LAMENTATION
POUR LA MORT DE TURIDDU CARNEVALI
Poème
d'Ignazio
Buttitta
Musique de Nonò Salamone
Interprétation de Ciccio Busacca
En guise d'introduction, voici l'introduction d'une autre chanson en langues française et italienne - intitulée Salvamort - qui raconte, elle aussi, cet assassinat :
Cette chanson relate la mort – l’assassinat d’un militant syndicaliste paysan de Sicile par la mafia, le 16 mai 1955 à Sciara.
La mère de Salvatore, Francesca Serio, a été la première femme dans l’histoire de l'Italie à porter la dénonciation d’un crime mafieux devant un tribunal public.
Le procès,qui en découla est lui aussi emblématique.
D'abord, les hommes de main, puis les carabiniers vinrent tenter de contraindre Francesca, cette femme seule à qui on venait de tuer son fils, à se taire, à passer sous silence ce meurtre.
Elle refusa, elle réclama justice pour Salvatore assassiné.
Prévu à Palerme, le procès fut renvoyé sur le continent. Depuis, c'est devenu une habitude.
Elle persista dans son obstinée revendication de justice.
Le procès eut lieu. Les avocats des parties ne sont pas des inconnus.
Pour porter la voix de la justice, la voix de Salvatore assassiné, il y avait Sandro Pertini.
Pour défendre les assassins, il y avait Giovanni Leone.
Tous deux furent des emblèmes des deux Italies, tous deux furent par la suite et successivement Présidents de la République.
Leone, issu de la Démocratie Chrétienne, dut démissionner de son mandat de Président pour corruption.
Son successeur, Sandro Pertini fut un Président respectable, respecté et d'une haute tenue morale.
Les deux Italies qui s'affrontent encore toujours.
Encore aujourd'hui, les femmes de Sicile qui – comme Laetizia Battaglia – affrontent la mafia, se regroupent pour combattre « cosa loro », pour crever les yeux de la pieuvre, se réclament de cette mère courage.
Carlo Levi l’a soutenue et a raconté cette histoire dans son livre « Le parole sono pietre » - « Les paroles sont des pierres ».
C’est un texte central dans l’œuvre de Carlo Levi.
C'est encore une de ces canzones en deux langues et dont l'auteur espère qu'elles pourront être chantées dans les deux langues le plus souvent possible. Rien n'empêche évidemment de ne chanter qu'en français ou qu'en italien.
Pour rappel, l’ensemble des chansons lévianes veulent montrer le caractère poétique de l’écriture et de la pensée de Carlo Levi et ont vocation à être mises en musique et en scène et chantées.
Pour les amis de langue française, voici une brève biographie de Salvatore Carnevale :
Salvatore "Turi" Carnevale (Galatti Mamertino 23 septembre 1923 – Sciara, 16 mai 1955) - syndicaliste italien.
Ouvrier agricole et syndicaliste socialiste de Sciara (PA) de 32 ans, il fut assassiné le 16 mai 1955 à l'aube tandis qu'il se rendait à son travail dans une carrière de pierres appartenant à l'entreprise Lambertini.
Les tueurs l'assassinèrent sur le chemin muletier des « Cozze secche ».
Carnevale avait donné beaucoup de fil à retordre aux propriétaires terriens pour défendre les droits des travailleurs agricoles.
En 1951, il avait fondé la section socialiste de Sciara et il avait organisé la Camera del Lavoro.
En 1952, il avait revendiqué le partage des produits de la terre pour les paysans et il avait organisé avec les paysans l'occupation symbolique des terres de Giardinaccio, appartenant à la princesse Notarbartolo. Il fut arrêté et sorti de prison, il se réfugia en Toscane pour deux ans, où il découvrit une culture des droits des travailleurs plus forte et plus radicale.
En août 1954, il rentre en Sicile, où il transpose dans les luttes paysannes son expérience acquise dans le Nord.
Trois jours avant d'être assassiné, il avait obtenu pour ses camarades le paiement des salaires en retard et le respect de la journée de 8 heures.
Ont été accusés de son assassinat : Giorgio Panzeca, Antonio Mangiafredda et Luigi Tardibuono, l'intendant de la princesse Notarbartolo.
