BOUCHE DE ROSE
Version française – BOUCHE DE ROSE – Marco Valdo M.I. – 2008
Chanson italienne – Bocca di Rosa – Fabrizio De André – 1967
Suite à un incident technique, l'ensemble du précédent blog Canzones a été écrasé et de ce fait, ne peut plus être continué dans son ancienne forme... Il est cependant toujours accessible.
On va donc tout reprendre depuis le début et revoir les quelques 1750 articles... Ce sera l'occasion de la corriger et peut-être de les améliorer...
Bien sûr, il y faudra de la patience et du temps... On compte en mois ou en années...
Bouche de Rose était la première... La revoilà !
Une
remarque d'abord avant d'aller plus loin. Donc, une remarque
préliminaire. Je n'ai jamais compris pourquoi les CCG n'ont pas mis
Bocca di Rosa parmi les Chansons contre la Guerre, alors qu'il existe
par exemple, un « parcours » de la « guerre contre
les femmes ». Je dis cela, car j'avais envoyé une traduction
de Bocca di Rosa – Bouche de Rose, il y a bien longtemps. Je pense
même que c'était la première ou une des premières que j'avais
faite. Était-elle si mauvaise ? Je ne sais. D'ailleurs, je la
représente aujourd'hui « telle quelle ». J'ai tout juste
un peu plus nourri notre conversation.
Je
le fais car notre bon Ventu vient d'insérer tout un texte de sa main
à propos de Bocca di Rosa dans les commentaires à une chanson de
Brassens
[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=43084#agg123852].
Cela
dit... Je tiens personnellement Bocca di Rosa pour une des plus
belles chansons de Fabrizio De André et aussi, comme l'illustration
de sa complicité avec Georges Brassens. Tout comme la Chanson de
Marinelle – Canzone di Marinella.
Et
je ne comprends pas pourquoi elles sont ainsi ostracisées, renvoyées
dans les commentaires à une chanson de tonton Georges qui est tout
aussi indirectement qu'elles, une chanson contre la guerre. Il me
paraît de toute justice et de toute équité de les replacer comme
chansons – canzoni à part entière dans cette formidable
chantothèque ...
Et
puis, ce portrait d'une femme libre et légère, libertine (Ah !
Voltaire, Ah ! Diderot!) est un fameux pied de nez à toutes les
bien-pensantes, à toutes les mégères, Mysogynie à part
[http://lymoc.pagesperso-orange.fr/paroles/map_p.html]
à toutes les emmerdeuses et aux emmerderesses itou. Cela dit, je ne
leur fais pas la guerre à celles-là, je me contente de les écarter,
de les ignorer et tout comme toi, de poursuivre mon chemin. Sauf bien
évidemment, si comme pour Margoton, elles s'en prennent à mon chat
– là, je leur enverrai mon fantôme pour les persécuter dans
toute l'éternité.
J'insère
donc ici la traduction du texte de Riccardo Venturi : BOCCA
DI ROSA
di Riccardo Venturi (2001)
di Riccardo Venturi (2001)
BOUCHE
DE ROSE
Riccardo
Venturi
(2001)
(traduit
de l'italien : Bocca di Rosa – Riccardo Venturi 2001 – dans
[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=43084#agg123852]]
Peut-être,
peut-être celle-ci serait la « bonne page» pour mettre cette
vieille histoire, écrite en son temps pour une mailing list. Une
« Bocca di Rosa » légèrement adaptée aux
«temps nouveaux », mais il y a quand même un peu de
« Marinella », surtout à la fin. Je me rappelle qu'à
l'époque, quelqu'un l'avait prise pour une vraie nouvelle ; on voit
qu'elle était entièrement plausible. Mala tempora currunt. La
« Gazette du Levant » et plus exactement, La Gazette du
Levant n'existe pas ; ou mieux, elle existe partout. (rv)
Ils
l'appelaient Bouche de Rose, qui était – dit la « La
Gazette du Levant »
– la traduction exacte de son nom en langue yoruba ; Okôbwa Gblé.
