Birgit Treuhand, liquidator
Canzone
française – Birgit
Treuhand, liquidator –
Marco Valdo M.I. – 2013
Histoires
d'Allemagne 93
An
de Grass 94
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Birgit en personne
Cette
Histoire d'Allemagne, comme toutes les précédentes, est en fait la
transposition d'un récit en chanson et comme pour chacune des
précédentes, on entend un narrateur particulier ; en l'occurrence,
une narratrice qui débite un monologue autojustificateur. C'est une
sorte de lamentation dans laquelle elle tente de justifier le
retentissant échec de l’Exposition universelle de Hanovre dont
elle était le Commissaire général et le massacre économique
qu'elle a mené en dirigeant la Treuhand jusqu'à sa fin en décembre
1994... Un office public chargé de remettre sur pied l'économie de
la République Démocratique. Ici, dans la chanson, on l'appellera
Brigit Treuhand, pour rappeler le forfait.
Fille
de banquier failli, elle s'y connaissait donc en faillite et su mener
au port celle de presque toute l'économie de la Démocratique en
faisant profiter de ses dépouilles les prédateurs de la Fédérale.
Ce fut une formidable arrivée de sang frais pour les vampires du
privé, un massacre pour les travailleurs (elle a créé plus de deux
millions de chômeurs...), un désastre pour les régions concernées
et une fameuse saignée pour le pays tout entier. On verra ça dans
la chanson. Un journal économique français de l'époque décrit
l'affaire comme suit : « Chargé de liquider les entreprises non
rentables, l'office a supprimé des pans entiers de l'industrie
est-allemande, laissant sans emploi 2 millions de personnes.
Plusieurs entreprises ont été sacrifiées sur l'autel de la
concurrence avec l'Ouest, comme la compagnie aérienne Interflug ou
les mines de potasse de Bischofferode. Des dizaines de cas
d'escroqueries ont été découverts, impliquant parfois des membres
de la Treuhand: privatisations bradées, subventions détournées,
actifs de sociétés pillés par leurs nouveaux propriétaires.
Enfin, alors qu'elle prévoyait de générer des bénéfices, la
Treuhand laisse une ardoise de 270 milliards de DM... » Ceci dit, on
est vraiment dans un univers orwellien. Imagine avec tout ça que
Treuhand peut se traduire par Fiduciaire, société de confiance, «
en main de confiance, en de bonnes mains ».
Orwell
n'aurait pas trouvé mieux, dit Lucien l'âne en riant.
Le
pire de tout, c'est que c'est le modèle de ce qui se fait
actuellement en Grèce (REGARDEZ CE QU'ILS FONT AUX GRECS, ILS VOUS
LE FERONT DEMAIN...) et qui se met en place ailleurs ; en fait, dans
chaque pays d'Europe. On trouve des aventures similaires ailleurs
dans le monde... En fait partout où on privatise... et on privatise
partout. Et toutes les sirènes du politiquement correct sonnent dans
le même sens avec un bel unisson. Et, si l'on n'y prend garde, les
mêmes méthodes vont donner les mêmes résultats.
C'est
évident, dit Lucien l'âne. Ce sont des comportements de chacals,
des mœurs parasitaires, phagocytaires... Mais en somme, elle ne
faisait que répéter ce que le Reich précédent avait
systématiquement réalisé dans l'ensemble des pays conquis par ses
armées. Encore une fois, nous avons plus que raison de tisser
inlassablement le linceul de ce vieux monde escroc, vampire,
privatiseur, dépeceur et cacochyme.
Heureusement
!
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
J'ai
beau être une femme
Rien
ne peut m'entamer
Je
suis dure comme l'acier
Je
suis brillante comme la flamme
J'aime
voir le soleil se coucher
Sur
les bords de l'Elbe, l'été
J'envie
les vagues et les flots
Quand
je vois passer les bateaux
L'eau
au ras de la ligne
Qui
vont et viennent
De
la mer à Hambourg
Et
retour
Ils
m'appellent Treuhand maintenant
C'est
papa qui serait content
Lui
qui était banquier et qui a fini
Failli
Moi,
je ne cours aucun danger
Aucune
enquête ne peut m'entamer
Secret
d'État sur tous mes dossiers
Privatisation,
vitesse, opacité
Vite,
vite, vite, la course est lancée
Faut
tout liquider d'ici la fin de l'année
On
paye à la prime, sans discuter
Je
vends un peuple entier
Certains
trouvent ça indécent
J'encaisse
des milles et des cents
J'achète
les investisseurs à crédit
Les
mafieux de tous les pays se sont unis
Aigrefins,
affairistes de l'Ouest se sont servis
Après,
ni vu ni connu, c'est fini
Deux
cent septante milliards envolés
En
somptueuses affaires un peu partout.
J'ai
dit envolés... On ne sait pas où.
Secret
d'État. Faut pas chercher.
Et
cette exposition universelle, parlez m'en
Avec
les billets subventionnés
On
a réussi à perdre des milliards
C'était
du grand art
Des
milliards encore une fois
Tout
ça grâce à moi, à moi, à moi
J'ai
beau être une femme
Rien
ne peut m'entamer
Je
suis dure comme l'acier
Je
suis brillante comme la flamme
J'aime
voir le soleil se coucher
Sur
les bords de l'Elbe, l'été
J'envie
les vagues et les flots
Quand
je vois passer les bateaux
L'eau
au ras de la ligne
Qui
vont et viennent
De
la mer à Hambourg
Et
retour
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