samedi 26 avril 2014

INFIRMIÈRE

INFIRMIÈRE

Version française – INFIRMIÈRE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne (Lombard) – Infermiera – Davide Van De Sfroos – 2014
Album : Goga e Magoga

1916
Deux infirmières
Agnès est debout




Voici, mon ami Lucien l'âne, une chanson qui raconte une histoire d'infirmière....


Une infirmière ? Dans les Chansons contre la Guerre ? Tous comptes faits, ça se tient... Il y a souvent des infirmières dans les endroits où l'on fait la guerre ; surtout quand on n'engage pas les femmes comme guerrières. Il paraît qu'à présent, et je n'oserais croire que c'est grâce au féminisme, il y a des femmes militaires...


Oh, je crois plutôt que c'est grâce au libéralisme... La guerre est un fabuleux marché, même quand elle est dissimulée sous le visage de la paix. Dès lors, comme pour tout le reste de la vie, on a professionnalisé la guerre et de ce fait, on ne pouvait laisser en friche un tel champ de recrutement... c'est-à-dire la moitié (et aussi la moins chère) du marché de recrutement potentiel pour l'entreprise militaire. Et c'est ainsi, confortées par la revendication de l'égalité des hommes et des femmes, y compris dans l'assassinat professionnel, que ces dames sont devenues guerrières. Mais dans le temps, au temps de nos grand-mères ou de nos arrières-grand-mères, dans les armées officielles, on épargnait aux femmes de devoir pratiquer l'assassinat à main armée. Quand on leur offrait un uniforme, c'était celui d'infirmière...


Pas seulement, dit Lucien l'âne. En plus il y avait la cuisine et la cantine ; et je me suis laissé dire qu'on demandait aux dames d'autres services... et je l'ai même constaté nombre de fois – Brel aussi, au demeurant, quand il chantait Au suivant ! [[373]]


Bien entendu, on leur proposait aussi d'autres manières de venir en assistance au guerrier... D'ailleurs, la chanson et l'infirmière qui y chante, y font nettement allusion. C'est aussi une chanson d'amour... C'était une noble mission et pour ce faire donc, on affublait ces jeunes personnes d'un voile ; en ce temps-là, les infirmières étaient des femmes voilées... Ce qui ne les rendait pas moins jolies, ni moins attirantes. Quoiqu'il en soit, c'est ainsi qu'une de mes aïeules rencontra un de mes aïeuls.


C'est souvent ainsi qu'on a des aïeux..., dit Lucien l'âne en riant. Moi-même, j'en ai une paire et bien sûr aussi, une double paire...


Cela dit, au-delà des fantasmes et des allusions, il fallait bien du courage à ces femmes pour soigner ces (souvent jeunes) hommes sans mains, sans bras, sans jambes, sans yeux, sans lendemains...; il leur en faut toujours d'ailleurs pour côtoyer les hommes mutilés, les êtres en souffrance, les vivants entrant dans leur mort et la douleur du passage. Et au milieu de cette boucherie aux étals kilométriques cette désirance, cette désirade qui pousse à chercher dans ce carnage collectif l'autre avec qui bâtir la vie, malgré tout. Ce fut le cas de mes autres aïeuls. Je dis les autres car je t'avais déjà conté l'histoire du prisonnier et de sa demoiselle de magasin [[8969]].[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=8969]
Ici, tu as l'histoire de l'infirmière et de son blessé en instance d'amour. Chez mes aïeux, l'infirmière s'appelait Agnès ; le blessé-gazé sur l’Yser s'appelait Henri. Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.


