jeudi 2 juin 2016

LA MARCHE VERS LE TROISIÈME REICH


LA MARCHE VERS LE TROISIÈME REICH

Version française – LA MARCHE VERS LE TROISIÈME REICH – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson allemande – Der Marsch ins Dritte Reich – Bertolt Brecht – 1933





Voici, Lucien l’âne mon ami, une chanson de Bertolt Brecht, ce poète et dramaturge allemand dont nous avions déjà mis en langue française et commenté ensemble la « Légende du Soldat mort », datée de 1918.

Certainement, Marco Valdo M.I. mon ami, que je me souviens de ce soldat mort et qui ne s’en souviendrait pas qui l’aurait vu une seule fois dans sa vie. Comment ne pas se souvenir d’une pareille histoire où l’on voit un cadavre se relever de parmi les morts.

À ce sujet, Lucien l’âne mon ami, une histoire venue de l’autre côté du front, il y a une anecdote que me racontait ma grand-mère, une Champenoise qui fut infirmière du côté de Verdun dans ces années-là, au temps des gueules cassées. Elle disait que les Français, attaqués par surprise dans leurs tranchées et presque bousculés par l’offensive ennemie lancèrent ce cri de ralliement : Debout les morts et concluait ma grand-mère : et les morts se levèrent et nous eûmes la victoire. Vieux souvenir et sans doute une légende elle aussi. Avec le recul, maintenant que je te la raconte à mon tour, je me dis qu’elle vaut bien le Clairon de Déroulède ou le Drapeau de Reboux et Müller. Mais je l’aime beaucoup, car elle me rappelle ma grand-mère, qui noyait ce souvenir de sa jeunesse d’une larme d’ironie. Cela dit, ces soldats morts qui se relèvent et repartent au combat, quand tu es enfant, ça impressionne.

Mais celle-ci, de chanson, elle raconte quoi ?

Eh bien, avant de répondre à cette question, je te suggère, mon ami Lucien l’âne, de considérer que cette chanson a été écrite en 1933, année où dès le mois de janvier, le Führer devient chancelier d’Allemagne, autrement dit accède au pouvoir. C’est de cela que parle la chanson et Brecht brocarde le Führer et ses vanteries et Brecht se moque de ce Troisième Reich qu’il ne pourra empêcher d’exister et de détruire l’Allemagne entière, une grande partie de l’Europe et des millions de gens. Regarde bien et tu verras que Brecht parodie les thuriféraires du héraut du national-socialisme.
Elle vient bien cette chanson de Brecht après que les SA ont ouvert la marche :
« Au pas de l’oie, vers d’autres victoires,
En levant haut la jambe, en levant haut le genou,
Marquer le pas, surtout pas d’arrêt ;
Marcher sur place, surtout pas d’arrêt,
En levant haut la jambe, en levant haut le genou. »
Et dans quelque temps, volens nolens, le peuple du troisième Reich suivra.

Examinons-la de près et reprenons notre tâche et tissons – encore et toujours – le linceul de ce vieux monde fanfaron, marcheur, épique et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le Führer dit : maintenant, c’est le dernier hiver, le dernier !
Seulement ce n’est pas le moment de mollir, il faut marcher !
En avant, le Führer dans sa douze cylindres, nous entraîne !
Marche, il ne faut pas perdre le contact ! Marche, marche, marche ! 

Qu’il est long le chemin vers le Troisième Reich, mes enfants!
Comme il s’étire, c’est à n’y pas croire, croire,
C’est un grand arbre que le chêne allemand,
Du haut, on voit luire l’espoir.

Le Führer dit : Maintenant, on n’ira plus informes !
Il l’a déjà dit aux industriels allemands :
Nous voulons acheter de nouveaux uniformes.
Le capitaine Röhm ne nous aime pas sans. 

Qu’il est long le chemin vers le Troisième Reich, maman !
Un peu d’amour le raccourcit de moitié.
C’est un grand arbre que le chêne allemand,
Et les rapports entre camarades sont renforcés.

Le Führer a dit qu’il vivra longtemps encore,
Et qu’il sera plus âgé qu’Hindenburg, sans souci.
Et qu’il n’a pas du tout peur de la mort.
Pour cela, il n’est pas pressé et c’est ainsi.

Qu’il est long le chemin vers le Troisième Reich, mes enfants !
Comme il s’étire, c’est à n’y pas croire, croire,
C’est un grand arbre que le chêne allemand,
Du haut, on voit luire l’espoir.

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