INFIRMIÈRE
Version
française – INFIRMIÈRE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
italienne (Lombard) – Infermiera – Davide
Van De Sfroos – 2014
Album
: Goga e Magoga
1916 Deux infirmières Agnès est debout |
Voici,
mon ami Lucien l'âne, une chanson qui raconte une histoire
d'infirmière....
Une
infirmière ? Dans les Chansons contre la Guerre ? Tous
comptes faits, ça se tient... Il y a souvent des infirmières dans
les endroits où l'on fait la guerre ; surtout quand on n'engage
pas les femmes comme guerrières. Il paraît qu'à présent, et je
n'oserais croire que c'est grâce au féminisme, il y a des femmes
militaires...
Oh,
je crois plutôt que c'est grâce au libéralisme... La guerre est un
fabuleux marché, même quand elle est dissimulée sous le visage de
la paix. Dès lors, comme pour tout le reste de la vie, on a
professionnalisé la guerre et de ce fait, on ne pouvait laisser en
friche un tel champ de recrutement... c'est-à-dire la moitié (et
aussi la moins chère) du marché de recrutement potentiel pour
l'entreprise militaire. Et c'est ainsi, confortées par la
revendication de l'égalité des hommes et des femmes, y compris dans
l'assassinat professionnel, que ces dames sont devenues guerrières.
Mais dans le temps, au temps de nos grand-mères ou de nos
arrières-grand-mères, dans les armées officielles, on épargnait
aux femmes de devoir pratiquer l'assassinat à main armée. Quand on
leur offrait un uniforme, c'était celui d'infirmière...
Pas
seulement, dit Lucien l'âne. En plus il y avait la cuisine et la
cantine ; et je me suis laissé dire qu'on demandait aux dames
d'autres services... et je l'ai même constaté nombre de fois –
Brel aussi, au demeurant, quand il chantait Au suivant ! [[373]]
Bien
entendu, on leur proposait aussi d'autres manières de venir en
assistance au guerrier... D'ailleurs, la chanson et l'infirmière qui
y chante, y font nettement allusion. C'est aussi une chanson
d'amour... C'était une noble mission et pour ce faire donc, on
affublait ces jeunes personnes d'un voile ; en ce temps-là, les
infirmières étaient des femmes voilées... Ce qui ne les rendait
pas moins jolies, ni moins attirantes. Quoiqu'il en soit, c'est ainsi
qu'une de mes aïeules rencontra un de mes aïeuls.
C'est
souvent ainsi qu'on a des aïeux..., dit Lucien l'âne en riant.
Moi-même, j'en ai une paire et bien sûr aussi, une double paire...
Cela
dit, au-delà des fantasmes et des allusions, il fallait bien du
courage à ces femmes pour soigner ces (souvent jeunes) hommes
sans mains, sans bras, sans jambes, sans yeux, sans lendemains...; il
leur en faut toujours d'ailleurs pour côtoyer les hommes mutilés,
les êtres en souffrance, les vivants entrant dans leur mort et la
douleur du passage. Et au milieu de cette boucherie aux étals
kilométriques cette désirance, cette désirade qui pousse à
chercher dans ce carnage collectif l'autre avec qui bâtir la vie,
malgré tout. Ce fut le cas de mes autres aïeuls. Je dis les autres
car je t'avais déjà conté l'histoire du prisonnier et de sa
demoiselle de magasin
[[8969]].[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=8969]
Ici,
tu as l'histoire de l'infirmière et de son blessé en instance
d'amour. Chez mes aïeux, l'infirmière s'appelait Agnès ; le
blessé-gazé sur l’Yser s'appelait Henri. Ils se marièrent et
eurent beaucoup d'enfants.
1916 Sergent Henri, le blessé-gazé de l'Yser |
Ainsi,
écoutons-la cette complainte de l'infirmière et puis, reprenons
notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde toujours englué
dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres –
et font faire aux pauvres – pour étendre leur empire, renforcer
leur domination, imposer l'exploitation, défendre la propriété,
soutenir leurs entreprises et préserver leurs richesses... Tissons
le linceul de ce vieux monde si archaïque, si infantile, si
militaire, si guerrier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Et
non et non et non,
Il n'est pas vrai... Non !
Que j'ai caché mon inconscience…
Sous ma blouse d'infirmière
Il n'est pas vrai... Non !
Que j'ai caché mon inconscience…
Sous ma blouse d'infirmière
Et
non et non et non,
Il n'est pas vrai... Non !
Qu'un homme au bord de la margelle
Pense à tes jarretelles
Il n'est pas vrai... Non !
Qu'un homme au bord de la margelle
Pense à tes jarretelles
Combien
de gars qu'au dernier matin
Je ne pouvais trahir
Et combien de mains dans ma main
À me dire de ne pas les laisser mourir
Je ne pouvais trahir
Et combien de mains dans ma main
À me dire de ne pas les laisser mourir
Et
non et non et non,
Il n'est pas facile... Non !
De se faire appeler du nom d'une mère
Par un soldat de son âge
Il n'est pas facile... Non !
De se faire appeler du nom d'une mère
Par un soldat de son âge
Et
sur le blanc cette tenue
Le sang semble plus rouge
Et on les embrasse comme on embrasse un frère,
Comme on embrasse son père
Le sang semble plus rouge
Et on les embrasse comme on embrasse un frère,
Comme on embrasse son père
Ils
ont rempli de trous la lune
Et j'ai rempli de gaze leur corps
Ils m'ont pris pour leur femme
Ils m'ont pris pour leur mort
Et j'ai rempli de gaze leur corps
Ils m'ont pris pour leur femme
Ils m'ont pris pour leur mort
Notre
père sous les bombes
Père des pères de ceux qui tombent
Père des pères de ceux qui tombent
Regarde
nos tombes
Avec
les munitions de ce rosaire,
Je prie et pleure et tire et tire
Mais je ne peux pas faire de distinctions
Je dois tenir ma position
Je prie et pleure et tire et tire
Mais je ne peux pas faire de distinctions
Je dois tenir ma position
Par
milliers les couchent les mitrailleuses
De lui, laisse-moi tomber amoureuse,
Laisse-moi tomber amoureuse de lui.
De lui, laisse-moi tomber amoureuse,
Laisse-moi tomber amoureuse de lui.
Il
a ouvert les yeux, il a souri
Et il m'a dit : C'est le paradis !
Et il m'a dit : C'est le paradis !
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