LETTRE À MON PAPA LOINTAIN
Version
française – LETTRE À MON PAPA LOINTAIN – Marco Valdo M.I. –
2015
Chanson
italienne – Lettera
al papà lontano – Franco
Trincale – 1967
Personne ne pourra plus nous séparer,
Petit poussin de mon cœur.
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Voici, Lucien l’âne mon ami, une bien jolie canzone à propos de l’émigration. Elle ne raconte pas comme le font – à juste titre – bien des autres, une histoire terrible, comme celle d’Attilio [[51087]]. Souviens-toi, c’était l’histoire d’un mineur assassiné, en exil, en émigration, par des voyous indigènes.
Je
m’en souviens fort bien, tout comme j’ai en mémoire les
terribles accidents qui peuvent survenir dans le travail – accident
individuel, catastrophe collective.
On
peut y ajouter les mauvaises conditions de vie, les maladies
professionnelles… Les mineurs émigrés se sont battus ici pour la
reconnaissance de la silicose comme maladie professionnelle ; il
y a cinquante ans et ils ont gagné ce combat. Que dire encore des
usines d’amiante ou des carrières de chaux ? Tout cela est
assurément terrible et mérite, nécessite qu’on en parle. Mais…
Mais
quoi donc, Marco Valdo M.I. mon ami ? Quoi donc ? Quoi donc
encore ?
Eh
bien, il y a d’autres facettes à l’émigration,
des facettes tout aussi terribles, même si elles sont d’un
caractère qu’on dira plus personnel, plus intime, plus intérieur,
plus sentimental, plus familial… elles n’en sont pas moins
douloureuses. Car, mon ami Lucien l’âne, il ne t’aura pas
échappé que l’humain, comme bien d’autres animaux, est un être
d’émotion, est un animal sentimental. Et cette dimension
émotionnelle, je le pense, est sans doute au moins aussi importante
que les conditions matérielles d’existence. Et, voilà le point :
l’émigration engendre une coupure vive, une blessure
saignante dans ces êtres sentimentaux que sont les
humains – aussi bien chez l’émigré que chez les proches restés
au pays.
Je
le conçois très bien ; la douleur de la séparation est
terrible, même pour les ânes. Mais revenons à la canzone. Que
dit-elle ?
Elle
raconte, elle raconte, car c’est une canzone de cantastorie
– littéralement, de raconteur d’histoires – elle raconte une
histoire. Pour la raconter, elle organise une mise en scène
particulière. Elle présente tout d’abord une lettre qu’un petit
enfant resté au pays écrit à son papa émigré au
loin ; une lettre où il lui demande, il le supplie de revenir ;
et la réponse qu’adresse le papa exilé à son enfant. Et voilà
tout.
Oh,
dit Lucien l’âne, j’en suis par avance tout troublé. Elle me
plaît beaucoup cette histoire et j’espère qu’au moins cette
fois, on connaîtra une fin heureuse.
Rassure-toi,
je pense que c’est le cas. Le papa annonce son
retour. Mais avant de conclure, je dois avouer que j’ai légèrement
changé cette histoire. Dans la canzone italienne, c’est un petit
garçon qui écrivait à son papa ; moi, j’ai choisi d’en
faire une petite fille. D’abord, pour faire place aux
fillettes, dont à la vérité, je ne sais si elles sont plus tendres
que les gars ; mais aussi, car Franco Trincale interprète la
chanson avec sa fille Mariella.
Tu
as donc bien fait. Maintenant, il nous faut reprendre notre tâche et
tisser le linceul de ce vieux monde malade de l’économie, perclus
d’avidité, d’oppression, d’émigration, d’exil et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
L'enfant
:
Cher papa, je t’écris cette lettre,
On ne se voit pas depuis quatre ans
La maison semble vide sans toi,
Nous t’attendons, avec maman.
Si je fais des fautes, excuse-moi papa,
Cette lettre que je t’écris ; c’est la première.
J’ai mis ce que mon cœur me dicte,
Je t’en prie, reviens, papa.
Si tu reviens, papa, le soleil brillera,
La maison ne sera plus triste et sombre.
Maman souffre mille tourments,
Elle t’aime encore plus qu’avant.
Reviens à la maison, cher papa lointain,
Je t’embrasse. Signé : ton cher poussin.
Petit
poussin de mon cœur,
Comme tu es belle, comme tu as grandi.
Sans toi, je n’aurais pas eu tout ce courage,
Ma petite, je reviens pour cela ici.
J’ai lu ta chère petite lettre,
Ton papa aime sa petite maman.
Le passé n’existe plus dorénavant ,
Le soleil est revenu dans le ciel bleu
Et serre-toi contre mon cœur, ma petite blonde,
Moi, quand je t’embrasse, j’embrasse le monde.
Moi et maman, tu vois, on ne pleure pas,
Et on te serre fort, fort contre notre cœur.
À présent, plus personne ne nous séparera,
Petit poussin de mon cœur.
Comme tu es belle, comme tu as grandi.
Sans toi, je n’aurais pas eu tout ce courage,
Ma petite, je reviens pour cela ici.
J’ai lu ta chère petite lettre,
Ton papa aime sa petite maman.
Le passé n’existe plus dorénavant ,
Le soleil est revenu dans le ciel bleu
Et serre-toi contre mon cœur, ma petite blonde,
Moi, quand je t’embrasse, j’embrasse le monde.
Moi et maman, tu vois, on ne pleure pas,
Et on te serre fort, fort contre notre cœur.
À présent, plus personne ne nous séparera,
Petit poussin de mon cœur.
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