lundi 23 septembre 2013

OESTERHELD


OESTERHELD



Version française – OESTERHELD – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Oesterheld – Rocco Rosignoli – 2013

Texte et musique de Rocco Rosignoli




Une des plus belles œuvres dédiées à la liberté et à la résistance est une bande dessinée : l'Eternauta (L'Éternaute). Ce n'est pas un hasard s'il sortit dans les années 1950 en se fondant sur l'expérience européenne de résistance au nazisme. La science-fiction de matrice américaine a été identifiée comme une sublimation de la paranoïa collective des États-Unis, dans lesquels Alieno était un alias du communiste. L'Eternauta, oeuvre argentine, se place par contre sur un autre versant ; l'invasion « aliène » est seulement un scénario, dans lequel les hommes sont les protagonistes. L'humanité, au bord du désastre, réussit à donner le meilleur d'elle-même dans la tentative de résister à l'envahisseur.
Cette histoire de science-fiction a été vue comme une sorte de prophétie, dans laquelle le scénariste Héctor Oesterheld pressentait ce qui sera le triste destin de son pays : la dictature autoritaire de Jorge Videla, les stades employés comme camps de concentration, les trente mille « desaparecidos » (disparus). C'est sans doute précisément en raison de sa clairvoyance qu'Oesterheld fut un de ces trente mille. Et à lui, et au concept de liberté, Rocco Rosignoli a dédié cette chanson, contenue dans les cd Testuggini.(Tortues)




Héctor Germán Oesterheld (Buenos Aires, 23 Juillet 1919 – 21 avril 1977) était un auteur de bandes dessinées argentin.

Il naquit en 1919 d'une famille d'origine allemande. Malgré une licence en géologie, sa passion resta pour toute sa vie la littérature, en particulier celle pour l'enfance (grâce à sa profession de géologue, et à son activité parallèle de correcteur pour des éditions, en commençant à écrire ses premières œuvres, pour un public enfantin, il eut la possibilité de traverser l'Argentine pour des recherches pétrolifères pour le compte de la société YPF, alors d'État).
Il commença à travailler comme correcteur d'épreuves auprès d'une imprimerie, puis à écrire des récits pour enfants et en suite, à partir de 1949, à adapter ses premières histoires à des bandes dessinées pour l'Editorial Abril, propriété de Cesare Civita, d'un juif italien réfugié en Argentine pour éviter les persécutions raciales. Auprès de cet éditeur, il travailla à des séries telle que Ray Kitt, Sergento Kirk, Bull Rockett, Uma-Uma, Alan y Grazy, Lord Commando.


En 1957, il fonda avec son frère Jorge l'Editorial Frontera ; avec ces nouvelles éditions, il publia des titres fondamentaux pour l'histoire de la bande dessinée argentine comme Hora Cero et Frontera, qui virent vraiment dans les scénarios d'Oesterheld une des raisons principales de leur succès. En 1957, l'auteur argentin écrivit la première histoire d'Ernie Pike sur le premier numéro du mensuel argentin Hora Cero ; ce premier épisode est dessiné par le déjà célèbre Hugo Pratt, qui en tout en réalisera 34. Pour créer le protagoniste de cette série, Oesterheld a pris la figure d'un reporter américain connu, Ernie Pyle qui fut tué des Japonais en 1945 à Okinawa. Pyle fut correspondant de guerre de 1941 à 1945 à la suite des troupes américaines en Afrique du nord, en Italie, en Angleterre et ensuite en France.

Toujours pour l'Editorial Frontera , il écrivit d'autres séries fameuses comme Ticonderoga ( elle aussi dessinée par Pratt, tout comm la nouvelle version du Sgt. Kirk), Randall (avec les dessins d'Arturo de Castillo), Sherlock Time et Dottor Morgue, ces derniers ont comme dessinateur Alberto Breccia, avec lequel il collaborerait aussi en 1968 à la réalisation d'une biographie d'Ernesto Guevara, publiée posthume en Espagne en 1987 à cause de l’ostracisme du gouvernement dictatorial argentin ; au projet, a collaboré aussi Enrique, fils d'Alberto (Breccia).

Pour la même maison d'éditions, il publia aussi celle qui reste une des plus belles et importantes oeuvres de la bande dessinée mondiale et du genre science-fiction en particulier : L'Eternauta [http://www.eternauta.com/indexframe.htm]. La saga, publiée en feuilleton sur Hora Cero Semanal et dessinée par Francisco Solano López, à beaucoup a semblé un métaphore annonciatrice de la dictature qui pau après avait bouleversé l'Argentine.

Oesterheld disparut le 21 avril 1977 à la Plata, enlevé par une bande armée. De ce moment, il a fait partie de la nombreuse cohorte des desaparecidos argentins. En juin de l'année précédente avaient disparu deux de ses filles, Beatriz Marta et Diana Irene, cette dernière enceinte de six mois. En novembre 1977 à disparaître, ce fut une troisième de ses filles, Marine (enceinte de huit mois), dont le mari était déjà disparu. Le mois après fut tuée, avec son mari, Estrela Inés, la dernière de ses filles, qui jusqu'alors avait survécu à la sale Guerre de la junte militaire argentine.

Selon les registres récoltés par la CONADEP, il fut détenu dans la caserne Campo de Mayo et dans les centres de détention clandestine connus comme El Vesubio et El Sheraton et il fut même vu dans le Batallón de Arsenales 601 Domingo Viejobueno ; il fut assassiné, on croit, à Mercedes, en province de Buenos Aires, en 1978.





Ora e sempre : Resistenza !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I et Lucien Lane
(reprenant en chœur leur sentence favorite, tirée de l'Ode à Kesselring de Piero Calamandrei)





Je voudrais raconter ton histoire,
Mais je ne sais si je saurai le faire :
Il est des lieux communs et des pièges
Difficiles à éviter.

Tu as saisi la meilleure part de l'homme,
Montré les miracles qu'il fait
Quand il affronte qui ne montre pas son visage
Et veut lui ôter la liberté,

C'est un petit mot,
Employé trop,
N'importe qui s'en emplit la bouche,
Qui parle de communisme ou d'économie.

C'est un mot bien joli
Qui vide ne veut rien dire .
Mais ce que tu racontes
Ce sont les miracles de l'esprit.

Quand aujourd'hui, il neige à Buenos Aires
Tout le monde se souvient de ton histoire ,
Car résister est plus que nécessaire,
C'est une exigence de la nature.

L'histoire éternelle ne peut s'interrompre
Même si qui l'écrit vient à disparaître,
Tes étincelles dans la pénombre
Nulle horreur ne pourra les éteindre.

Alors qu'à l'appel tu manques encore
Comme les trente mille après l'ouragan
Sur Buenos Aires tombe la neige :
On ne l'avait pas vue depuis nonante ans.

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