Débarquée clandestinement sur une improbable côte italienne,
sortie d'un camion roumain ou ukrainien, arrivée en avion du Nigeria
avec quatre autres filles de même pas vingt ans, avec les billets
payés par l'habituel « on ne sait qui ».
Que
leur avaient-ils dit ? Il suffit de dire peu à une fille qui vit
dans une baraque de la banlieue de Lagos ; il suffit une promesse
vague, un travail, quelque chose à gagner pour une mère et six
frères et sœurs, dont quatre malades du SIDA. Une très belle
fille, de celles qui font tourner la tête ; violée à onze ans et
demi par un oncle petit « ras » (chef) du bidonville. Il
n'y a pas pas de quoi s'étonner ; ça se passe aussi chez nous.
Et
le travail, elle l'a trouvé, Bouche de Rose; accueillie par un métis
de ses compatriotes et d'« italiens », elle a été
affectée à sa zone. Elle lui plaisait même relativement bien : un
quartier de l'extrême banlieue du levant génois, de Sant'Ilario,
qui un temps était un village et maintenant se confond avec les
autres quartiers peuplés d'autoroutes au cinquième étage des
maisons, de viaducs et d'anciens clochers coloriés qui paraissent
vraiment des diamants dans le fumier.
Sur
la nouvelle allée d'accès au quartier, obtenu après tant d'années
grâce à la bataille de l'habituel comité civique (présidé par le
notaire, chevalier. Tiberio Deogratias, et du principal du collège
local – je ne me rappelle pas son nom, mais qui était connu, assez
curieusement, comme « Moustache de Suif »), la fille
nigériane Okôbwa Gblé – les accents ne sont pas mis là par
hasard ; ils indiquent des « tons » précis de sa langue
compliquée – semble avoir obtenu immédiatement un grand
« succès ». Avec d'autres compagnes de routes –
albanaises, roumaines, sénégalaises – elle arrivait lorsque,
l'été, il faisait encore jour. Un travail comme un autre, se
disait-elle. Mieux que mourir de faim à la maison. Mieux que mourir
du SIDA. Ici, au moins, tous sont bien propres et enfilent un
préservatif. Le « Mal d'Afrique » : ce sont les
blancs qui l'ont inventé, non ?
La
« Gazette du Levant», comme tous les journaux locaux de ce
monde, accorde beaucoup d'importance aux « faits divers» ; on
ne sait peut-être pas lesquels sont authentiques et lesquels sont
inventés de toutes pièces, mais il faut faire bouillir la soupe, et
il faut aussi survivre à la concurrence impitoyable de GQC (Grand
Quotidien Citadin, de tendances philogouvernementales indépendamment
du Gouvernement). Il semble donc que, pour passer une demie heure
avec Bouche de Rose, ils arrivaient même du centre et même de
l'extrême ponant. De Voltri et d'Arenzano, en somme ; et, si vous
connaissez Gênes, ça fait une belle trotte. Inutile de dire,
ensuite, que la population masculine de Sant'Ilario formait souvent,
entre onze heures et minuit, un petit engorgement sur le boulevard.
Parfois, il y avait la régulière descente de la Police ou des
Carabiniers, et puisque la fille était en attente d'un permis de
séjour, un commissaire maigre, qui était connu pour séquestrer des
valises de pendentifs, avait émis un permis provisoire. Mais Bouche
de Rose, ensuite, devait retourner à son boulevard ; ceux de la
bande n'étaient pas tendres avec celle qui traînait.