En première instance, les accusés furent condamnés à la prison à vie. En appel et en Cassation, défendus par Giovanni Leone, les trois accusés furent acquittés.
Ce fut la dernière fois
Que Turiddu fut menacé par la mafia
Je dis la dernière fois
Parce que
Ils l'avaient menacé des centaines de fois
Tant de fois peut-être
Ils avaient essayé de le séduire
En lui offrant de l'argent
« Turiddu, fais attention
Tu fais fausse route
Tu es contre les patrons
Et tu sais
Qui se met contre les maîtres
Peut connaître une laide fin
D'un jour à l'autre
Il peut t'arriver
Un malheur »
Turi à ces menaces
Répondait toujours
De la même façon :
« Je suis prêt à mourir
Pour les paysans
Je suis aussi un paysan
J'ai eu la chance
De lire des livres
Et je sais ce que ce vous devez aux paysans :
Ce qui leur revient
Et vous patrons, vous devez leur donner ».
« Turiddu
Fais attention à ce que tu fais
On t'a averti tant de fois
Fais attention »
Turiddu, ce soir-là
Était rentré chez lui
Version
française – LAMENTATION POUR LA MORT DE TURIDDU CARNEVALI –
Marco Valdo M.I. – 2015
d'après
la version italienne d'une
Chanson
sicilienne – Lamentu
pi la morti di Turiddu Carnevali
– Ciccio
Busacca
Musique de Nonò Salamone
Interprétation de Ciccio Busacca
En guise d'introduction, voici l'introduction d'une autre chanson en langues française et italienne - intitulée Salvamort - qui raconte, elle aussi, cet assassinat :
La mère de Salvatore, Francesca Serio, a été la première femme dans l’histoire de l'Italie à porter la dénonciation d’un crime mafieux devant un tribunal public.
Le procès,qui en découla est lui aussi emblématique.
D'abord, les hommes de main, puis les carabiniers vinrent tenter de contraindre Francesca, cette femme seule à qui on venait de tuer son fils, à se taire, à passer sous silence ce meurtre.
Elle refusa, elle réclama justice pour Salvatore assassiné.
Prévu à Palerme, le procès fut renvoyé sur le continent. Depuis, c'est devenu une habitude.
Elle persista dans son obstinée revendication de justice.
Le procès eut lieu. Les avocats des parties ne sont pas des inconnus.
Pour porter la voix de la justice, la voix de Salvatore assassiné, il y avait Sandro Pertini.
Pour défendre les assassins, il y avait Giovanni Leone.
Tous deux furent des emblèmes des deux Italies, tous deux furent par la suite et successivement Présidents de la République.
Leone, issu de la Démocratie Chrétienne, dut démissionner de son mandat de Président pour corruption.
Son successeur, Sandro Pertini fut un Président respectable, respecté et d'une haute tenue morale.
Les deux Italies qui s'affrontent encore toujours.
Encore aujourd'hui, les femmes de Sicile qui – comme Laetizia Battaglia – affrontent la mafia, se regroupent pour combattre « cosa loro », pour crever les yeux de la pieuvre, se réclament de cette mère courage.
Carlo Levi l’a soutenue et a raconté cette histoire dans son livre « Le parole sono pietre » - « Les paroles sont des pierres ».
C’est un texte central dans l’œuvre de Carlo Levi.
C'est encore une de ces canzones en deux langues et dont l'auteur espère qu'elles pourront être chantées dans les deux langues le plus souvent possible. Rien n'empêche évidemment de ne chanter qu'en français ou qu'en italien.
Pour rappel, l’ensemble des chansons lévianes veulent montrer le caractère poétique de l’écriture et de la pensée de Carlo Levi et ont vocation à être mises en musique et en scène et chantées.
Pour les amis de langue française, voici une brève biographie de Salvatore Carnevale :
Salvatore "Turi" Carnevale (Galatti Mamertino 23 septembre 1923 – Sciara, 16 mai 1955) - syndicaliste italien.
Ouvrier agricole et syndicaliste socialiste de Sciara (PA) de 32 ans, il fut assassiné le 16 mai 1955 à l'aube tandis qu'il se rendait à son travail dans une carrière de pierres appartenant à l'entreprise Lambertini.
Les tueurs l'assassinèrent sur le chemin muletier des « Cozze secche ».