1916
Sergent Henri, le blessé-gazé de l'Yser



Ainsi, écoutons-la cette complainte de l'infirmière et puis, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde toujours englué dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres – et font faire aux pauvres – pour étendre leur empire, renforcer leur domination, imposer l'exploitation, défendre la propriété, soutenir leurs entreprises et préserver leurs richesses... Tissons le linceul de ce vieux monde si archaïque, si infantile, si militaire, si guerrier et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Et non et non et non,
Il n'est pas vrai... Non !
Que j'ai caché mon inconscience…
Sous ma blouse d'infirmière

Et non et non et non,
Il n'est pas vrai... Non !
Qu'un homme au bord de la margelle
Pense à tes jarretelles

Combien de gars qu'au dernier matin
Je ne pouvais trahir
Et combien de mains dans ma main
À me dire de ne pas les laisser mourir

Et non et non et non,
Il n'est pas facile... Non !
De se faire appeler du nom d'une mère
Par un soldat de son âge

Et sur le blanc cette tenue
Le sang semble plus rouge
Et on les embrasse comme on embrasse un frère,
Comme on embrasse son père

Ils ont rempli de trous la lune
Et j'ai rempli de gaze leur corps
Ils m'ont pris pour leur femme
Ils m'ont pris pour leur mort

Notre père sous les bombes
Père des pères de ceux qui tombent
Regarde nos tombes
Écoute tes fils surpris
Qui sans leurs mains prient ,
Ces mêmes mains qui servent ici

Père du feu de guerre,
Au ciel comme sur terre,
Dis-moi au moins qui espère

Avec les munitions de ce rosaire,
Je prie et pleure et tire et tire
Mais je ne peux pas faire de distinctions
Je dois tenir ma position

Par milliers les couchent les mitrailleuses
De lui, laisse-moi tomber amoureuse,
Laisse-moi tomber amoureuse de lui.

Il a ouvert les yeux, il a souri
Et il m'a dit : C'est le paradis !

jeudi 24 avril 2014

CHANSON DU SAVON

CHANSON DU SAVON


Version française – CHANSON DU SAVON – Marco Valdo M.I. – 2014
d'après la traduction italienne de Riccardo Venturi d'une
Chanson allemande – Seifenlied – Julian Arendt – 1928


Savon 1928
Nous avons offert à nos frères

D'électoraux savons.





Texte de Julian Arendt (1895-1938), écrivain juif allemand, auteur de nombreux textes pour le cabaret pendant la République de Weimar.
Musique d'Otto Stransky (1889-1932), compositeur autrichien.
Interprétée par Ernst Busch, au « Larifari », un cabaret itinérant au contenu fortement politique fondé en 1928 à Berlin par Rosa Valetti, une célèbre actrice de cinéma et de cabaret et chanteuse, et par Erich Einegg, pianiste et compositeur.
La chanson se trouve dans les disques de Busch intitulés « Die Goldenen Zwanziger Jahre » de 1964 et d'« Ernst Busch 1 (Lieder Der Arbeiterklasse 1917-1933) » de 1970.


Sucettes 2004
Au noir-rouge-or, on s'est ralliés.



Une chansonnette de cabaret qui ridiculise gaiement les sociaux-démocrates allemands, dont les candidats, pendant la campagne électorale de 1928, distribuaient aux meetings des savons avec imprimé dessus « Votez SPD ». Une initiative vraiment « propre » pour une Allemagne sur le bord du gouffre où beaucoup de gens plus qu'à se laver étaient préoccupés par quoi se mettre sous la dent… Le SPD gagna quelques sièges mais il ne conquit même pas le tiers du parlement ; les Nazis perdirent des plusieurs sièges mais ils furent appelés à gouverner, ensemble avec d'autres partis du centre et de droite, par les sociaux-démocrates. Ce fut en 1928 en effet que firent leur entrée dans les institutions quelques prétoriens de Hitler comme Hermann Goering, Joseph Goebbels et Wilhelm Frick….


Bonbons 2009
La prochaine fois, nous le referons ;
C'était une bonne affaire.






Nous avons offert à nos frères
D'électoraux savons.
La prochaine fois, nous le referons ;
C'était une bonne affaire.

Moussons, moussons
Savonnons.
Relavons
Nos mains à fond.

Nous l'avons approuvée,
Cette grande et sainte guerre.
Et nous avons tant cédé aux militaires,
Que notre conscience en est retournée.