Cette
histoire a une allure singulière ; quelqu'un, qui sait, pourrait un
jour nous écrire une chanson dessus (même si, franchement, on ne
voit pas actuellement qui pourrait). Sant'Ilario, comme nous l'avons
dit (et comme, d'autre part, particulièrement l'a écrit la
« Gazette du Levant») est un village pas encore fort urbanisé
; le résultat est qu'il vit les problèmes de la grande ville et des
banlieues dégradées sans avoir perdu les caractères et les défauts
du village. Vu que maris, fiancés et amants de vingt à soixante ans
démontraient aimer s'entretenir un peu trop avec cette « sale
nègre » (ils le faisaient même depuis longtemps avec
d'autres, mais on sent bien que Bouche de Rose devait être
légèrement plus belle que la moyenne), les commères étaient
compréhensiblement et visiblement préoccupées. « Et s'il me
revient à la maison avec le SIDA, ce porc ? » « On
devrait les rejeter toutes à la mer ! » « Maudites,
qu'elles restent chez elles ! » « Mon mari, je ne le
touche même plus avec un doigt ! Il est infecté ! » « Mais
comment c'est possible que l'État et la Police ne fassent rien ? »
Selon
la « Gazette du Levant », voici un échantillon des phrases
plus fréquentes qui s'entendirent à une assemblée publique
enflammée convoquée au cinéma « Odéon » (ou
« Métropolitan » ? « Gambrinus » ? Bof.). Il
fallait faire quelque chose ; devant le cinéma, stationnait une
petite foule, convoquée par la section de la Ligue d'Action
Populaire (un mouvement qui commençait à avoir quelque succès,
même au niveau national). Il y avait des écriteaux jaunes avec
lettres noires (le jaune et noir sont les « couleurs
officielles » du mouvement) ; l'un disait « Dehors Bouche
de Rose », ou bien « Bocca de Rosa go home » ; un
autre plus audacieux, mais certain d'interpréter correctement les
sentiments de la masse, s'était hasardé à écrire « Dehors
la sale nègre de Sant'Ilario ».
(Bien
entendu, diverses personnes qui manifestaient étaient habituellement
vues – entre onze heures et minuit sur le boulevard ; mais sur ce
détail, la « Gazette du Levant» glisse légèrement).
Comme dans toutes les assemblées du genre, on n'arrivait cependant pas à une conclusion claire. Elle semblait être l'habituelle manifestation de muscles qui se termine en queue de poisson, lorsque, tout à coup, une vieille du quartier prit la parole. Jamais mariée, sans enfant et – de l 'avis unanime, laide comme la faim [laide comme un pou, dit-on usuellement en français], elle parla peu. Il y en avait qui continuaient à invoquer la Police et l'État ; elle, par contre, dit simplement que « nous devons y penser tout seuls, et d'une manière définitive ». On la laissa partir avec des ovations, comme disait Brassens dans le Mécréant.
Comme dans toutes les assemblées du genre, on n'arrivait cependant pas à une conclusion claire. Elle semblait être l'habituelle manifestation de muscles qui se termine en queue de poisson, lorsque, tout à coup, une vieille du quartier prit la parole. Jamais mariée, sans enfant et – de l 'avis unanime, laide comme la faim [laide comme un pou, dit-on usuellement en français], elle parla peu. Il y en avait qui continuaient à invoquer la Police et l'État ; elle, par contre, dit simplement que « nous devons y penser tout seuls, et d'une manière définitive ». On la laissa partir avec des ovations, comme disait Brassens dans le Mécréant.
La
nuit d'après – et ici la « Gazette du Levant» se fait
vague, parce qu'il y a une enquête en cours et le procureur n'admet
pas de fuites – il semble qu'une auto avec à bord trois hommes se
soit rendue à l'endroit où Bouche de Rose avait coutume stationner
en attente des clients. Enlevée avec la promesse d'une substantielle
compensation, la fille nigériane Okôbwa Gblé de 19 ans, une
clandestine en attente de régulariser son permis de séjour, est
emmenée sur un viaduc de l'autre côté de la ville. Peut-être
pressentit-elle quelque chose, peut-être non ; à un certain moment,
elle sortit un couteau de cuisine. Il y eut, comme on lit toujours
dans la gazette, un « bref corps-à-corps » ; et il était
forcé qu'il soit bref. Une fille seule contre trois énergumènes.
Elle en a même reconnu un ; c'était celui qui demandait toujours un
« pissing ».
Ils la prennent de force. Elle est déjà assommée. Il est quatre heures du matin, il n'y a pas une âme alentour. Quatre-vingt mètres de vol; et personne ne l'a vu voler.
