CHANSON
D’UNE MÈRE ALLEMANDE
Version
française – CHANSON D’UNE MÈRE ALLEMANDE – Marco Valdo M.I. –
2016
Chanson
allemande – Lied einer deutschen Mutter – Bertolt Brecht – 1941
monté sur un âne,
sur un ânon, petit d’une ânesse. » (Zacharie 9, 9-10)
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Tu
sais, Lucien l’âne mon ami, combien dans l’esprit des gens, la
douleur d’une mère qui voit souffrir son enfant, spécialement
d’ailleurs quand c’est un garçon, fait une profonde impression.
C’est en quelque sorte une de ces séquences archétypales venues
du plus lointain des âges et considérablement récupérée par la
figure chrétienne de la « Mater dolorosa » et on peut
aussi y ajouter mille poésies, spectacles et tableaux. Tout cela
donne une puissance terrible à l’évocation d’une situation
similaire au mythe. C’est sur cette base symbolique que Bertolt
Brecht a construit cette « Chanson d’une mère allemande ».
Je
n’ignore rien grand-chose de tout cela, ayant moi-même été
présent à la naissance légendaire d’un personnage mythique qui
sert d’idole à nos idolâtres christicoles. Je suis aussi
représenté portant le même sur mon dos lors de son entrée à
Bruxelles, dans le tableau célèbre du peintre ostendais James
Ensor, parodiant l’entrée du même roi à Jérusalem, comme en
témoigne Zacharie :
« Exulte
de toutes tes forces, fille de Sion !
Pousse
des cris de joie, fille de Jérusalem !
Voici
que ton roi vient à toi :
Il
est juste et victorieux,
humble
et monté sur un âne,
sur
un ânon, petit d’une ânesse. » (Zacharie
9, 9-10)
Formidable
ta citation, Lucien l’âne mon ami, te voilà confirmé dans un
rôle de premier plan au théâtre des marionnettes qui amuse tant
notre société. Mais revenons à la mère allemande dont le fils,
loin de se promener sur un âne et de proclamer la fin des chevaux et
des arcs de guerre, c’est-à-dire la paix et la concorde entre les
humains, s’est engagé à suivre le plus infâme et le plus
délirant des dictateurs sanguinaires et se promène sur un panzer.
Et
la mère qui avait placé tant d’espoir dans ce fils, qui l’avait
imaginé en bon fils d’une bonne mère, se rend compte de ce qu’il
est devenu et elle énumère ses griefs :
Ah,
si j’avais su où te conduiraient tes bottes et les horreurs
qu’elles t’induiraient à faire… mais j’ai apprécié ta
chemise brune quand elle t’a servi de suaire.
Que
voilà en quelques strophes une immense tragédie familiale et je
pense qu’elle n’est pas seulement familiale et qu’encore une
fois, il nous faut lire au-delà des lignes et voir dans cette mère
allemande, l’Allemagne elle-même et dans ce fils dévoyé, ce
peuple allemand qui s’est laissé entraîner et conduire jusqu’à
sa propre destruction par le joueur de tambour de Braunau. Ratata,
ratapla. Reprenons maintenant notre tâche et tissons le linceul de
ce vieux monde plein de chemises de couleur, de bottes, de brun et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Mon fils, lorsque j’ai vu ta main
Faire le salut hitlérien
Je ne savais pas qu’à ainsi saluer
Ton bras se serait desséché.
Mon
fils, je t’entendais
Parler d’une famille de héros.
Je n’imaginais, je ne voyais, je ne savais
Pas que tu étais leur bourreau.
Parler d’une famille de héros.
Je n’imaginais, je ne voyais, je ne savais
Pas que tu étais leur bourreau.
Mon fils, quand je te voyais
Marcher derrière Hitler,
J’ignorais que jamais,
Tu ne reviendrais en arrière.
Mon fils, quand tu me disais que l’Allemagne
Ne pourrait plus être reconnue,
Je ne savais pas qu’elle serait devenue
Cendres, sang et ruines.
Je vis la chemise brune que tu portais
Je ne m’y suis pas opposée alors
Je ne savais pas ce qu’aujourd’hui, je sais :
Que c’était ta chemise de mort.
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