beaucoup
(Filastrocca
burlona, Filastrocca
del Natale, Filastrocca
del precario, Filastrocca
delle parole, Filastrocca
di Jacob detto il ladro, Filastrocca
quanto costa , Filastrocca
vietnamita et Di
filastrocche e fucili) qui
sont très appréciées des enfants qui les utilisent jusque dans
leurs jeux. Quant à celle-ci je ne sais de quand elle date, ni de
quelle guerre, elle relate un épisode. Car il y a une contradiction
entre elle et le cœur de la chanson qui concerne la guerre de
1915-18, durant laquelle il n’y avait pas de raison d’aller « en
France… pour tuer le capitaine ». Par
contre, elle est certainement pacifiste et s’adresse en direct au
roi d’Italie, Victor Emmanuel. Pour les détails, voir la chanson.
Sauf peut-être pour un bout de phrase : « Victor
Emmanuel, roi
d’Italia :
Combien
d’hommes,
chaque jour tu abats ? » qui
anticipe assez bien le slogan des étudiants et manifestants
étazuniens lors de la guerre du Vietnam, qui manifestaient en
interpellant le président Lyndon
Baines
Johnson, qui avait pris la suite de J.F. K. (John
Fitzgerald Kennedy),
d’une façon presque similaire : « Hey ! LBJ !
How many kids do you kill today ? » – Hey! LBJ combien
de gars as-tu tués aujourd’hui ? ».
Eh
bien, Marco Valdo M.I. mon ami,
puisque dans la filastrocca, il est
question d’un âne, tu penses bien qu’il ne pourrait s’agir de
moi qui
ai vu des meuniers pendus et bien des fois, quand des mauvaises
conditions (sécheresse, orages…) tarissaient les récoltes ou
quand les troupes vagabondes ou d’envahisseurs s’en prenaient aux
paysans, c’est-à-dire littéralement,
aux gens du pays. Pour le reste, reprenons notre tâche et avec la
patience du moulin poussé par l’âne ou le vent ou l’eau,
tissons le linceul de ce vieux monde
belliqueux, absurde, aride, avide et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Trotte,
trotte, petit poulain !
Mène l'âne au moulin !
Le moulin est foutu
Et le meunier s’est pendu,
Il s’est pendu au râtelier,
Sa femme prépare le dîner,
Elle le fait pour donner à manger
À Piccirillo qui part en France,
Avec sa hache, avec sa lance
Et son petit couteau dans sa gaine
Pour tuer le capitaine.
Le capitaine tombe à terre
Et ainsi finit la guerre.
Mène l'âne au moulin !
Le moulin est foutu
Et le meunier s’est pendu,
Il s’est pendu au râtelier,
Sa femme prépare le dîner,
Elle le fait pour donner à manger
À Piccirillo qui part en France,
Avec sa hache, avec sa lance
Et son petit couteau dans sa gaine
Pour tuer le capitaine.
Le capitaine tombe à terre
Et ainsi finit la guerre.
Je
maudis ceux qui veulent la guerre,
Les premiers étaient universitaires.
Combien de jeunes gens sous la terre ?
Combien de jeune sang pour des frontières ?
Victor Emmanuel, roi d’Italia :
Combien d’hommes, chaque jour tu abats ?
Si tu veux des soldats, t’as qu’à les faire en bois !
Mais les miens, laisse-les-moi.
Victor Emmanuel, que fais-tu ?
La meilleure jeunesse, tu la veux toute entière ?
La meilleure jeunesse, tu la veux toute entière ?
Et mon bel amour, quand me le rendras-tu ?
Les premiers étaient universitaires.
Combien de jeunes gens sous la terre ?
Combien de jeune sang pour des frontières ?
Victor Emmanuel, roi d’Italia :
Combien d’hommes, chaque jour tu abats ?
Si tu veux des soldats, t’as qu’à les faire en bois !
Mais les miens, laisse-les-moi.
Victor Emmanuel, que fais-tu ?
La meilleure jeunesse, tu la veux toute entière ?
La meilleure jeunesse, tu la veux toute entière ?
Et mon bel amour, quand me le rendras-tu ?
Trotte,
trotte, petit poulain
Mène l'âne au moulin
Le moulin est foutu
Et le meunier s’est pendu
Il s’est pendu au râtelier
Sa femme prépare le dîner
Elle le fait pour donner
À Piccirillo qui va en France
avec sa hache et avec sa lance
avec un petit couteau dans sa gaine
Pour tuer le capitaine
Le capitaine tombe à terre
et ainsi finit la guerre.
Mène l'âne au moulin
Le moulin est foutu
Et le meunier s’est pendu
Il s’est pendu au râtelier
Sa femme prépare le dîner
Elle le fait pour donner
À Piccirillo qui va en France
avec sa hache et avec sa lance
avec un petit couteau dans sa gaine
Pour tuer le capitaine
Le capitaine tombe à terre
et ainsi finit la guerre.
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