Carnevale avait donné beaucoup de fil à retordre aux propriétaires terriens pour défendre les droits des travailleurs agricoles.
En 1951, il avait fondé la section socialiste de Sciara et il avait organisé la Camera del Lavoro.
En 1952, il avait revendiqué le partage des produits de la terre pour les paysans et il avait organisé avec les paysans l'occupation symbolique des terres de Giardinaccio, appartenant à la princesse Notarbartolo. Il fut arrêté et sorti de prison, il se réfugia en Toscane pour deux ans, où il découvrit une culture des droits des travailleurs plus forte et plus radicale.
En août 1954, il rentre en Sicile, où il transpose dans les luttes paysannes son expérience acquise dans le Nord.
Trois jours avant d'être assassiné, il avait obtenu pour ses camarades le paiement des salaires en retard et le respect de la journée de 8 heures.
Ont été accusés de son assassinat : Giorgio Panzeca, Antonio Mangiafredda et Luigi Tardibuono, l'intendant de la princesse Notarbartolo.
En première instance, les accusés furent condamnés à la prison à vie. En appel et en Cassation, défendus par Giovanni Leone, les trois accusés furent acquittés.
Voici venir Cicciu Busacca
Pour vous faire entendre l'histoire
De Turiddu Carnivali
Le socialiste mort à Sciara
Assassiné par la mafia.
Pour Turiddu Carnivali
Pleure sa mère
Et pleurent tous les pauvres de la Sicile
Car Turiddu Carnivali
Mourut assassiné
En défendant le pain des pauvres
Et maintenant
Écoutez
Car il y a à apprendre
Dans l'histoire
De Turiddu Carnivali,
Son histoire vous dit :
Pour vous faire entendre l'histoire
De Turiddu Carnivali
Le socialiste mort à Sciara
Assassiné par la mafia.
Pour Turiddu Carnivali
Pleure sa mère
Et pleurent tous les pauvres de la Sicile
Car Turiddu Carnivali
Mourut assassiné
En défendant le pain des pauvres
Et maintenant
Écoutez
Car il y a à apprendre
Dans l'histoire
De Turiddu Carnivali,
Son histoire vous dit :
C'était un ange et il n'avait pas d'ailes
Ce n'était pas un saint et il fit des miracles
Il monta au ciel sans cordes et escalier
Et sans parachute, il en descendit ;
Son capital était l'amour,
Et il partageait cette richesse avec tous :
Turiddu Carnevale, il était né
Comme le Christ, il est mort assassiné.
Ce n'était pas un saint et il fit des miracles
Il monta au ciel sans cordes et escalier
Et sans parachute, il en descendit ;
Son capital était l'amour,
Et il partageait cette richesse avec tous :
Turiddu Carnevale, il était né
Comme le Christ, il est mort assassiné.
Petit, il ne connut pas son père
Il grandit près de sa malheureuse mère
Compagne de douleur et de peines,
De pain noir et de dure sueur ;
Le Christ du ciel le bénit, il lui dit :
« Toi, mon fils, tu mourras assassiné ;
Les maîtres de Sciara, ces damnés,
Tuent tout qui veut la liberté ».
Il grandit près de sa malheureuse mère
Compagne de douleur et de peines,
De pain noir et de dure sueur ;
Le Christ du ciel le bénit, il lui dit :
« Toi, mon fils, tu mourras assassiné ;
Les maîtres de Sciara, ces damnés,
Tuent tout qui veut la liberté ».
Sciara
Pour qui ne le sait pas
C'est un petit pays
De la province de Palerme
Où
Aujourd'hui encore
Règne et commande la mafia
Donc
Pour qui ne le sait pas
C'est un petit pays
De la province de Palerme
Où
Aujourd'hui encore
Règne et commande la mafia
Donc
Turiddu
Turiddu avait ses jours comptés,
Mais rencontrant la mort, il en rit,
Car il voyait les frères condamnés
Sous les pieds de la tyrannie,
Les chairs par le travail broyées
Sur le billot torturées,
Et il ne pouvait supporter l'abus
Ni du baron, ni du mafieux.
