IDÉAL
ET RÉALITÉ
Version
française – IDÉAL ET RÉALITÉ – Marco Valdo M.I. – 2013
Ce
poème sarcastique et amer, écrit par Kurt Tucholsky peu avant que
l'Allemagne ne se rende au fascisme maintenant envahissant , fut mise
en musique par Hanns Eisler à la fin des années 50, à la demande
d'Ernst Busch qui voulait l'interpréter.
Tucholsky était un grand journaliste et un écrivain satirique. Tombé profondément amoureux du cabaret, au point de se transférer en France dans les premiers années 20 pour le savourer dans sa meilleure expression (même si celui de Weimar n'était certain pas moins intéressant, et Tucholsky lui donna sa précieuse contribution en écrivant beaucoup de sketches), dans ses écrits, même ceux apparemment plus « légers », transparaît d'abord tout son espoir dans la phase démocratique qui s'est ouverte en Allemagne dans l'entre-deux-guerres, avec la promulgation de la Constitution de 1919 ; ensuite, plus tard, toute la déception et le désespoir pour la fin de ce rêve – qu'en 1929, année de composition de ces vers, était déjà entièrement évidente – renversé par la crise économique mondiale, par la soudure entre le vieil et le nouvel autoritarisme, entre le grand capital et le national-socialisme montant.
Déjà
en 1930 Tucholsky choisit l'exil en Suède. En 1933, les nazis lui
révoquèrent la citoyenneté allemande, lui confisquèrent toutes
ses biens et ils brûlèrent tous ses livres et ses publications, en
arrivant à emprisonner son très cher ami Carl von Ossietzky que
Tucholsky avait laissé pour diriger l'important hebdomadaire
culturel « Die Weltbühne » refondé par lui en 1914…
Tucholsky se suicidera à Göteborg en décembre de 1935 ; Ossietzky
mourra dans un camp de concentration nazi à Berlin en mai de 1938,
bien qu'en 1935 il avait reçu le Prix Nobel pour la Paix…
Dans
ce « Songe et Réalité », Tucholsky joue ironiquement de
la comparaison entre la femme idéale, haute et mince, et celle
réelle, basse et grasse, pour raconter combien le peuple allemand
était mal préparé à jouir des libertés démocratiques et se
faisait infailliblement m'embobiner d'un nouveau et plus féroce
autoritarisme. Le contraste entre l'idéal, les attentes, les rêves,
et la brutale réalité de la société humaine, ainsi va le monde,
conclut Tucholsky : « C'est la vie ! Célavi ! »Et dans
les années 50 ce qui avait été le douloureux et sarcastique regret
de Tucholsky pour la fin du rêve démocratique de Weimar devenait le
chagrin et la rage d'Eisler pour la trahison du rêve socialiste se
fracassant contre la réalité du totalitarisme soviétique…
******
Je
voudrais simplement faire la remarque que cette chanson a ceci de
particulier qu'on y voit les penchants féminins de Kurt Tucholsky,
lequel apparaissait déjà dans une autre chanson, où il faisait son
entrée dans la vie de Mademoiselle Ilse, qui devait être grande,
mince et blonde, assurément. [[37875]], dit Marco Valdo M.I.
Certes,
dit Lucien l'âne en riant, je me souviens très bien de cette
histoire d'Allemagne dans laquelle on rendait hommage à Kurt
Tuchoslky, alias Peter Pan (ter) et autres personnages. Et Günter
Grass et toi aviez bien raison car Tucholsky est un fameux canut, un
formidable tisserand qui, tout comme nous essayons de le faire
maintenant, tissa le linceul du vieux monde guerrier, militariste,
nationaliste, ambitieux, avide, assassin et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Dans
la nuit calme et notre lit monogame
On s'invente, ce qui manque de vie.
Les nerfs craquent. Quand enfin nous avons cela,
On s'invente, ce qui manque de vie.
Les nerfs craquent. Quand enfin nous avons cela,
Une
chose nous tourmente doucement, elle n'est pas là.
On se figure en pensée
Ce qu'on veut – et ensuite on ne le voit jamais…
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
C'est la vie !
On se figure en pensée
Ce qu'on veut – et ensuite on ne le voit jamais…
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
C'est la vie !
Elle
doit, montée sur roulements à billes ,
Tanguer des hanches, grande et blonde.
Une livre en moins - et elle serait maigre,
Qui donc alors dans ses cheveux irait se mirer …
On succombe ensuite à cette foutue passion,
Dans la hâte et l'imagination.
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
Tanguer des hanches, grande et blonde.
Une livre en moins - et elle serait maigre,
Qui donc alors dans ses cheveux irait se mirer …
On succombe ensuite à cette foutue passion,
Dans la hâte et l'imagination.
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
On
aurait voulu acheter une flûte enchantée
Et on achète un ocarina, car il n'y rien d'autre là.
On voudrait chaque matin se laisser aller
Et ne rien faire. Comme ça...Comme ça...
Et on achète un ocarina, car il n'y rien d'autre là.
On voudrait chaque matin se laisser aller
Et ne rien faire. Comme ça...Comme ça...
Sous
la contrainte impériale, nous avons pensé
À une république,… et maintenant elle est là !
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
À une république,… et maintenant elle est là !
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
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