jeudi 19 octobre 2017

LA FABRIQUE DE LA DOMINATION

LA FABRIQUE DE LA DOMINATION


Version française – LA FABRIQUE DE LA DOMINATION – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne de Riccardo Venturi – LA FABBRICA DELLA DOMINAZIONE – août 2017
d’une chanson catalane – La factoria de la dominacióBrams – 2011


Révolte catalane des Faucheurs

1635


Un juge fabrique des condamnations, un policier de la répression, un journaliste

 fabrique des mensonges, un militaire fabrique de la peur, un banquier fabrique des

dettes et un évêque de la soumission, c’est fabrique de la domination.



Dialogue maïeutique

Ah, Lucien l’âne mon ami, voici une nouvelle fois une chanson catalane et comme on a déjà pu le constater, les chansons catalanes réservent souvent des surprises. C’est le cas cette fois-ci aussi avec « La factoria de la dominaciò » que j’ai mise en français sous le titre de « LA FABRIQUE DE LA DOMINATION ».

Je vois ça, Marco Valdo M.I. mon ami, et je devine sans doute ce qu’elle signifie et qui devrait fortement ressembler à l’Espagne, mais je préférerais que tu me le révèles. Car, vois-tu, j’aime beaucoup découvrir tes explications qui, comme les chansons catalanes, réservent des surprises.

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, tu as raison de patienter un peu afin de connaître mes explications qui s’éloignent parfois du sujet de la chanson. Parfois même, elles s’en écartent tellement qu’elles n’arrivent pas à y revenir dans les temps. Cependant, il faut s’y faire, car ce sont les mots et la main qui conduisent le texte. Donc, ici, je pense qu’on ne s’éloignera pas trop du sens de cette « fabrique de domination », dont tu as parfaitement deviné qu’elle désignait l’Espagne.
Pour ce faire, il me faut pourtant revenir un peu sur les événements actuels en Catalogne afin de vérifier le rapport qu’il pourrait y avoir entre la chanson et ces événements. Je note d’abord – et c’est important – que la chanson n’a pas été écrite à l’occasion de l’actuel conflit, mais des années avant. Pas beaucoup, mais suffisamment pour qu’elle n’y soit pas directement liée. Elle a du recul, si je puis dire. Elle y est liée pourtant comme on va le voir. Disons qu’elle les anticipe, qu’en quelque sorte elle l’est annonce ou à tout le moins, elle dénonce certain penchant à la domination extrêmement préjudiciable à la bonne entente entre voisins. Deux mots d’explication sur les rétroactes de ce qui se produit actuellement et sur l’ignorance, à mon sens intentionnel, des commentateurs des événements de Barcelone quant à l’histoire de la Catalogne et de sa relation tourmentée avec le colonisateur espagnol, essentiellement le pouvoir arrogant des Grands de Castille, pas du petit peuple qui si on le laissait vivre tranquillement n’aurait aucun penchant à dominer ses voisins. Cette occultation de la dimension historique de l’actuelle revendication catalane et parallèlement, de la conquête par la force de la Catalogne, empêche de comprendre le mouvement de fond que constitue la volonté catalane d’indépendance.

Oh, dit Lucien l’âne, c’est toujours comme ça. L’aveuglement du pouvoir n’a d’égal que sa mauvaise foi. Le fait est habituel et les exemples sont nombreux dans l’histoire, mais il y a une constante : sauf à éliminer physiquement les colonisés, le mouvement de libération se poursuit par mille voies ; pacifiques quand c’est possible et un tel combat peut être long, très long. Il peut passer par toutes les phases possibles, y compris des répressions violentes, des épisodes militaires, des guerres civiles, mais finalement il n’en démord pas.

Effectivement, reprend Marco Valdo M.I., tu m’ôtes les mots de la bouche. Je rappelle, à cet égard, que les Catalans se sont tenus à l’écart de la colonisation des Amériques hispaniques. Je rappelle aussi que le pouvoir madrilène a envahi la Catalogne et a conquis Barcelone par la force et un bain de sang déjà en 1714 et ce même pouvoir espagnol qui est actuellement sous l’influence franquiste, est l’héritier d’une dictature qui a fusillé le précédent Président de la République catalane en 1940, une République catalane fort progressiste et de fait, peu franquiste, qui résista tant et plus aux troupes du Caudillo. Ce sont des choses qui ne s’oublient pas et des souvenirs qui remontent dès que les événements s’y prêtent. Ce qui est le cas actuellement.