Moussons, moussons
Savonnons.
Relavons
Nos mains à fond.

Ensuite, on est retombés sur nos pieds
Au noir-rouge-or, on s'est ralliés.
Et puis, la révolution est venue,
On ne l'avait pas voulue.

Moussons, moussons
Savonnons.
Relavons
Nos mains à fond.

Nous avons écrasé la révolte,
Le calme est revenu sur le terrain.
Le sang des rouges
Colle encore à nos mains.

Moussons, moussons
Savonnons.
Relavons
Nos mains à fond.

Nous avons offert à nos frères
D'électoraux savons.
La prochaine fois, nous le referons ;
C'était une bonne affaire.


Moussons, moussons
Savonnons.
Relavons
Nos mains à fond.

mardi 22 avril 2014

MISERERE ALLEMAND

MISERERE ALLEMAND


Version française – MISERERE ALLEMAND – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Deutsches Misererere – Bertolt Brecht – 1943-44

Mise en musique par Hanns Eisler.

Interprétée par Ernst Busch ; : « Der Heilige Krieg/Frieden Der Welt » et « Ernst Busch Singt Tucholsky Und Brecht – Deutsches Miserere », tous les deux édités par Aurora Schallplatten en 1967.






LA FIN EST PROCHE
Miserere Seigneur !






Je crois que le « Miserere allemand » brechtien, dans son texte complet, a été mis en musique seulement par le compositeur allemand Paul Dessau (1894-1979) dans son oratorio pour chœur mixte, chœur de voix blanches, soprano, contralto, et ténors et basses solistes, grand orchestre, orgue et Trautonium (appareil électronique révolutionnaire inventé en 1929 par Friedrich Trautwein). 
Même Wolf Biermann interpéta le « Deutsches Miserere », sur son disque « Trotz Alledem ! » de 1978.

Leo Ferré avait lui aussi écrit un Miserere, intitulé Psaume 151. [http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47149]



« L'ennemi est fort et comment rentrer chez nous, on l'ignore !
Ramenez-nous chez nous ! Miserere Seigneur !», c'est en effet la manière la plus normale de rentrer chez soi, dit le rabbin de Prague ou de Bratislava..., commente Lucien l'âne en riant. 

Et tous comptes faits, répond Marco Valdo M.I., Hitler avait raison en 1940 quand dans un de ses flamboyants discours, il disait aux Allemands qu'il envoyait massacrer et se faire massacrer par millions : 

"Dans cinq ans, vous ne reconnaîtrez plus l'Allemagne !" 


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Un beau jour notre Chef nous ordonne
De conquérir de Dantzig, la ville libre
Nous sommes entrés avec des tanks et des bombardiers en Pologne
Et nous l'avons conquise en trois semaines.
Miserere Seigneur !

Un beau jour notre Chef nous ordonne
De conquérir pour lui la belle France.
Nous sommes entrés avec des tanks et des bombardiers en France
Et nous l'avons conquise en cinq semaines.
Miserere Seigneur !

Un beau jour notre Chef nous ordonne
De conquérir pour lui l'immense Russie
Nous sommes entrés avec des tanks et des bombardiers en Russie
Et nous avons durement combattu pendant deux années
Miserere Seigneur !

Un beau jour notre Chef nous ordonne
De conquérir le fond des océans et la surface de la Lune.

Et c'est encore plus dur là qu'en terre russe
L'ennemi est fort et comment rentrer chez nous, on l'ignore !
Ramenez-nous chez nous ! Miserere Seigneur !

lundi 21 avril 2014

LES ENFANTS DE BULLENHUSER DAMM

LES ENFANTS DE BULLENHUSER DAMM



Version française – LES ENFANTS DE BULLENHUSER DAMM – Marco Valdo M.I. – 2014
d'après la traduction italienne de Riccardo Venturi d'une
Chanson allemande - Die Kinder vom Bullenhuser Damm – Hannes Wader – 1989



