dimanche 15 octobre 2017

Quand on est trump

Quand on est trump

Chanson française – Quand on est trump – Marco valdo M.I. – 2017
Parodie inspirée de « Le temps ne fait rien à l’affaire » de Georges Brassens.




Lucien l’âne mon ami, comme tu le sais, j’aime assez les parodies et particulièrement, celles qui s’inspirent d’une chanson de notre Tonton Georges, qui nous a tous élevé dans le monde de la poésie et de la chanson.

Au point, Marco Valdo M I. mon ami, je le sais, que ses chansons – comme à moi – te trottent souvent dans la tête.

Tu as parfaitement raison ; les chansons de Tonton Georges me trottent dans la tête, elles y font parfois la sarabande. Cela dit, on peut compter sur les doigts de la main ou peut-être des deux mains, ceux qui ont une chanson qui me tourneboule de pareille façon. Disons qu’il y a de fortes chances que tu les trouves rassemblés dans les Chansons contre la Guerre.

Comme ça, à première vue, si je devais les citer, je dirais, Marco Valdo M.I. mon ami : Barbara, Béranger, Brel, Boby (Lapointe), Esposito, Fanon, Ferrat, Ferré, Golmann, Léveillée, Ogeret, Tachan, Trenet. Il en est sans doute d’autres, mais…

Oui, il en est d’autres, Lucien l’âne mon ami, mais là n’est pas le sujet. Je voulais juste te présenter la parodie que je viens d’écrire et qui est née d’une de ces chansons qui trottent dans la tête. Elle m’est revenue en lisant les dernières nouvelles du monde et la dégoutation qui rient la planète face au Président infantile qui est à la tête d’un des grands pays de ce monde et qui est en train de faire un de ces gâchis à la taille de sa bêtise. Il n’est certes pas le seul, mais il fait très fort. Et voyant tout cela, je me disais : « Quand on est Trump, on est trump ». Voilà comment elle est venue ma chanson. Je l’ai griffonnée et la voici telle qu’elle est sortie de mon clavier. C’est juste une parodie, il ne faudrait pas la prendre pour ce qu’elle n’est pas. Elle sert juste à mettre en garde contre les délires d’un homme aux mains de qui on (Qui?) a confié une part de notre destin. Écoute-moi bien, Lucien l’âne mon ami. Tu aurais dit le tiers du quart des conneries qu’il dit chaque jour, on t’enfermerait vite fait aux fins de te soigner le mental.

Oh, dit Lucien l’âne, je le sais. Mais c’est ainsi dans la Guerre de Cent Mille Ans ; on y voit des bandes s’emparer du pouvoir ici ou là et s’y accrocher par tous les moyens. C’est une manière de faire de riches et de puissants qui veulent assouvir leur ambition, imposer leur domination, en tirer mille privilèges et de somptueux bénéfices. Le pire, c’est qu’on les laisse faire, qu’on trouve la chose normale… Nous, nous n’y pouvons pas grand-chose à part reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde ambitieux, arrogant, amer, absurde et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Quand il fut élu,
Qu’il est devenu
Président,
Tous les légalistes
Ont accepté ce turfiste
En grinçant.
Quand il est apparu
Qu’il n’était élu
Que par accident,
Tous les hommes de cœur
Ont dénoncé
Ce tricheur.
Moi, qui ne suis que de passage,
Je leur adresse à tous un message :

Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est Trump, on est trump.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est Trump, on est trump.
Face au Trump, pas d’hésitation,
Trump escroc ou Trump président,
Petit Trump de la dernière élection,
Vieux Trump des affaires d’antan.

Vous, les Trumps naissants,
Les Trumps débutants,
Les jeunes Trumps,
Qui ne le niez pas
Marchez sur les pas
Du vieux Trump,
Vous, le Trump âgé,
Le Trump usagé,
L’ancien Trump
Qui, c’est évident
Joue au président
Comme un Trump,
Méditez l’impartial message
Que je vous adresse au passage :

Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est Trump, on est trump.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est Trump, on est trump.
Face au Trump, pas d’hésitation,
Trump escroc ou Trump président,
Petit Trump de la dernière élection,
Vieux Trump des affaires d’antan.

Quand il déclenchera la guerre
Ce vieux pépère,
Ce pseudo-Président,
Tous les militaires
S’assiéront par terre
En pleurant.
Quand il tombera
Abattu par accident,
Dans le monde entier
Les gens vont respirer
Bien contents.
Moi, qui n’aime pas les carnages,
Je lui adresse ce message :

Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est Trump, on est trump.
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père,
Quand on est Trump, on est trump.
Face au Trump, pas d’hésitation,
Trump escroc ou Trump président,
Petit Trump de la dernière élection,
Vieux Trump des affaires d’antan.


jeudi 12 octobre 2017

UNE RÉELLE HISTOIRE ROYALE

UNE RÉELLE HISTOIRE ROYALE
Version française – UNE RÉELLE HISTOIRE ROYALE – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne anonyme UNA STORIA REALE
d’une chanson espagnoleUna historia realArdor Destómago – 2010


Transition de Franco à Juan Carlos 




Nous saluons ici Juan Carlos I de Bourbon, le roi élevé par Franco pour en faire son successeur et qui a dit aujourd’hui vouloir abdiquer et laisser la place à son fils.