Turiddu
Turiddu avait ses jours comptés,
Mais rencontrant la mort, il en rit,
Car il voyait les frères condamnés
Sous les pieds de la tyrannie,
Les chairs par le travail broyées
Sur le billot torturées,
Et il ne pouvait supporter l'abus
Ni du baron, ni du mafieux.
Turiddu
Il rassembla les pauvres avec tant d'amour,
Les couche-à-terre, les faces à trident,
Les mange-peu au souffle court :
Le tribunal des pénitents ;
Et il fit loi de cette chair et ce cœur
Et arme pour combattre les puissants
De ce pays désolé et sombre
Où l'histoire avait trouvé un mur.
Les couche-à-terre, les faces à trident,
Les mange-peu au souffle court :
Le tribunal des pénitents ;
Et il fit loi de cette chair et ce cœur
Et arme pour combattre les puissants
De ce pays désolé et sombre
Où l'histoire avait trouvé un mur.
Il dit au journalier : « Tu es nu
Et la terre est vêtue en grande pompe.
Tu la pioches et tu sues comme un mulet
Et tu es plat comme une lasagne ;
Vienne la récolte et à coup sûr,
Le patron accapare le produit
Et toi qui chaque jour travaille la terre,
Et toi qui chaque jour travaille la terre,
Tu tends les mains et ramasses les pleurs.
Aies courage, tu ne dois pas trembler,
Viendra le jour où descend le Messie,
Le socialisme avec son manteau ailé
Qui porte paix, pain et poésie ;
Viens si tu le veux, si tu es décidé,
Si tu es ennemi de la tyrannie,
Si tu embrasses cette foi et cette école
Qui donne l'amour et console les hommes.
Viendra le jour où descend le Messie,
Le socialisme avec son manteau ailé
Qui porte paix, pain et poésie ;
Viens si tu le veux, si tu es décidé,
Si tu es ennemi de la tyrannie,
Si tu embrasses cette foi et cette école
Qui donne l'amour et console les hommes.
Oui,
Par sa parole le socialisme
Prend les hommes à terre et les élève
Par sa parole le socialisme
Prend les hommes à terre et les élève
Et coule comme l'eau de la source
Et où elle passe, elle rafraîchit et assainit
Et où elle passe, elle rafraîchit et assainit
Elle dit que la chair n'est pas de cuir
Ni même farine à pétrir :
Tous égaux, pour tous du travail
Tu manges le pain qui sue et travaille».
Il dit au journalier : « Vous dormez dans les grottes,
Dans les tanières et dans les étables,
Vous êtes comme les rats des égouts.
Vous vous rassasiez de haricots et de trognons ;
Octobre vous laisse des lèvres sèches
Juin avec les dettes et les cals
De l’olivier, vous avez les brindilles
Des épis, le chaume et la paille ».
Vous êtes comme les rats des égouts.
Vous vous rassasiez de haricots et de trognons ;
Octobre vous laisse des lèvres sèches
Juin avec les dettes et les cals
De l’olivier, vous avez les brindilles
Des épis, le chaume et la paille ».
Il dit : « La terre est à qui la travaille,
Prenez les drapeaux et les houes ! » :
Et avant que sorte l'aube
ils firent des cuvettes et creusèrent des fossés :
la terre sembla une table dressée,
Vivante, de chair comme une personne ;
Et sous le rouge de ces drapeaux
Parut un géant chaque journalier.
Prenez les drapeaux et les houes ! » :
Et avant que sorte l'aube
ils firent des cuvettes et creusèrent des fossés :
la terre sembla une table dressée,
Vivante, de chair comme une personne ;
Et sous le rouge de ces drapeaux
Parut un géant chaque journalier.
Les carabiniers arrivèrent en courant
Avec les menottes et les fusils à la main
Turiddu cria: « Arrière maintenant!
Il n'y a ici ni voleurs ni assassins,
Ce sont les journaliers exploités, chiens,
Qui dans les veines n'ont plus de sang :
Si vous cherchez des voleurs et des brigands
Vous les trouverez dans les palais, avec les amants ».
Avec les menottes et les fusils à la main
Turiddu cria: « Arrière maintenant!
Il n'y a ici ni voleurs ni assassins,
Ce sont les journaliers exploités, chiens,
Qui dans les veines n'ont plus de sang :
Si vous cherchez des voleurs et des brigands
Vous les trouverez dans les palais, avec les amants ».