Oui mais, la chanson dans tout ça, demande en riant Lucien l’âne.

Elle raconte, Lucien l’âne mon ami, une histoire d’une ville ou d’un village tranquille et des scènes de la vie quotidienne heureuse et tranquille. Tout va bien jusqu’au moment où on installe une fabrique de domination à quelques encâblures de la cité. On ne peut plus transparent comme récit. Enfin, tu le liras.

J’y compte bien, réplique Lucien l’âne. Cependant, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde aux relents coloniaux, aux réflexes autoritaires, aux manières dictatoriales, brutal et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Un fermier avait des laitues ;
Au marché, il les a vendues
Et est allé acheter du pain
Avec les sous qu’il avait en mains.
Le boulanger fatigué
De bosser tout le matin
S’en fut au café
Boire un verre de vin.
Avec les sous du boulanger
Le troquet s’en est venu ici
Chez le menuisier
Faire réparer son lit.
Chez ce peuple si tranquille
Travailler est naturel, tout va bien
Et tout est facile,
Tout le monde a ce qu’il a besoin.
Le jeune menuisier expédie
Le travail en un rien de temps
Et emmène au théâtre une fille
Qu’il connaît depuis longtemps .
L’actrice sort de scène,
Passe en vitesse au vestiaire
Et file chez l'apothicaire :
Elle a la migraine.

Le pharmacien en sandales
Va acheter des bottes
D’herbes médicinales
Au marchand de salades.

Mais on a construit une fabrique
En dehors de la ville, une sorte d’Escurial.
Elle ne produit pas la moindre brique,
Ni rien de bon pour la population locale.

Le juge y produit de la condamnation,
Le policier de la répression,
Le journaliste y produit des affabulations,
Le militaire y produit de la crainte,
Le banquier y produit des dettes,
L’évêque y produit de la soumission,
C’est la fabrique de la domination.


lundi 16 octobre 2017

BERCEUSE POUR NE PAS DORMIR

BERCEUSE POUR NE PAS DORMIR


Version française – BERCEUSE POUR NE PAS DORMIR – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienne – Ninna nanna per non dormire Sergio Laccone – 2005
Texte : Franca Mazzei
Musi
que : Sergio Laccone
« La Berceuse de Marmottes » est une création de Plink et Plonk, joyeux artistes suisses.





Les berceuses, en italien Ninna nanna – ce qui est un très joli mot pour dire la chose, comme tu le sais Lucien l’âne mon ami, ces petites chansons sont des ritournelles que l’on sert aux enfants le soir au moment de les mettre au lit ou devant la cheminée et le feu hypnotique, avant de les emmener dans la chambre où l’on aimerait qu’ils s’endorment. Comme dans toutes les langues et dans toutes les régions et chez tous les peuples de la Terre, comme on peut le supposer, il y en a à profusion. Il y a celles que tout un chacun invente en espérant un résultat, autrement dit que sa comptine plaise au(x) petit(s) – celles-là sont innombrables et pour la plupart inconnues ; il y a celles qui ont une diffusion plus vaste, généralement traditionnelles ; ce sont une partie des premières qui se sont transmises de génération en génération, par manque d’imagination ou par nostalgie ou par conviction de ce qu’elles ont fonctionné et devraient fonctionner encore. Elles sont aux comptines ce que les recettes de grand-mère sont à la cuisine. On veut toujours retrouver le bon goût d’antan, la saveur du nanan en oubliant que c’était celui de sa propre enfance et le miracle fonctionne souvent.

C’est heureux, dit Lucien l’âne ne riant. Imagine les soirées et les nuits que connaîtraient les parents si ces lénifiantes chansons douces n’étaient pas somnifères, si les ninna nanna étaient faites pour tenir éveillé.

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, voici une chanson qui donne vie à ton hypothèse absurde, car c’est une « ninna nanna pour ne pas dormir ». En fait, j’ai bien l’impression que c’est même une berceuse pour réveiller celle ou celui qui dort, chantée par celui qui traverse un moment d’inquiétude, qui vogue sur une vague d’angoisse et une mer de solitude. La berceuse s’adresse à son partenaire.

Oh, dit Lucien l’âne, ce sont des moments qui arrivent souvent chez certains. Il y a des gens ainsi qui vivent avec l’inquiétude comme horizon, avec le tracas au milieu de la nuit. De là, à réveiller l’autre, il y a de la marge.

Enfin, je ne sais pas trop, Lucien l’âne mon ami, si tu dis juste. Pour la simple raison que la nuit, je dors et à vrai dire, je n’ai pas ces moments d’incertitude. Mais enfin, c’est le thème de la chanson.

Note bien, Marco Valdo M.I. mon ami, que la situation du monde a de quoi perturber les meilleurs esprits. Enfin, berceuse pour berceuse, ninna nanna pour ninna nanna, nous reprendrons – avant de nous endormir – notre tâche et nous tisserons un peu encore le linceul de ce vieux monde angoissé, inquiet, perturbé et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Ninna ninna nanna
Non, non, ne dors pas
Dans ce monde incolore
Sans dedans et sans dehors
De voix et de parfums estompés
Maintenant que tous s’en sont allés
Et que celui qui reste ne voit pas
Et quand on le touche, ne bouge pas.

Et seul, nous effleure le vent
Qui caresse ce moment.
Nous avons perdu
Et nous avons vaincu,
Nous avons pour âme une grande toile
Avec les couleurs d’une bannière
Trop inutile pour être véritable
Qui ne nous chauffe, ni ne nous console
Dans cette nuit d’une vie solitaire.

Réveille-toi mon amour !
Je suis éveillé moi aussi,
Même si entre nous,
Il y a la nuit.
Encore, réveille-toi mon amour !
Reste auprès de moi,
J’ai besoin de toi.

Et cette nuit, je voudrais me réveiller
Pour ne pas oublier
D’être le père de tous tes rêves d’enfant,
De tous tes besoins, de tous tes cauchemars
De tous tes doutes dans la nuit noire
Et des parfums du printemps
De ce que j’ai pris et de ce que j’ai donné,
De tout ce que je n’ai pas trouvé.



Réveille-toi mon amour !
Je suis éveillé moi aussi,
Même si entre nous,
Il y a la nuit.
Encore,
réveille-toi mon amour !
Reste auprès de moi,
J’ai besoin de toi.

dimanche 15 octobre 2017

Quand on est trump

Quand on est trump

Chanson française – Quand on est trump – Marco valdo M.I. – 2017
Parodie inspirée de « Le temps ne fait rien à l’affaire » de Georges Brassens.




Lucien l’âne mon ami, comme tu le sais, j’aime assez les parodies et particulièrement, celles qui s’inspirent d’une chanson de notre Tonton Georges, qui nous a tous élevé dans le monde de la poésie et de la chanson.

Au point, Marco Valdo M I. mon ami, je le sais, que ses chansons – comme à moi – te trottent souvent dans la tête.

Tu as parfaitement raison ; les chansons de Tonton Georges me trottent dans la tête, elles y font parfois la sarabande. Cela dit, on peut compter sur les doigts de la main ou peut-être des deux mains, ceux qui ont une chanson qui me tourneboule de pareille façon. Disons qu’il y a de fortes chances que tu les trouves rassemblés dans les Chansons contre la Guerre.

Comme ça, à première vue, si je devais les citer, je dirais, Marco Valdo M.I. mon ami : Barbara, Béranger, Brel, Boby (Lapointe), Esposito, Fanon, Ferrat, Ferré, Golmann, Léveillée, Ogeret, Tachan, Trenet. Il en est sans doute d’autres, mais…

Oui, il en est d’autres, Lucien l’âne mon ami, mais là n’est pas le sujet. Je voulais juste te présenter la parodie que je viens d’écrire et qui est née d’une de ces chansons qui trottent dans la tête. Elle m’est revenue en lisant les dernières nouvelles du monde et la dégoutation qui rient la planète face au Président infantile qui est à la tête d’un des grands pays de ce monde et qui est en train de faire un de ces gâchis à la taille de sa bêtise. Il n’est certes pas le seul, mais il fait très fort. Et voyant tout cela, je me disais : « Quand on est Trump, on est trump ». Voilà comment elle est venue ma chanson. Je l’ai griffonnée et la voici telle qu’elle est sortie de mon clavier. C’est juste une parodie, il ne faudrait pas la prendre pour ce qu’elle n’est pas. Elle sert juste à mettre en garde contre les délires d’un homme aux mains de qui on (Qui?) a confié une part de notre destin. Écoute-moi bien, Lucien l’âne mon ami. Tu aurais dit le tiers du quart des conneries qu’il dit chaque jour, on t’enfermerait vite fait aux fins de te soigner le mental.

Oh, dit Lucien l’âne, je le sais. Mais c’est ainsi dans la Guerre de Cent Mille Ans ; on y voit des bandes s’emparer du pouvoir ici ou là et s’y accrocher par tous les moyens. C’est une manière de faire de riches et de puissants qui veulent assouvir leur ambition, imposer leur domination, en tirer mille privilèges et de somptueux bénéfices. Le pire, c’est qu’on les laisse faire, qu’on trouve la chose normale… Nous, nous n’y pouvons pas grand-chose à part reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde ambitieux, arrogant, amer, absurde et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Quand il fut élu,
Qu’il est devenu
Président,
Tous les légalistes
Ont accepté ce turfiste
En grinçant.
Quand il est apparu
Qu’il n’était élu
Que par accident,
Tous les hommes de cœur
Ont dénoncé
Ce tricheur.
Moi, qui ne suis que de passage,
Je leur adresse à tous un message :

Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est Trump, on est trump.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est Trump, on est trump.
Face au Trump, pas d’hésitation,
Trump escroc ou Trump président,
Petit Trump de la dernière élection,
Vieux Trump des affaires d’antan.

Vous, les Trumps naissants,
Les Trumps débutants,
Les jeunes Trumps,
Qui ne le niez pas
Marchez sur les pas
Du vieux Trump,
Vous, le Trump âgé,
Le Trump usagé,
L’ancien Trump
Qui, c’est évident
Joue au président
Comme un Trump,
Méditez l’impartial message
Que je vous adresse au passage :

Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est Trump, on est trump.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est Trump, on est trump.
Face au Trump, pas d’hésitation,
Trump escroc ou Trump président,
Petit Trump de la dernière élection,
Vieux Trump des affaires d’antan.

Quand il déclenchera la guerre
Ce vieux pépère,
Ce pseudo-Président,
Tous les militaires
S’assiéront par terre
En pleurant.
Quand il tombera
Abattu par accident,
Dans le monde entier
Les gens vont respirer
Bien contents.
Moi, qui n’aime pas les carnages,
Je lui adresse ce message :

Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est Trump, on est trump.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est Trump, on est trump.
Face au Trump, pas d’hésitation,
Trump escroc ou Trump président,
Petit Trump de la dernière élection,
Vieux Trump des affaires d’antan.


jeudi 12 octobre 2017

UNE RÉELLE HISTOIRE ROYALE

UNE RÉELLE HISTOIRE ROYALE
Version française – UNE RÉELLE HISTOIRE ROYALE – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne anonyme UNA STORIA REALE
d’une chanson espagnoleUna historia realArdor Destómago – 2010


Transition de Franco à Juan Carlos 




Nous saluons ici Juan Carlos I de Bourbon, le roi élevé par Franco pour en faire son successeur et qui a dit aujourd’hui vouloir abdiquer et laisser la place à son fils.

Les trois membres du groupe punk espagnol « Ardor Destómago » se sont pris 900 Euros d’amende
pour « outrage à la couronne », alors même qu’il est difficile de nier la véracité des faits racontés dans la chanson, qui retrace la vie du monarque, depuis qu’à 18 ans, en un « mystérieux incident », il tua son frère. 


Dialogue maïeutique


Mon ami Lucien l’âne, je m’en vais, une fois encore, et en quelque sorte sur demande, nous informer – via une chanson venue de là-bas – de la Vie et des pompes de la monarchie des Bourbons, qui est – comme tu le sais sûrement – la démocratique descendance du Régent d’Ispagna, le « Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios ».

Houlala, dit Lucien l’âne en sautillant, quels cadavres va-t-on encore voir surgir des placards ibériques ? Je sens là comme une odeur de mort, de trahison, de menteries et de corruption. Est-ce que je me trompe ?

Pas vraiment, rétorque Marco Valdo M.I., ton flair est étonnant. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet (façon de parler), je vais devoir te faire une réflexion générale sur la vénérable institution monarchie en général (c’est d’ailleurs souvent le cas de le dire). La monarchie est ce type d’organisation d’un État, fortement hiérarchisé, où le pouvoir est incarné par une personne et une seule. Tu connais le grec aussi bien que quiconque et tu peux aisément décomposer le monarque en : monos : un, unique ; archos : pouvoir.

D’accord, reprend Lucien l’âne. Un seul au pouvoir ? C’est la définition de la dictature ; le monarque est un dictateur.

Exactement, sauf quand on le réduit à un rôle protocolaire, mais c’est une manœuvre risquée ; les débordements sont toujours possibles, répond Marco Valdo M.I. Donc, je reprends, le monarque est un dictateur, mais un dictateur sanctifié soit par un procédé magique ou religieux (ce qui est la même chose), soit par un procédé plus rationnel et vaguement démocratique (en finale, c’est du pareil au même, ou presque).

Pour ce que j’en sais, dit Lucien l’âne en souriant, le monarque est sacré et quand on le met en cause, quand on le prend à partie de façon nette et déterminée, on risque fort d’être accusé de « crime de lèse-majesté ». Ce qui empêche et punit par avance toute critique un tant soit peu sérieuse. C’est tout dire.

En effet, Lucien l’âne mon ami, le monarque dispose d’une immunité infinie, illimitée et éternelle. Comme le pape, mais sans le dire ouvertement, il est infaillible et il garde le pouvoir jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est pourquoi il faut les assassiner, ont pensé bien des gens dans l’Histoire. L’acte qui consiste à assassiner un monarque s’appelle un régicide. Concrètement, dans le réel, il s’agit d’un geste politique et souvent, louable à bien des égards.

Oh, dit Lucien l’âne toujours souriant, tout ça est bel et bon ; mais si tu parlais un peu de la chanson, tu m’en verrais ravi.

Un instant encore, Lucien l’âne mon ami, juste un instant encore pour te dire que, comme tu le sais, mais c’est encore mieux en le redisant : on est monarque de père en fils, de mère en fille, de mère en fils, de frère à sœur, d’oncle à neveu et même, parfois, c’est le cas ici, de famille adoptive.

Cependant, dit Lucien l’âne en riant, si je résume, le monarque génétique est fort prisé dans les hautes sphères de la société. J’ai entendu dire qu’il existe des monarques d’entreprise ou des monarques-présidents. En fait, comme le capitaine sur son navire, il convient d’être le seul maître à bord ; souvent, ils ajoutent, mais c’est pour la forme : seul maître, après Dieu. C’est de la foutaise destinée à abuser et à rallier les croyants et le plus curieux, c’est que ça marche.

Pour notre chanson qui relate des affaires royales de l’Hispanie, continue Marco Valdo M.I., la filiation est simple : Francisco Franco Bahamondo, général, usurpateur, traître, assassin de la République, dictateur s’était instauré « Régent d’Espagne », et bien des années plus tard, sentant venir sa fin, il décida sans témoin de céder le pouvoir à une sorte de fils adopté, un bâtard en quelque sorte : Jean-Charles Ier, alias Juan Carlos Ier, lequel a cédé à son fils fratricide Philippe (alias Felipe VII). Garde bien ça à l’esprit, car la chanson révèle leurs secrets cachés, leurs manœuvres sourdes et dévoile leurs crimes fondateurs et annonce sans doute, ceux qui vont venir encore. Quant à celui qui est visé par la chanson, il s’agit, tu l’auras deviné de Juan Carlos, le père de l’actuel figure de proue de l’Hispanie, dont l'avenir nous réserve probablement des surprises.

J’imagine, dit Lucien l’âne. Il a de l’hérédité. En attendant la suite, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde réactionnaire, conservateur, dictatorial, monarchiste et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Qui a tué son propre frère
Avec un pistolet chargé ?
Qui a tiré
Dans ces circonstances obscures ?

Qui fut désigné successeur
Par un détestable dictateur ?
Qui était l’Elefante Blanco ?
Qui était toujours de l’avis de Franco ?

Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce bâtard de Roi !


À qui banquiers et entrepreneurs 
Offrent des barcasses en bois ?
Qui est au-dessus de la loi
Et joue le jovial et l’enjôleur ?

Qui trafique des affaires scabreuses ?
Qui fréquente les maisons mafieuses ?
Qui a mal parlé du premier ministre démissionné
Face aux officiers rassemblés ?

Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce bâtard de Roi !

Qui fomenta le putsch de ces militaires armés
Pour les abandonner quand ça a mal tourné ?
Qui a fait un discours à la télévision
Comme guide de la Transition ?

Qui donc on protège comme ça
Avec les secrets d’État ?
Qui traîne des lèche-tout
Qui le suivent partout ?

Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce fils de pute, c’est le Roi !

Ce bâtard de Roi !

mercredi 11 octobre 2017

DIEU SAUVE LE ROI

DIEU SAUVE LE ROI

Version française – DIEU SAUVE LE ROI – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne de Anonimo Toscano del XXI Secolo d’une
Chanson espagnole – Dios salve al reyLos Muertos de Cristo – 2004




Felipe 4 




Après les chansons catalanes Jo vull ser rei et Agafant l'horitzóvoici Lucien l’âne mon ami, une chanson espagnole.

Ho, Marco Valdo M.I. mon ami, ne me parle pas des Espagnols, ces gens ont un premier ministre et un roi tellement peu crédibles, d’une insondable stupidité et bornés à souhait, leur brutalité coloniale n’a comme vertu que de prolonger l’agonie de leur nation.
Mais enfin, Lucien l’âne mon ami, cette chanson est espagnole et elle est l’œuvre de gens d’Espagne non suspects de collusion avec le régime (post-)franquiste, une chanson dont le titre rappelle l’hymne national britannique, qui comme tu le sais, selon les saisons s’intitule « God save the queen » ou « God save the king » ; évidemment, je le vois à ton œil rigolard, que se passera-t-il le jour où ils auront un roi ou une reine qui se déclarera transexuel(le) ? C’est une question de première importance, même si la réponse n’est pas urgente.

Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as raison ; on ne sait jamais, ça pourrait arriver et à ce moment, il sera trop tard pour avoir le temps de réfléchir posément à la question. Dans ces matières, il vaut mieux s’y prendre longtemps à l’avance.

Bref, Lucien l’âne mon ami, cette chanson s’intitule tout à fait logiquement « Dios salve al rey » – « Dieu sauve le roi ». C’est une proposition optative, un pur souhait et inutile avec ça. À mon sens, un souhait lancé dans le vide, vu que celui à qui il s’adresse n’existe pas. Elle est d’ailleurs assez baignée d’acide ironique et vise très précisément Philippe, l’actuel roi d’Espagne  (alias Felipe 7; il y en a eu donc 6 avant lui) et son père, Jean Charles. Elle montre aussi le retour de la monarchie dans les caissons d’artillerie du franquisme.

En fait, les rois, c’est comme les ours et différents des jours… Je te vois tout ahuri, dit Lucien l’âne. Mais la solution de cette énigme est que les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; au contraire des ours, car les ours se suivent et se ressemblent. Enfin, elle m’a bien l’air d’être un cauchemar, cette chanson, Marco Valdo M.I. mon ami. Du moins pour ce malheureux rêveur qui rêve chaque nuit que dieu sauve le roi.