La Mort du prisonnier ( Camp de Neuengamme)





Il s'agit en réalité d'un récit dit par la voix prenante de Wader, accompagné simplement du son d'une boîte à musique.
Wader nous parle d'un ogre méchant et d'un groupe d'enfants qui finirent sous ses griffes, mais il ne s'agit malheureusement pas d'une fable…

L'ogre répondait au nom de Kurt Heissmeyer (1905-1967), un médecin médiocre, de modeste intelligence, qui avait cependant l'ambition d'obtenir un poste universitaire prestigieux. Objectif difficile à atteindre, vu que le jeune médecin n'avait même pas à son actif une seule publication scientifique. Heissmeyer cependant pressentit qu'en devenant un fervent nazi et en se rapprochant des milieux les plus fanatiques du régime, ceux de la SS, il pourrait obtenir de belles avancées dans sa carrière. Il se rendit ainsi vite compte que, avec tout ce matériel humain à perdre disponible dans les centaines de camps de concentration existants, en se faisant assigner au laboratoire médical de l'un quelconque de ceux-ci, peut-être même pas trop loin de chez lui, il pourrait mener librement des expérimentations nécessaires pour revigorer son maigre C.V.

En se faisant recommander par de hauts gradés de la SS, Kurt Heissmeyer se vanta d'être un spécialiste d'immunologie et bactériologie et d'avoir développé un vaccin contre la tuberculose pulmonaire qui cependant devait être expérimenté sur des cobayes humains avant de pouvoir être mis sur le marché. Leonardo Conti, président de la chambre des médecins allemands, haut officier de la SS (qui s'est suicidé ensuite en cellule à Nuremberg en 1945), fut enthousiasmé par l'idée et assigna Heissmeyer au camp de Neuengamme, près de Hambourg. Dans sa baraque laboratoire, Heissmeyer commenca à se procurer une trentaine de prisonniers russes et à leur injecter sous la peau les bacilles tuberculeux, convaincu que la réaction à l'infection aurait spontanément engendré des défenses immunitaires. Les protocoles employés par Heissmeyer avaient déjà été démentis des années avant par la médecine, mais il les appliqua quand même sans avoir le moins conscience de ce qu'il faisait. Lorsque les cobayes commencèrent à mourir, il ne se donna pas pour vaincu et demanda à son ami et collègue Josef Mengele, lui-même très engagé au camp de Birkenau, de lui expédier une vingtaine d'enfant juifs pour continuer l'expérimentation.

« Qui veut voir sa maman ?  », dema nda Mengele aux enfants à sa disposition…

Les 20 petits « volontaires », entre les 5 et 12 ans, en majorité polonais (mais aussi français, yougoslaves, hollandais et même, un italien, Sergio De Simone, 7 ans, de Naples) arrivèrent à Neuengamme à la fin novembre 1944. Le Reich s'écroulait, mais pas l'enthousiasme de Kurt Heissmeyer, qui injecta à ces enfants les habituels bacilles et ensuite, après quelques jours, il leur extrait les ganglions lymphatiques axillaires où il pensait que s'étaient concentré les anticorps mûrs. Mais les glandes lymphatiques ne révélèrent aucune réaction positive.

Avec l'armée alliée aux portes de Hambourg, Heissmeyer se dégonfla, son programme d'étude fut annulé et se posa le problème de faire disparaître ces pauvres petits cobayes infectés…
Le camion avec les enfants à bord roula une dizaine de minutes ; à 22h30 environ, il s'arrêtait dans la Spaldingstrasse devant l'école de Bullenhuser Damm.
Il s'agissait d'un immeuble qui était resté indemne au milieu d'une mer de ruines provoquées par les bombardements alliés sur Hambourg. Les SS avaient affecté l'ex-école au camp de concentration satellite de Neuengamme et ils y avaient concentré des prisonniers provenant du Danemark et de la Norvège.