Le maréchal fit un pas en avant,
Il dit : « La loi ne permet pas cela ».
Turiddu lui répondit fièrement :
« Celle-là est la loi des puissants,
Mais il est une loi qui ne se trompe pas et pense
Et dit : pain pour les ventres vides,
Habits pour ceux qui sont nus, eau aux assoiffés
Et à qui travaille honneur et liberté ».
Il dit : « La loi ne permet pas cela ».
Turiddu lui répondit fièrement :
« Celle-là est la loi des puissants,
Mais il est une loi qui ne se trompe pas et pense
Et dit : pain pour les ventres vides,
Habits pour ceux qui sont nus, eau aux assoiffés
Et à qui travaille honneur et liberté ».
Exact disait Turiddu Carnivali
même dans la Bible
Sont écrites ces paoles :
« Habits aux nus ! Eau aux assoiféx !
À qui travaille honneur et liberté ! »
Mais la mafia que pense-t-elle ?
même dans la Bible
Sont écrites ces paoles :
« Habits aux nus ! Eau aux assoiféx !
À qui travaille honneur et liberté ! »
Mais la mafia que pense-t-elle ?
La mafia pensait à coups de fusil ;
Cette loi ne plaisait pas aux patrons,
Ils étaient comme chiens enragés
Les dents enfoncées dans les jarrets.
Pauvres journaliers malchanceux
Avec ceux-là sur le dos qui vous mordent!
Turiddu connaissait ces bêtes
Et il était vigilant quand il voyait des haies.
Cette loi ne plaisait pas aux patrons,
Ils étaient comme chiens enragés
Les dents enfoncées dans les jarrets.
Pauvres journaliers malchanceux
Avec ceux-là sur le dos qui vous mordent!
Turiddu connaissait ces bêtes
Et il était vigilant quand il voyait des haies.
Il rentra un soir sans ailes
Le regard et la pensée dans le vague :
« Mange, mon fils, cœur loyal… » ;
Plus elle le regarde, plus elle le voit sombre :
« Fils, ce travail te fait mal »,
De la main, il s'appuyait au mur.
« Mère », dit Turiddu et il la regarda :
« Je me sens bien ». Et la tête se pencha.
Le regard et la pensée dans le vague :
« Mange, mon fils, cœur loyal… » ;
Plus elle le regarde, plus elle le voit sombre :
« Fils, ce travail te fait mal »,
De la main, il s'appuyait au mur.
« Mère », dit Turiddu et il la regarda :
« Je me sens bien ». Et la tête se pencha.
Ce fut la dernière fois
Que Turiddu fut menacé par la mafia
Je dis la dernière fois
Parce que
Ils l'avaient menacé des centaines de fois
Tant de fois peut-être
Ils avaient essayé de le séduire
En lui offrant de l'argent
« Turiddu, fais attention
Tu fais fausse route
Tu es contre les patrons
Et tu sais
Qui se met contre les maîtres
Peut connaître une laide fin
D'un jour à l'autre
Il peut t'arriver
Un malheur »
Turi à ces menaces
Répondait toujours
De la même façon :
« Je suis prêt à mourir
Pour les paysans
Je suis aussi un paysan
J'ai eu la chance
De lire des livres
Et je sais ce que ce vous devez aux paysans :
Ce qui leur revient
Et vous patrons, vous devez leur donner ».
« Turiddu
Fais attention à ce que tu fais
On t'a averti tant de fois
Fais attention »
Turiddu, ce soir-là
Était rentré chez lui
Avec cette menace
Encore gravée dans son cerveau
Et dès qu'il entra
Sa mère lui servit la soupe prête
Comme tous les soirs
Dès qu'elle le voit arriver
Elle est contente
« Turiddu
Tu es rentré
Mon fils
La soupe est prête
Mange ».
Mais Turi
Ce soir
N'avait pas faim
« Maman
Laisse...
Ce soir
J'ai tant de choses
À penser
Je n'ai pas faim »
La mère a compris
Qu'ils
Avaient menacé Turiddu
Encore une fois.
Encore gravée dans son cerveau
Et dès qu'il entra
Sa mère lui servit la soupe prête
Comme tous les soirs
Dès qu'elle le voit arriver
Elle est contente
« Turiddu
Tu es rentré
Mon fils
La soupe est prête
Mange ».
