EXPLOSIONS
NUCLÉAIRES
À
LOS ALAMOS
Version
française – EXPLOSIONS NUCLÉAIRES À LOS ALAMOS – Marco Valdo
M.I. – 2017
Chanson
italienne – Esplosioni
nucleari a Los Alamos – Marco
Ongaro – 2004
Comme
d’habitude, Lucien l’âne mon ami, je sais que tu vas me poser la
question rituelle à propos de l’étrangeté de ce titre incongru.
Et tu auras raison. Comme d’habitude aussi, je vais commencer par
te dire que ma traduction ou plus exactement, ma version française
de la canzone n’est pas tout à fait conforme à l’originale
italienne. Et comment le pourrait-elle ? C’est une absurdité
d’imaginer qu’elle pourrait l’être. Il y a mille raisons à ça
et la principale, c’est que pour refléter exactement un texte, il
n’y a pas d’autre voie que de le recopier tel quel. À partir de
là, comme d’habitude, je rappellerai la raison essentielle pour
laquelle je me bricole des versions françaises de textes conçus en
d’autres langues et là, c’est tout aussi évident, c’est parce
que je ne les comprends pas et je ne les comprends pas, car je ne
connais pas – disons suffisamment – les langues dans lesquelles
ils ont été écrits. D’aucuns imaginent ingénument que je
connais d’autres langues que le français. Ils se trompent.
Comme
je te comprends, Marco Valdo M.I. mon ami. C’est l’évidence-même
quand on prend la peine d’y réfléchir : il faut toujours se
traduire un texte, même quand il est dans la langue qu’on connaît.
Sinon, comment expliquer les exégèses ? Souvent même, les
gens demandent qu’on leur traduise ou qu’on leur paraphrase des
textes dans leur propre langue. C’est vrai pour des phrases aussi
simples que : le chat est sur la table ou le canapé est au
milieu du salon, pour lesquelles il faut d’historiques
explications. Car, comme l’on sait, ces phrases-là disent autre
chose que ce qu’elles ont l’air de dire.
Ainsi,
la carte n’est pas le territoire est le fondement de la sémantique
générale, laquelle comme son nom l’indique s’applique à tout
et donc aussi à la chanson. J’en tiens pour preuves parmi bien
d’autres « Le temps des cerises », « I pompieri
di Viggiù » ou « Tout va très bien, Madame la
Marquise ». Cela dit, en effet, je voudrais bien que tu
éclaircisses un peu ma lanterne, car ce titre me paraît fort
mystérieux.
Dans
les faits et au premier degré, « Explosions nucléaires à Los
Alamos », c’est clair, c’est limpide. Si l’on s’en
tient là, Lucien l’âne mon ami, il suffit de dire que la seule
chose mystérieuse est « Los Alamos » et que Los Alamos
est un nom charmant qui désigne tout simplement « Les
Peupliers », ce qui n’explique pas la présence de ce
toponyme dans le titre de cette chanson. En fait, Los Alamos est une
petite ville des États-Unis, située au Nouveau Mexique, pas trop
loin de Santa Fé et c’est sur son territoire sur le site d’une
ancienne école de rancheurs (en français de Camargue : des
gardians) – en fait, une ancienne école agricole – que fut
établi au cours de la dernière Guerre Mondiale, dans le courant
1943, le centre de recherches nucléaires, chargé de mettre au point
la bombe atomique. Mais il y a un mystère complémentaire, à savoir
que ce lieu ultra-secret à l’époque n’est en réalité pas
celui où eut lieu la première explosion ; il n’y en eut même
jamais à Los Alamos. La première explosion de la première bombe, curieusement dénommée Gadget,
effectivement conçue à Los Alamos, eut lieu à l'extrémité nord
du champ de tir d’Alamogordo dans la vallée de Jornada del Muerto
dans le comté de Soccoro au Nouveau-Mexique, à plus de 350
kilomètres de Los Alamos.