La vieille école était vide : tous les prisonniers avaient été évacués sur les camions de la Croix Rouge suédoise.
Attendant le camion à la Bullenhuser Damm, il y a l'Obersturmführer Strippel : c'est le commandant du camp.
Selon le témoignage de Trzebinski, Ss-Hauptsturmführer et médecin du camp de Neuengamme, entre les deux SS se déroula une discussion :

« Je demandai à Strippel [Ss-Obersturmführer à Neuengamme, mort dans son lit en 1994] de lui parler en privé, je lui parlai très clairement, je lui dis qu'il fallait des instructions : le Département Heissmeyer avait été dissous et Max Pauly [commandant des camps de Stutthof et de Neuengamme, poursuivi en justice et de pendu des alliés en 1946] m'avait confié la désagréable tâche d'empoisonner les enfants.
Je lui dis que je n'avais pas intention de le faire et que je n'avais pas de poison. Strippel me répondit que si Pauly avait donné un ordre, il fallait l'exécuter.
Je lui dis alors que je n'avais pas apporté avec moi le poison intentionnellement. Strippel s'énerva et il me dit que si les choses étaient ainsi il pourrait me coller au mur et que ce serait le cas, si je le défiais.
Je répondis qu'il fallait un ordre de Berlin et que s'il était arrivé, nous l'aurions exécuté. Nous continuâmes à discuter à propos du poison que je n'avais pas avec moi. À la fin, il dit que vu que j'étais un couard, il prendrait en main l'affaire. »

On fit descendre du camion les Russes, les médecins, les infirmiers et on les fit entrer dans l'école. Les deux médecins français et les infirmiers hollandais furent placés dans une chambre, les enfants dans une autre et les Russes dans la chaufferie.
Dans l'école avec Trzebinski , il y avait Strippel, Jauch, Frahm et Dreimann.
Il était environ 23 heures du 20 avril 1945. Les premiers à mourir furent les médecins français et les infirmiers hollandais.
Au procès Jauch se rappela : « Dreimann avait attaché quatre cordes à des crochets et mit la corde autour du cou des prisonniers ensuite les souleva du sol et il les tint ainsi pour trois ou quatre minutes jusqu'à qu'ils moururent. Je constatai que contrairement à quel avait été dit personne n'opposa de résistance. J'aurais été content de sauver le médecin français [Quenouille] mais je n'étais pas en mesure de le faire. »
Quenouille, Florence, Deutekom et Holzel pendaient aux crochets, étranglés par la corde. Dans l'autre pièce, furent pendus les six Russes. Maintenant, c'était le tour des enfants.

Aux enfants,on fit des injections de morphine et ensuite, ils furent pendus comme les autres, « comme des cadres aux murs », dit au procès un des exécuteurs, le SS Johann Frahm. Le massacre se termina à l'aube avec l'élimination de huit autres prisonniers russes.
Les cadavres des enfants furent rapportés au camp de Neuengamme et incinérés.

Max Pauly, Alfred Trzebinski, Wilhelm Dreimann, Johann Frahm Ewald Jauch furent condamnés à mort par les Anglais en 1946.
L'ogre Kurt Heissmeyer par contre s'en retourna dans son Magdebourg, continuant à exercer la profession de médecin et vivant confortablement. C'est seulement en 1963 qu'il fut arrêté, poursuivi en justice et condamné à la prison à vie. Il mourut en prison quatre ans plus tard.
Ce 20 avril 1945, dans l'école Bullenhuser Damm, en même temps que les 20 petits cobayes humains furent massacrés beaucoup d'autres personnes.
Pour commencer, au moins 24 prisonniers russes furent tués, dont cependant les identités ne furent jamais retrouvées…
Moururent pendus deux médecins et deux aides-soignants qui s'occupaient des enfants. Il s'agissait de :

René Quenouille, un médecin français, communiste, membre de la Résistance, arrêté par la Gestapo en 1943. Déporté d'abord à Mauthausen et ensuite à Neuengamme, il avait toujours soigné les autres prisonniers.