Ils la prennent de force. Elle est déjà assommée. Il est quatre heures du matin, il n'y a pas une âme alentour. Quatre-vingt mètres de vol; et personne ne l'a vu voler.
L'a
trouvée, à sept heures et demi du matin, un garçon qui allait à
école ; il a tout raconté la police ; mais à la « Gazette
du Levant», il ne voulut rien dire. Vous le comprendrez. Avez-vous
jamais vu quelqu'un qui est balancé de la moitié ou du tiers de ces
(80) mètres ? Moi oui, au moins une dizaine ; et je vous assure que
c'est un spectacle auquel on ne s'habitue jamais. Plus on voit la
mort, et moins on s'y habitue.
Donc,
adieu Bouche de Rose. Quelqu'un t'a fait un enterrement de troisième
catégorie, sans vierges au premier rang. Tu as fini dans un
cimetière quelconque, avec ton nom et ton âge. Pas de photo. La
célèbre « pitié anonyme » de temps en temps dépose
une fleur sur ta tombe, qui d'ailleurs se fane rapidement. Tu penses
quelle affaire : un chanteur d'ici, tant d'années avant, sur un fait
du genre, nous avait vraiment écrit une chanson. À propos d'une qui
« s'était envolée au ciel sur une étoile ».
Malheureusement, ce chanteur est mort, il y a quelques années ; pour
toi aucune chanson, aucune étoile. Tu ne t'es pas envolée au ciel,
mais seulement d'un viaduc dans une nuit sans lune.
Ah,
Lucien l'âne mon ami toujours très porté sur les choses de
l'amour, tu vas aimer cette chanson. C'est une chanson d'amour, c'est
évident, mais une chanson qui relate un épisode de guerre, tout
aussi clair. Elle s'intitule Bouche de Rose.
Oh,
oh !, dit Lucien l'âne en rougissant du bout des lèvres, voilà qui
me paraît passionnant et tout à fait dans mes préoccupations, moi
qui, comme tu le sais, suis ensorcelé et ne pourrai retrouver mon
apparence originelle que si j'arrive à manger certaine rose...
Peut-être, vais-je enfin la rencontrer.... Mais que raconte au juste
cette chanson et de qui est-elle ?
Dans
l'ordre : c'est une chanson de Fabrizio De André, grand
auteur-compositeur-interprète italien... On lui connaît plus d'une
centaine de chansons. Il est aussi connu comme celui qui a fait
connaître Georges Brassens au public italien. Cette chanson-ci,
Bouche de Rose est d'ailleurs à mon sens une chanson qui irait très
bien dans l'univers de Tonton Georges. Une sorte de variante de
Margoton, mais en plus explicite cependant. Je suis même à peu près
sûr de la filiation : on y retrouve les gendarmes, tous les hommes
de la commune, les femmes coalisées, jalouses et rancunières contre
la jeune et jolie bergère, qui plaît tant aux hommes. C'est
quasiment un archétype. D'ailleurs, va lire À l'Est d'Eden du bon
Steinbeck... Dans un certain sens, c'est une critique féroce du
groupisme, du panurgisme et du « Il faut être comme tout le
monde », qui est le fondement de tout fascisme. Car à quoi
crois-tu que sert la mode ? Bien sûr, à développer le chiffre
d'affaires de commerçants, mais aussi et je pense même surtout à
tenir le troupeau.
Nous
les ânes, on n'est pas trop portés sur le troupeau et moi qui te
parle, Marco Valdo M.I. mon ami, moi qui te parle, je serais plutôt
partisan de la mauvaise herbe. Elle a meilleur goût.
Je
sais, je sais, je te connais assez, Lucien l'âne mon ami, pour
savoir que tu as – comme moi d'ailleurs et tonton Georges et
Fabrizio et Riccardo et Bouche de Rose et des millions d'autres
(heureusement !) « mauvaise réputation ».