Mais Turi
Ce soir
N'avait pas faim
« Maman
Laisse...
Ce soir
J'ai tant de choses
À penser
Je n'ai pas faim »
La mère a compris
Qu'ils
Avaient menacé Turiddu
Encore une fois.
« Fils, tu as été menacé ;
Je suis ta mère, ne pas avoir de secrets ! »
« Mère, mon jour est arrivé » ; et soupirant
« Christ fut tué et il était innocent ! »
« Fils, mon cœur s'est arrêté :
Tu y a mis trois épées affûtées ! »
Gens qui êtes ici, criez fort :
La mère voit en croix son fils mort.
Je suis ta mère, ne pas avoir de secrets ! »
« Mère, mon jour est arrivé » ; et soupirant
« Christ fut tué et il était innocent ! »
« Fils, mon cœur s'est arrêté :
Tu y a mis trois épées affûtées ! »
Gens qui êtes ici, criez fort :
La mère voit en croix son fils mort.
Cette fois
les mafieux
Ont tenu leur promesse
Le lendemain matin
Alors que Turiddu allait travailler
À la carrière
Sur le sentier
Ils lui ont tiré deux coups de lupara
En plein visage
Pour le défigurer
On n'oubliera jamais ce matin :
Du seize mai
Mil neuf cent cinquante cinq.
les mafieux
Ont tenu leur promesse
Le lendemain matin
Alors que Turiddu allait travailler
À la carrière
Sur le sentier
Ils lui ont tiré deux coups de lupara
En plein visage
Pour le défigurer
On n'oubliera jamais ce matin :
Du seize mai
Mil neuf cent cinquante cinq.
Seize mai. L'aube au ciel brille,
Et là-haut, le château domine Sciara
Face à la mer resplendissante
Comme un autel sur d'un cercueil ;
Entre mer et château ce matin
On voit une croix dans l'air clair
Sous la croix, un mort, et avec les oiseaux
Tel un déluge, le pleur des pauvres.
Et là-haut, le château domine Sciara
Face à la mer resplendissante
Comme un autel sur d'un cercueil ;
Entre mer et château ce matin
On voit une croix dans l'air clair
Sous la croix, un mort, et avec les oiseaux
Tel un déluge, le pleur des pauvres.
Et comment pourra-t-on jamais oublier
Ce seize mai à Sciara ?
Une heure après que Turi ait quitté la maison
Sa mère entend frapper à la porte
Furieusement
(Sa mère était encore au lit)
C'était l'aube
« Francesca !
Madame Francesca !
Madame Francesca, ouvrez !
Ouvrez, il y a eu un malheur !
Ils ont assassiné Turiddu
Ils ont assassiné votre fils Turiddu
Ils lui ont tiré deux coups de lupara dans la figure
Ils l'ont défiguré
Ils l'ont assassiné
Turiddu,
Ils l'ont assassiné ! »
Le dire ainsi
C'est facile
Mais vous pensez
Pour cette pauvre mère
Qui avait ce seul fils
Comme elle s'habille en vitesse et en fureur
Et commence à courir
Par toutes les rues du village
En criant
En appelant les pauvres à la suivre
Pour aller pleurer
Sur le cadavre de son fils.
Ce seize mai à Sciara ?
Une heure après que Turi ait quitté la maison
Sa mère entend frapper à la porte
Furieusement
(Sa mère était encore au lit)
C'était l'aube
« Francesca !
Madame Francesca !
Madame Francesca, ouvrez !
Ouvrez, il y a eu un malheur !
Ils ont assassiné Turiddu
Ils ont assassiné votre fils Turiddu
Ils lui ont tiré deux coups de lupara dans la figure
Ils l'ont défiguré
Ils l'ont assassiné
Turiddu,
Ils l'ont assassiné ! »
Le dire ainsi
C'est facile
Mais vous pensez
Pour cette pauvre mère
Qui avait ce seul fils
Comme elle s'habille en vitesse et en fureur
Et commence à courir
Par toutes les rues du village
En criant
En appelant les pauvres à la suivre
Pour aller pleurer
Sur le cadavre de son fils.
Elle criait : « Fils ! » par les rues et des ruelles
La mère angoissée qui courait
Vers le mort en tourbillons tempétueux
Monceaux de sarments qui brûlait
Dans le four avec le vent aux trousses :
« Courez tous pleurer avec moi !
Pauvres, sortez de vos tanières,
Monceaux de sarments qui brûlait
Dans le four avec le vent aux trousses :
« Courez tous pleurer avec moi !
Pauvres, sortez de vos tanières,
Il est mort assassiné pour votre pain ! ».
Ils sont arrivés
Les pauvres
Où se trouvait le cadavre de Turiddu
Mais
personne ne pouvait passer
Personne ne pouvait regarder Turiddu
pour la dernière fois
Turiddu
Il était entouré de carabiniers
La mère
S'agenouille face aux carabiniers
Les pauvres
Où se trouvait le cadavre de Turiddu
Mais
personne ne pouvait passer
Personne ne pouvait regarder Turiddu
pour la dernière fois
Turiddu
Il était entouré de carabiniers
La mère
S'agenouille face aux carabiniers
« Carabinier, si vous êtes un homme…
Ne me touchez pas, partez d'ici,
Ne voyez-vous pas que mes mains sont des torches
Je m'enflamme comme poussière dans le feu ;
C'est mon fils, garez-vous,
Laissez mon pleur et ma douleur s'épandre,
Laisser la colombe blanche s'envoler
Qu'il tient dans sa poitrine du côté gauche.
Ne me touchez pas, partez d'ici,
Ne voyez-vous pas que mes mains sont des torches
Je m'enflamme comme poussière dans le feu ;
C'est mon fils, garez-vous,
Laissez mon pleur et ma douleur s'épandre,
Laisser la colombe blanche s'envoler
Qu'il tient dans sa poitrine du côté gauche.
Carabinier, si tu es un homme
Ne vois-tu pas qu'il perd son sang fin
Laisse-moi approcher que je soulève
Cette pierre qu'il tient comme coussin,
Que sous son visage, je lui mette les mains
Sur sa poitrine, je pose mon cœur
Qu'avec mon pleur, je soigne ses blessures
Avant qu'il fasse jour demain matin.
Ne vois-tu pas qu'il perd son sang fin
Laisse-moi approcher que je soulève
Cette pierre qu'il tient comme coussin,
Que sous son visage, je lui mette les mains
Sur sa poitrine, je pose mon cœur
Qu'avec mon pleur, je soigne ses blessures
Avant qu'il fasse jour demain matin.
Qu'avant qu'il fasse jour je trouve l'assassin
Et que j'arrache son coeur avec mes mains
Je le porte au prêtre :
Et je dis : sonnez les cloches, sacristain !
Mon fils avait le sang d'or fin
Mon fils avait le sang d'or fin
Et celui-là, pour sang a la pisse de marécage
Appelez-le un tigre pour qu'on le piège.
Je creuse sa fosse avec mes mains !
Je creuse sa fosse avec mes mains !
Fils, que dis-je, je perds la tête ;
Oh, s'il n'y avait ma foi !
Ce socialisme qui ouvre les bras
Et qui me donne espoir et courage ;
Tu me l'enseignas et tu me tenais entre tes bras
Et sur tes mains, je te pleurais
Tu m'essuyas avec ton mouchoir,
Je me sentais mourir d'amour.
Oh, s'il n'y avait ma foi !
Ce socialisme qui ouvre les bras
Et qui me donne espoir et courage ;
Tu me l'enseignas et tu me tenais entre tes bras
Et sur tes mains, je te pleurais
Tu m'essuyas avec ton mouchoir,
Je me sentais mourir d'amour.
Tu me parlais comme un confesseur
Je te parlais comme une pénitente
Maintenant défaite par tant de douleur
Je donne ma voix à ces commandements :
Je veux mourir de ton amour
Je veux mourir avec ces sentiments.
Fils, je t'ai volé ta bannière :
Je suis ta mère et camarade sincère ! »
Je te parlais comme une pénitente
Maintenant défaite par tant de douleur
Je donne ma voix à ces commandements :
Je veux mourir de ton amour
Je veux mourir avec ces sentiments.
Fils, je t'ai volé ta bannière :
Je suis ta mère et camarade sincère ! »
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