Tract
Canzone
française – Tract – Marco Valdo M.I. – 2014
Le
Livre Blanc 10
Opéra-récit
contemporain en multiples épisodes, tiré du roman de Pavel KOHOUT
« WEISSBUCH » publié en langue allemande – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1970 et particulièrement de
l'édition française de « L'HOMME QUI MARCHAIT AU PLAFOND »,
traduction de Dagmar et Georges Daillant, publiée chez Juillard à
Paris en 1972.
Évidemment,
mon ami Lucien l'âne, comme dans toute affaire qui fait l'objet de
polémiques, de communiqués, de rétraction… On voit fleurir
d'autres types de réactions. Ainsi voit-on surgir de ce qui était
un vide vertigineux des libelles, des feuillets, des feuilles, des
papiers, des tracts. D'où sortent-ils ? On ne sait… Mais ils
sont là…
Oh,
les libelles et tout ça, les tracts, je connais ça. J'en ai vu
depuis fort longtemps ; dès qu'on a pu imprimer, même
rudimentairement, dès que l'on eut le papier, ils sont apparus. Le
tract est l'arme du réprouvé, il est la voix du faible, il passe le
mot sous le manteau. Il peut se répandre à petites doses, venter
comme la brise sur l'océan ou déferler comme des vagues marines.
Donc, la chanson est un tract, c'est bien ça ?
Exactement.
Une chanson-tract ou un tract en chanson. Mais pas n'importe quel
tract, un tract poétique et comme bien des tracts, d'une virulence
explosive. Et c'est bien son but, frapper comme une balle. Pas
n'importe quel tract, c'est le tract que les jeunes adressent à
leurs pères, autrement dit aux pouvoirs en place. Il y a dans ce
tract comme un souffle de jeunesse, une sorte de concentré de ce qui
se disait à la fin des années soixante du siècle dernier et qui –
il faut l'espérer – resurgira au prochain printemps.
Il
me semble aussi entendre d'autres voix, venues d'un autre temps…
Par exemple, ces mots de justice et liberté étaient le nom d'un
mouvement de résistance sous le fascisme et on les entendit aussi,
dans la France de la fin du siècle des Lumières, puis dans l'Europe
de 1848… Et bien souvent aussi, ailleurs. On dirait un
recommencement, une sorte d'éternel retour…
Mais
c'est de cela qu'il s'agit, Lucien l'âne mon ami, c'est là un
épisode classique de la Guerre de Cent Mille Ans et la revendication
qu'il porte de changer le monde pour changer la vie devra bien un
jour être rencontrée. Car, vois-tu, cette exigence est plus
profonde que certains se plaisent à l'imaginer ; elle résulte
d'une insatisfaction abyssale, née précisément du trop plein, née
cette avalanche de choses, née de la marchandisation du temps et de
la vie elle-même. Pour dire les choses plus précisément encore :
née de la réification du monde… Ils ont transformé le monde en
choses et par le fait-même, ils ont condamné la vie à l'inertie
quotidienne.
Ce
sont, écoute bien ce que je dis, Marco Valdo M.I. mon ami, ce sont
des apprentis sorciers que ces bâtisseurs d'empire et malgré leur
morgue et leur puissance, et sans doute en raison de leur morgue et
de leur puissance, telle la vague de la mer cent mille fois
recommencée, revient le lancinant propos :
« Quant
à nous, oui, nous...
Nous,
nos espérances sont infinies.
Nous
voulons changer la vie,
Nous
voulons changer tout. »
L'Histoire
n'est pas finie, en effet, dit Marco Valdo M.I. elle n'arrête pas de
jouer des tours à ceux qui entendent l'arrêter. Comme si on pouvait
arrêter le temps.
Et
nous, pour notre part, nous poursuivons notre notre tâche et nous
tissons, imperturbables, le linceul de ce monde ronflant, mercantile,
dogmatique, croyant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Comme
les ours,
Vous
hibernez.
Vous
n'êtes plus dans la course,
Il
vous faut vous réveiller.
Ô
pères et autres vieux
Chevaux
domestiqués aux tristes yeux
Pris
dans les œillères
Ô
pères, aux vérités mensongères
Aux
mille dogmes, aux mille crédos,
Cette
prison de machines emplie,
Croulant
sous les frigos, les autos,
C'est
votre monde sans vie.
Quant
à nous, oui, nous...
Nous,
nos espérances sont infinies.
Nous
voulons changer la vie,
Nous
voulons changer tout.
Nous,
au nom de l'humanité,
De
l'avenir, du futur du monde
Contre
votre bêtise, contre votre lâcheté,
Votre
sclérose, votre hypocrisie immondes,
Au
nom de Jean Huss, de Giordano Bruno,
De
Galileo Galilée,
de tous les réprouvés,
Nous
voulons créer un monde nouveau,
Un
monde de justice et de liberté.
Alors,
nous allons tout boycotter
Vos
églises : boycotter
Vos
partis : boycotter
Votre
presse : boycotter
Votre
radio : boycotter
Vos
télés : boycotter
Vos
cinémas : boycotter
Vos
magasins : boycotter
Vos
écoles : boycotter
Et
vos universités.
Nous
boycotterons tout
Car
de votre monde, nous, on s'en fout !
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