« Mieux
vaut avoir mauvaise réputation que pas de réputation du tout »,
comme aurait dit Michel Simon à propos de sa gueule :« Mieux
vaut avoir une sale gueule que pas de gueule du tout » et il en
avait une fameuse et laide avec ça.
Donc,
je te disais une histoire de guerre, une dénonciation d'une forme de
guerre sournoise que les femmes de bien mènent contre les femmes qui
répandent le bien. Une guerre féroce, parfois même carrément
atroce dans laquelle on retrouve les pires coups tordus, jusque et y
compris le meurtre. La femme libre – tout comme l'homme libre,
d'ailleurs – est souvent mise au ban, reléguée en quarantaine,
écartée, puis, poursuivie, chassée – c'est le cas de Bouche de
Rose ou franchement poussée à la mort, c'est le cas de Clara la
pazza, celle qui ne pouvait dire que Houhou !
(http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=8853&lang=it).
Alors,
dit Lucien l'âne, il n'y a pas que les hommes à être d'aussi
exécrables tueurs...
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
On l'appelait Bouche de Rose
Elle mettait l'amour au dessus de tout
On
l'appelait Bouche de rose
Elle
mettait l'amour par dessus tout
Dès son arrivée à la gare
Dès son arrivée à la gare
Du
village de Saint Hilaire
Tous
s'aperçurent d'un regard
Qu'elle
n'avait rien d'un missionnaire.
Y
en a qui font l'amour par ennui
Y
en a qui en font une profession
Bouche
de Rose ni l'un ni l'autre
Elle
le faisait par passion
Mais
la passion souvent conduit
À
satisfaire ses propres envies
Sans
chercher si le bien-aimé
A
le cœur libre ou est marié
Il
fallut que cela un jour advienne
Bouche
de Rose s'attira
La
colère funeste des chiennes
Auxquelles
elle avait piqué leur plat.
Mais
les commères du village
Ne
brillaient pas par l'initiative
Leurs
répliques à cet outrage
Se
limitèrent à l'invective.
On
sait que les gens donnent de bons conseils
Discourant
comme Jésus au Temple,
On
sait que les gens donnent de bons conseils
Quand
ils ne peuvent donner le mauvais exemple.
Ainsi
une vieille jamais mariée
Sans
enfant et sans désir,
S'efforça
avec plaisir,
De
donner à toutes le conseil approprié.
S'adressant
à ces cornues, elle dit
Sur
un ton sans réplique :
« Le
vol d'amour doit être puni
Par
les autorités publiques ».
Elles
s'en allèrent trouver le commandant
Et
lui dirent sans barguigner :
« Cette
salope a déjà plus de clients
Que
tout un supermarché »
On
envoya quatre gendarmes
Avec
leur plumet, avec leur plumet,
On
envoya quatre gendarmes
Avec
leurs armes et leur plumet.
Le
cœur tendre n'est pas du métier
Que
pratiquent les carabiniers
Mais
cette fois au train
Ils
l'emmenèrent sans trop d'entrain
Cette
nouvelle originale
N'eut
besoin d'aucun journal.
Comme
une flèche décochée,
Partout,
elle s'est envolée.
À
la gare, tous étaient là
Du
commandant au sacristain
À
la gare, tous étaient là
Les
yeux rouges, le chapeau à la main.
Pour
saluer celle qui
Sans
aucune prétention,
Pour
saluer celle qui
Importa
l'amour dans le canton.
Sur
le quai, on voyait une pancarte jaune
Avec
un écrit au mitant
Qui
disait : « Adieu Bouche de Rose
Avec
toi, s'en va le printemps ».
Et
à l'arrêt suivant, dans la gare
L'attendaient
plus de gens qu'à son départ
Celui-ci
lançait un baiser, celui-là une fleur
Ce
dernier la réservait pour deux heures.
Jusqu'au
curé qui ne déteste pas
Entre
un miserere et un Ave-maria
La
beauté sans concession
Qui
la voulut dans sa procession.
On
promena l'un menant l'autre, dans tout le pays,
Les
deux amours : le sacré et le mécréant.
Bouche
de Rose en surplis
Et
la Vierge au premier rang.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire