jeudi 1 mai 2014

GUERRE, PAIX ET INFLATION – CANTATE


GUERRE, PAIX ET INFLATION – CANTATE

Version française – GUERRE, PAIX ET INFLATION – CANTATE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Kantate von Krieg, Frieden und Inflation – Walter Mehring – 1929

Texte de Walter Mehring
Musique di 
Hanns Eisler


Mille Milliards de Marks... 





C'est la chanson qui ouvre le spectacle théâtral intitulé « Der Kaufmann von Berlin » écrit par Walter Mehring et mis en scène pour la première fois le 6 septembre 1929 à Berlin par Erwin Piscator, avec Ernst Busch voix soliste, un chœur, l'orchestre du Weintraub Syncopators et les décors de Lazlo Moholy-Nagy.

« Der Kaufmann von Berlin » contient des chansons comme celle-ci dans laquelle sont expliqués les moments historiques à travers lesquels l'Allemagne inexorablement glissa dans les bras du nazisme, avec au milieu la dévastatrice période d'hyperinflation qui atteignit son sommet en 1923, crise due au paiement des dommages réclamés par les nations victorieuses de la Grande Guerre… La France et la Belgique occupèrent militairement le bassin de la Ruhr pour assurer les réparations . En novembre de 1923, un dollar était échangé contre 4.210.500.000.000 marks allemands…
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Hyperinflation_de_la_R%C3%A9publique_de_Weimar)



Cela commença ainsi :

En l'an de grâce 1914, la prospérité semblait ne jamais devoir finir et la valeur ajoutée arrosait les riches de tant d'abondance, qu'ils dirent : Nos forces diminuent – et les militaires ajoutèrent : On ne nous respecte plus – et le clergé conclut : Amen !

Ainsi, avec notre rata, nous nous sommes avancés ,
Pour guérir notre prospérité dans un bain d'acier -
Relevant de la brigade criminelle, nous avons progressé
Jusqu'à être reconnus aptes à fusiller -

Ainsi, par la porte de Brandebourg, nous sommes arrivés
Avec des obusiers, des tanks et des grenades -
Ainsi dans tous les coins de l'Europe sont allés
Des Soldats – des soldats – des soldats.

Ainsi, un continent piétina à la même cadence
Avec nous, vinrent des épidémies, le meurtre et la faim
Dans le beau, dans le nouveau, dans le beau, dans le
Nouveau, dans le bel, dans le nouvel uniforme gris tout terrain.

Alors les citoyens se lamentèrent : Nous avons donné l'or pour le fer, - les Maîtres répondirent : Dieu le rendra mille fois, et les ennemis le rembourseront des milliards. Toutes les mères pleuraient : Nos hommes sont tués, nos enfants meurent sous-alimentés ! Mais les Maîtres répondirent : Nous fournissons ! Le peuple se rebellait : Combien de temps encore ? Et l'empereur répondit : Jusqu'à ce que Dieu me donne la victoire finale !

Ainsi, nous devînmes des héros, on nous surnomma « cochons du Front »,
Dans nos retraites imprenables.
La veste du Kaiser mitée et brûlés les poumons,
Les mutilés enterrèrent leurs camarades.

Ainsi, nous rencontrâmes des temps altiers
On mit trois millions de morts dans leur charnier,
Dans le bel uniforme gris tout terrain.
Bel uniforme gris tout terrain.

Mais durant l'an de grâce 1918, les Généraux dirent : La partie est perdue ! Les bourgeois coururent à l'ennemi mendier la paix ; car l'armée se révolta, les marins et le peuple entier hurlèrent : Dehors les coupables ! Mais les Maîtres parlaient et ne répondaient plus.

Avec nos drapeaux rouges sur des prothèses
Ainsi, on nous a renfermés .
Nos poumons tout juste guéris du gaz
Ne pouvaient plus crier liberté.

Ainsi, ils fermèrent nos fenêtres
Ainsi la patrie nous a combattus.
La guerre vainquit nos Maîtres ;
La Patrie nous a vaincus.

Alors, l'ennemi vînt et dit : Vous devez payer ! Mais alors, tout l'argent était devenu papier. Alors, l'ennemi occupa le pays et dit pour la deuxième fois : Vous devez payer ! Mais toute la nourriture, tous les vêtements devinrent papier et tout le peuple souffrit l’angoisse de la faim. Les Maîtres des ennemis et les Maîtres de la patrie parurent main dans la main et dirent au peuple : Vous devez payer ! Payer vous devez !

Les valeurs étrangères envahirent le bazar
Discréditant les bourses mortes
Les flots de papier poussés par les affairistes
Montèrent et le dollar sauta de cent mille
Jusqu'au milliard.

Et tant faim courut
Et dollar si haut s'en fut ,
Inflation et misère le pays submergèrent.
Ainsi, avons payé pour les Maîtres.
Qui ont fermé l'usine et les barrières.

Ce que la guerre ne nous a pas pris,
La république nous l'a pris.
Grandit la détresse – l'armée de chômeurs.
S'étendit la peste – l'armée noire de Noske la terreur !


Alors, comme vous savez comment tout finit
N'oubliez, n'oubliez jamais, ce que vous avez appris !

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