LA
FILLE DE KOBANÉ
Version
française – LA FILLE DE KOBANÉ – Marco Valdo M.I. – 2015
Sur une route droite avec le fusil en bandoulière.
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Voici,
Lucien l'âne mon ami, une chanson qu'on dira d'actualité… Elle se
situe dans la ville de Kobané, qui se situe là-bas aux confins de
la Turquie et de la Syrie, dans une région kurde. Une ville martyr,
prise dans les tourbillons des délires de religieux assassins et de
nationalistes ahuris. Une bande immense de crétins, bourrés de
paroles prophétiques. Bref, tout droit sortis d'Absurdie. Là aussi,
la sentence de Jeanson s'applique et on a entendu jusqu'ici les
Kurdes crier : « Au secours ! Les cons nous
cernent ! ». Des tueurs aussi sanglants et aussi stupides
que les Croisés lors de la prise de Jérusalem en 1099. J'ai dit
d'actualité, car après des mois de résistance, les Kurdes viennent
de chasser ces imbéciles et commencent à dégager la ville, du
moins ce qu'il en reste, car tout semble détruit, de l'encerclement.
Ils desserrent l'étau et repoussent les agresseurs.
Laisse-moi
te dire, Marco Valdo M.I. mon ami, le destin incroyable de cette
petite ville. J'avais connu Kobané à ses débuts, il y a cent ans,
quand elle n'était qu'une agglomération naissante que bâtissaient
les réfugiés arméniens. C'était déjà une histoire terrible que
celle de ces gens fuyant le génocide que leur faisaient subir les
Turcs. C'était en 1915. Depuis, les Arméniens sont presque tous
repartis vers d'autres cieux et c'est aux Kurdes d'assumer le destin
effroyable de cette ville.
Effroyable
destinée, c'est bien le mot. Kobané est libérée, mais que
reste-t-il ? Tout est à refaire. Cependant, pour en revenir à
la chanson, elle évoque une fille qui hante l'histoire du siège de
Kobané et qui participe à la défense et à la reconquête, les
armes à la main. Et il est bon que ce soit une femme, bon et
symbolique ; car ce sont aussi des femmes qui composent l'armée
populaire de résistance aux cinglés prophétiques et dès lors, ce
sont des femmes et des jeunes filles qui leur ont infligé cette
formidable défaite.
Oui,
Marco Valdo M.I., mon ami, c'est sans doute le fait le plus important
que raconte cette chanson. Les femmes kurdes n'ont cure des
injonctions prophétiques et n'admettront jamais d'être traitées en
esclaves par des hommes atteints de démence furieuse. Elles sont
fortes et courageuses car elles ont à défendre leur propre vie,
certes, mais surtout celle de leurs enfants, de leurs proches, de
leurs amis, des gens avec lesquels elles bâtissent l'avenir au
quotidien. Des gens avec qui elles construisent la vie. Elles ont
porté la résistance (« Ora e sempre : resistenza!) comme
le firent ici d'autres femmes en d'autres temps.
Et
puis, ces femmes kurdes et leurs hommes sont confrontés à un État
profondément raciste, une sorte de national-islamisme oriental
proche dans sa manière d'être et d'agir du national-socialisme tel
qu'on l'a connu ici, lors de sa montée triomphale et de son
expansion catastrophique. Il y a là un embryon d'État – qu'ils
ont appelé Califat, une bande de truands qui se prennent pour un
État, une baudruche étatique qui gonfle, qui gonfle… Elle en
était à sa montée triomphale… Rien ne l'arrêtait… Et voilà,
patatras... Les femmes de Kobané viennent de le faire...
Et
nous, nous, Marco Valdo M.I. mon ami, nous sommes ici. Il nous
revient de dire les choses et de tisser ainsi le linceul de ce vieux
monde mortifère, insensé, religieux, prophétique, assassin et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
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