Gabriel Florence, alsacien, professeur de biochimie à l'Université de Lyon, membre du comité français pour l'attribution du prix Nobel. Sous l'occupation, il fut beaucoup engagé dans la tentative de protéger et sauver les collègues de confession juive et entra vite dans le comité médical de la Résistance. Arrêté en 1944, il fut vite assigné au laboratoire de Heissmeyer à Neuengamme. Lorsque il comprit ce que le monstre voulait faire, il chercha inutilement de boycotter l'expérience tentant de faire bouillir les bacilles tuberculeux avant qu'ils fussent injectés aux enfants.
Antonie Hölzel, Hollandais, routier et barman, communiste, arrêté en 1941 en possession de presse censurée par l'occupant nazi. D'abord à Buchenwald et ensuite à Neuengamme, où il fut chargé de s'occuper des 20 enfants sélectionnés pour les expériences de l'ogre Heissmeyer.

Dirk Deutekom, Hollandais, catholique pratiquant, organisateur d'une cellule de la Résistance au moment de l'occupation allemande. Arrêté en 1941, il fut pareil d'Antonie Hölzel à Buchenwald et ensuite à Neuengamme et avec lui il fut assigné au soin des enfants maltraités de l'ogre Heissmeyer.


Et voilà les noms et les faces des assassins. Leurs pauvres biographies ne nous intéressent pas.. (pour ceux qui voudraient en savoir plus : http://www.kinder-vom-bullenhuser-damm.de/_francais/les_responsables.html).


In memoriam :
Birnbaum, Lelka, 12 ans, PolonaiseDe Simone, Sergio, 7 ans, ItalienGoldinger, Surcis, 11 ans, PolonaiseHerszberg, Riwka, 7 ans, PolonaiseHornemann, Alexander, 8 ans, HollandaisHornemann, Eduard, 12 ans, HollandaisJames, Marek, 6 ans, PolonaisJunglieb, W. , 12 ans, Yougoslave
Klygermann, Lea, 8 ans, PolonaiseKohn, Georges-André, 12 ans, FrançaisMania Altmann, 5 ans, née dans le ghetto de RadomMekler, Bluma, 11 ans, PolonaiseMorgenstern, Jacqueline, 12 ans FrançaisReichenbaum, Eduard, 10 ans, PolonaisSteinbaum, Marek, 10 ans, PolonaisWassermann, H. , 8 ans, PolonaiseWitónska, Eleonora, 5 ans, PolonaiseWitónski, Roman, 7 ans, PolonaisZeller, Roman, 12 ans, PolonaisZylberberg, Ruchla, 9 ans, Polonaise




Les jours précédant la fin de la guerre, les SS ont encore
Le temps les pressait –
Maltraité, frappé vingt enfants, d'abord.
Puis, ils les ont pendus dans la cave sous l'école .
Les enfants pesaient peu – La faim les aurait
Bientôt conduits à la mort, mais
Les nœuds ne serraient pas leurs cols .
Trop légers, agrippés aux cordes,
Ils se démenaient et ne mourraient pas.
Pour les suffoquer, les tueurs durent
Se pendre à eux de tout leur poids.

En apparence complètement défaites,
Mais jamais tout-à-fait destituées,
Vivent encore trop de ces bêtes,
Par trop de gens honorées et respectées
Par ceux-là même qui semblent les meilleurs,
Qui s'offusquent des victimes plus que des tueurs
Dans cet État où la plupart de ces tueurs vivent tranquilles
Préservant et entretenant ainsi une épouvantable semence


Avec leurs pattes sanglantes, ils tripotent tendrement leurs petits-enfants,
Supputant sur ce terrain fangeux leur épanouissement
En binant, ils étouffent les rudiments
D'humanité dans leurs rangs.
Il s'agit maintenant de neutraliser les exhalaisons,
Qui montent de ce boueux poison,
Et de les annihiler pour toujours, Messieurs, Mesdames,
En souvenance des enfants du Bullenhuser Damm.