LA
GRÈVE INTERNE
Version
française – LA GRÈVE INTERNE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson
italienne – Sciopero interno – Fausto Amodei – 1969
En avant camarades !
Faisons la grève interne !
Ni Dieu, ni Diable
Ne peuvent
Maintenant nous empêcher
De progresser, de diriger et décider.
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Comme tu le sais sans doute, mon ami Lucien l’âne, dans les années 70 du siècle dernier, la Fiat était à l’Italie ce que la Régie était à la France, une sorte de monument national ; un peu comme les pyramides le sont à l’Égypte. Et dans une grande part, le sont restées.
Tu
exagères peut-être un peu, Marco Valdo M.I. mon ami, mais il y a
certainement de ça.
Lors
donc, la Fiat, entreprise turinoise, trônait sur l’Italie.
D’ailleurs, en Italie, il y avait des Fiat à tous les coins de rue
et elles faisaient couci-couça la fierté nationale ; même à
l’étranger, surtout là où on trouvait une communauté italienne
immigrée ; on trouvait des Fiat et des pizzerias.
C’est
encore assez le cas aujourd’hui. Dès lors, une grève à la Fiat
était, elle aussi, un événement qui dépassait les frontières de
l’entreprise,
qui franchissait les murs de l’usine,
même quand cette grève se faisait à l’intérieur des ateliers,
quand c’était une grève (en) interne. D’ailleurs, cette grève
en interne – c’est ce que raconte la chanson de Fausto Amodei,
qui se réfère à cet automne chaud chez Fiat en 1969 – était
elle aussi – au début une particularité de la Fait et sans doute,
de Mirafiori. C’était une nouvelle façon d’agir ; pour
parler comme les stratèges, une nouvelle tactique d’auto-défense
et de résistance ouvrière dans la Guerre
de Cent Mille Ans [[7951]]
que
les riches font aux pauvres afin d’assurer leur domination, de
renforcer leurs privilèges, d’augmenter leurs profits, d’imposer
l’exploitation. Aux dernières nouvelles, en ce qui concerne la
Fiat (mais évidemment ailleurs aussi), cette lutte est toujours en
cours.
Je
le vois, je le sais, on vit actuellement dans un climat de grèves et
de luttes depuis des années ici et au train (en grève) où vont les
choses, je ne pense pas que ça va s’apaiser de si tôt. C’est un
des symptômes du libéralisme en rut. Mais au fait, qu’est-ce
qu’elle pouvait avoir de particulier cette tactique de la grève
interne ?
En
premier lieu, elle avait comme fondement non pas une organisation
générale qui surplombait toue l’entreprise ou à tout le moins,
l’entièreté de l’usine (plusieurs dizaines de milliers
d’ouvriers), mais elle se fondait sur des groupes de travailleurs
plus réduits, mais plus cohérents qui se trouvaient ensemble dans
les ateliers, de groupes homogènes qui servirent de démarreurs et
de moteurs à un mouvement plus vaste, né au travers des
manifestations qui circulaient à l’intérieur (d’où le
« interne ») de la gigantesque usine.
Des
manifestations à l’intérieur de l’usine ?, dit Lucien
l’âne étonné.
Eh
bien oui, à l’intérieur de l’usine. Des manifestations qui
partaient d’un atelier et circulaient en cortège dans les
installations. Il faut savoir que cette usine de Mirafiori était
réellement immense. Elle s’étale sur 200 hectares et comprend,
notamment, des kilomètres de voies ferrées et de routes internes.
Et
le cortège – drapeaux et banderoles – s’en allait d’atelier
en atelier propager la grève et tout cela débouchait sur des
assemblées qui donnaient sens et objectifs au mouvement : grève
pour de meilleures conditions de travail, grève pour des horaires
moins longs, pour des rémunérations plus correctes, pour des
cadences moins folles, pour plus de sécurité au travail, pour des
temps de pauses réguliers, pour, pour, pour, etc. Et ces
manifestations, ces cortèges, ces assemblées, ces grèves étaient
possibles en raison de la taille de l’usine, du nombre élevé
d’entrées à l’usine et du très grand nombre de travailleurs ;
ils étaient nécessaires pour les mêmes raisons ; ils étaient
aussi une excellente façon de contacter tous les travailleurs ou
presque : ils étaient à leur poste de travail.
Évidemment
que c’était une bonne idée, mais il allait oser le faire et ils
ont osé. Voyons voir cette chanson et reprenons notre tache et
tissons le linceul de ce vieux monde motorisé, exploiteur, exploité
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Nous
avons trouvé
Une méthode d’action
Pour mieux casser
Les couilles au patron.
C’est la méthode la plus rapide et la plus moderne,
Celle qu’on appelle la grève interne.
Une méthode d’action
Pour mieux casser
Les couilles au patron.
C’est la méthode la plus rapide et la plus moderne,
Celle qu’on appelle la grève interne.
La grève
interne
Se fait à l’atelier.
Pour nous, c’est sans danger
Et le patron paie les heures.
Quand on fait grève à l’intérieur,
C’est le patron qui nous crédite.
Se fait à l’atelier.
Pour nous, c’est sans danger
Et le patron paie les heures.
Quand on fait grève à l’intérieur,
C’est le patron qui nous crédite.
Il nous
suffit d’être
Deux cents grévistes
Et toute l’usine
Ne peut plus fonctionner.
Trop peu de gens en font assez
Quasi-rien n’est fabriqué.
Deux cents grévistes
Et toute l’usine
Ne peut plus fonctionner.
Trop peu de gens en font assez
Quasi-rien n’est fabriqué.
La grève interne
Nous faisons tomber le rendement
Et nous baissons
La production de nonante pour cent
En sabotant la fabrication
Nous réussirons à vaincre le patron
La grève interne
Veut dire en substance
Qu’aujourd’hui je bataille
Et pas que je suis en vacances
Mais que je rencontre les camarades
La grève interne.
Nous tenons des assemblées.
À nos maîtres et contre-maîtres
Vient la diarrhée
À voir que sans demander leur assentiment,
Nous commandons l’usine dès à présent.
La grève interne.
On fait aussi des manifestations
Et les cadres
Restent plantés là comme des couillons
À voir que même à l’intérieur,
Nous n’avons plus peur.
En
avant camarades !
Faisons la grève interne !
Ni Dieu, ni Diable
Ne peuvent
Faisons la grève interne !
Ni Dieu, ni Diable
Ne peuvent
Maintenant
nous empêcher
De progresser, de diriger et décider.
De progresser, de diriger et décider.
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