Cependant,
je te dois quand même une autre explication. Je passe les allusions
aux vedettes du cinéma hollywoodien et à l’American Way of Life
de cette famille de campeurs du Wyoming et j’en viens à ce que je
veux expliciter un brin : le chapeau d’Oppenheimer. Robert
Oppenheimer est un physicien étazunien qui à ce moment dirige le
projet Manhattan dont le but explicite est la réalisation dans les
délais les plus brefs de bombes atomiques, considérées comme
l’arme suprême, capable de mettre hors combat les adversaires des
Alliés. En l’occurrence, l’Allemagne et le Japon.
Quant
à son chapeau, c’est une façon de désigner l’explosion
elle-même qui après quelques instants, prit la forme d’un
chapeau.
Et
ce que raconte la chanson se présente un peu comme un film à la
fois précis et vague, une sorte de rêve américain – American
dream – assez cauchemardeux dans lequel traîne une terrible
pestilence, celle d’Hiroshima, ville japonaise frappée par la
première bombe militaire, une odeur nauséeuse qui se répandit au
monde entier dans les temps qui suivirent l’explosion du 6 août
1945. Cette sensation est toujours là au cœur de la Terre à hanter
l’humanité entière.
Alors,
Marco Valdo M.I. mon ami, maintenant que tout ça est éclairci, il
ne nous reste qu’à reprendre notre tâche et à tisser le linceul
de ce vieux monde explosif, nucléaire, pestilentiel, dément,
légèrement suicidaire et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
John
Ford passa
Avec toute son équipe ;
John Wayne passa
Jetant la vie et le whisky par chaque pore ;
Clark Gable passa ;
Marilyn Monroe passa
Et d’autres fantômes qui
Qui consumaient des Malboros en tas ;
L'air était chaud en ce matin
Pétillant et cristallin.
Mais qui aurait dit comme ça
Que c’était l’air d’Hiroshima ?
Avec toute son équipe ;
John Wayne passa
Jetant la vie et le whisky par chaque pore ;
Clark Gable passa ;
Marilyn Monroe passa
Et d’autres fantômes qui
Qui consumaient des Malboros en tas ;
L'air était chaud en ce matin
Pétillant et cristallin.
Mais qui aurait dit comme ça
Que c’était l’air d’Hiroshima ?
Une
blonde passa
Dans une Impala
Avec son nouvel amant
À la recherche d'un motel bon marché.
Une famille : les parents, les enfants,
Des touristes du Wyoming
Qui partaient en camping :
Dans une Impala
Avec son nouvel amant
À la recherche d'un motel bon marché.
Une famille : les parents, les enfants,
Des touristes du Wyoming
Qui partaient en camping :
Le
fils avait son air échevelé,
La fille avait un nœud dans les cheveux.
Il y avait un ciel bleu
Comme on n’en avait jamais vu là.
Mais qui aurait dit comme ça,
Que c’était le ciel d’Hiroshima ?
La fille avait un nœud dans les cheveux.
Il y avait un ciel bleu
Comme on n’en avait jamais vu là.
Mais qui aurait dit comme ça,
Que c’était le ciel d’Hiroshima ?
Le
chapeau d'Oppenheimer
Poussait comme un champignon
Là-bas tout au fond
De l'ennui du désert.
Fermi était déjà mort
Et le temps long encore
Avant qu’on accable tout haut
Ce monde bourreau.
Poussait comme un champignon
Là-bas tout au fond
De l'ennui du désert.
Fermi était déjà mort
Et le temps long encore
Avant qu’on accable tout haut
Ce monde bourreau.
John
Wayne se leva,
John Ford broncha,
Marilyn Monroe, le sourire joyeux,
Cacha son visage dans ses cheveux.
Ainsi, on ne sait pas plus qu’elle
Ce que veut dire
Vivre et mourir.
Avec ce frisson de cellules rebelles
De celui qui dans la nuit, va
À la cuisine à pas discrets
Se chauffer un peu de lait,
De ce lait au goût d’Hiroshima
John Ford broncha,
Marilyn Monroe, le sourire joyeux,
Cacha son visage dans ses cheveux.
Ainsi, on ne sait pas plus qu’elle
Ce que veut dire
Vivre et mourir.
Avec ce frisson de cellules rebelles
De celui qui dans la nuit, va
À la cuisine à pas discrets
Se chauffer un peu de lait,
De ce lait au goût d’Hiroshima
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