Certes, Lucien l’âne mon ami, ce doit être éprouvant de chaque nuit subir un pareil sauvetage, alors qu’on souhaiterait plutôt que le rêve soit celui de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. En somme, la meilleure chose qui pourrait arriver à ce rêve c’est qu’il n’ait rien à voir avec des rois, des reines et tous leurs soupirants. On imagine qu’un rêve soit au moins celui d’une république, d’un monde unifié, d’un monde où les riches et l’idée-même de richesse auraient disparu, seraient abolis pour le plus grand bien commun ; un monde où personne n’opprimerait personne, où chaque peuple ou nation ou région admettrait l’autonomie et la liberté des autres, un monde où nul n’aurait l’idée saugrenue d’une intangibilité, un monde où l’autorité s’inclinerait devant l’intelligence, où personne n’aurait le pas sur les autresBref, un monde bien différent du nôtre.

Oh, dit Lucien l’âne, c’est évidemment, vu d’ici et d’à présent, et surtout sur le territoire de l’Ibérie et pour les gens qui y vivent, un rêve extraordinaire et bienfaisant, mais en raison de l’attitude des colonisateurs, un rêve difficile à mettre en œuvre. Et pour ce qui nous concerne, il ne nous reste qu’à reprendre notre tâche et à tisser le linceul de ce vieux monde colonial, périmé, suranné, désuet et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Ici, je conte l’histoire, celle qu’impose le vainqueur,
Qui tient le peuple sous le joug de la terreur…
C’est une histoire très simple,
Faites attention quand même,
Celle où le roi descend des cieux
Envoyé par dieu.

Divin, intelligent,
Démocrate impénitent,
Avec sa jolie moto,
Il nous a vendu la transition,
Il ne travaille pas ni
ne produit,
Par la
grâce de dieu,
C’est la grâce qu’il nous fait,
À nous, le peuple travailleur.

Qu’elle est jolie la famille royale,
Et son discours de Noël m’enchante,
Je m’en vais tatouer cette majesté si séduisante,
Sur mon cul, sa tête et la bannière nationale,
Ainsi chaque fois que je vais chier, ça m’enchante
De voir chaque jour la famille royale, de la famille royale,
La famille royaaaale.

Et au nom de Franco, du fils et du Saint Esprit,
De Rome en Espagne, ce monarque est revenu au pays,
Régner sur un peuple souverain qui après quarante ans
De bastonnade, a su oublier l'histoire pourtant.

DIEU SAUVE LE ROI, DIEU SAUVE LE ROI
QU’
IL L’EMPORTE AU CIEL AVEC LE FRANQUISME
QUI L’
A MIS AU POUVOIR

Hier soir, j’ai fait un rêve et je ne pouvait pas me réveiller,
Sonnaient les trompettes du jugement dernier,
Dieu de sa voix profonde n'arrêtait pas d'appeler
Tous les chrétiens honorables et de bonne volonté,
Alors sont arrivés les banquiers et vinrent le militaire,
Et la famille royale tout entière.

La terre fut libérée de ce clan infernal,
Qui vit seulement de l'ignorance populaire,
Mais le rêve a cessé et j’ai retrouvé le réel,
Et quelle a été ma surprise au réveil,
De voir que le peuple devait payer encore,
Les frais du mariage du Quartet Royal.

Comme je suis bien éduqué, je veux donner,
Une branche de fleurs à sa divine majesté,
Pour qu’elle soit très heureuse dans l'éternité.
Que le dieu des cieux ne la fasse pas lanterner,
Car elle est belle la famille royale, et moi
Je rêve chaque nuit QUE ! Dieu sauve le roi !

DIEU SAUVE LE ROI, DIEU SAUVE LE ROI
QU’
IL L’EMPORTE AU CIEL AVEC LE FRANQUISME
QUI L’
A MIS AU POUVOIR


Telle est l’histoire, celle qu’impose le vainqueur,
Qui tient le peuple sous le joug de la terreur…