Les trois membres du groupe punk espagnol « Ardor Destómago » se sont pris 900 Euros d’amende
pour « outrage à la couronne », alors même qu’il est difficile de nier la véracité des faits racontés dans la chanson, qui retrace la vie du monarque, depuis qu’à 18 ans, en un « mystérieux incident », il tua son frère. 


Dialogue maïeutique


Mon ami Lucien l’âne, je m’en vais, une fois encore, et en quelque sorte sur demande, nous informer – via une chanson venue de là-bas – de la Vie et des pompes de la monarchie des Bourbons, qui est – comme tu le sais sûrement – la démocratique descendance du Régent d’Ispagna, le « Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios ».

Houlala, dit Lucien l’âne en sautillant, quels cadavres va-t-on encore voir surgir des placards ibériques ? Je sens là comme une odeur de mort, de trahison, de menteries et de corruption. Est-ce que je me trompe ?

Pas vraiment, rétorque Marco Valdo M.I., ton flair est étonnant. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet (façon de parler), je vais devoir te faire une réflexion générale sur la vénérable institution monarchie en général (c’est d’ailleurs souvent le cas de le dire). La monarchie est ce type d’organisation d’un État, fortement hiérarchisé, où le pouvoir est incarné par une personne et une seule. Tu connais le grec aussi bien que quiconque et tu peux aisément décomposer le monarque en : monos : un, unique ; archos : pouvoir.

D’accord, reprend Lucien l’âne. Un seul au pouvoir ? C’est la définition de la dictature ; le monarque est un dictateur.

Exactement, sauf quand on le réduit à un rôle protocolaire, mais c’est une manœuvre risquée ; les débordements sont toujours possibles, répond Marco Valdo M.I. Donc, je reprends, le monarque est un dictateur, mais un dictateur sanctifié soit par un procédé magique ou religieux (ce qui est la même chose), soit par un procédé plus rationnel et vaguement démocratique (en finale, c’est du pareil au même, ou presque).

Pour ce que j’en sais, dit Lucien l’âne en souriant, le monarque est sacré et quand on le met en cause, quand on le prend à partie de façon nette et déterminée, on risque fort d’être accusé de « crime de lèse-majesté ». Ce qui empêche et punit par avance toute critique un tant soit peu sérieuse. C’est tout dire.

En effet, Lucien l’âne mon ami, le monarque dispose d’une immunité infinie, illimitée et éternelle. Comme le pape, mais sans le dire ouvertement, il est infaillible et il garde le pouvoir jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est pourquoi il faut les assassiner, ont pensé bien des gens dans l’Histoire. L’acte qui consiste à assassiner un monarque s’appelle un régicide. Concrètement, dans le réel, il s’agit d’un geste politique et souvent, louable à bien des égards.

Oh, dit Lucien l’âne toujours souriant, tout ça est bel et bon ; mais si tu parlais un peu de la chanson, tu m’en verrais ravi.

Un instant encore, Lucien l’âne mon ami, juste un instant encore pour te dire que, comme tu le sais, mais c’est encore mieux en le redisant : on est monarque de père en fils, de mère en fille, de mère en fils, de frère à sœur, d’oncle à neveu et même, parfois, c’est le cas ici, de famille adoptive.

Cependant, dit Lucien l’âne en riant, si je résume, le monarque génétique est fort prisé dans les hautes sphères de la société. J’ai entendu dire qu’il existe des monarques d’entreprise ou des monarques-présidents. En fait, comme le capitaine sur son navire, il convient d’être le seul maître à bord ; souvent, ils ajoutent, mais c’est pour la forme : seul maître, après Dieu. C’est de la foutaise destinée à abuser et à rallier les croyants et le plus curieux, c’est que ça marche.

Pour notre chanson qui relate des affaires royales de l’Hispanie, continue Marco Valdo M.I., la filiation est simple : Francisco Franco Bahamondo, général, usurpateur, traître, assassin de la République, dictateur s’était instauré « Régent d’Espagne », et bien des années plus tard, sentant venir sa fin, il décida sans témoin de céder le pouvoir à une sorte de fils adopté, un bâtard en quelque sorte : Jean-Charles Ier, alias Juan Carlos Ier, lequel a cédé à son fils fratricide Philippe (alias Felipe VII). Garde bien ça à l’esprit, car la chanson révèle leurs secrets cachés, leurs manœuvres sourdes et dévoile leurs crimes fondateurs et annonce sans doute, ceux qui vont venir encore. Quant à celui qui est visé par la chanson, il s’agit, tu l’auras deviné de Juan Carlos, le père de l’actuel figure de proue de l’Hispanie, dont l'avenir nous réserve probablement des surprises.

J’imagine, dit Lucien l’âne. Il a de l’hérédité. En attendant la suite, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde réactionnaire, conservateur, dictatorial, monarchiste et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Qui a tué son propre frère
Avec un pistolet chargé ?
Qui a tiré
Dans ces circonstances obscures ?

Qui fut désigné successeur
Par un détestable dictateur ?
Qui était l’Elefante Blanco ?
Qui était toujours de l’avis de Franco ?

Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce bâtard de Roi !


À qui banquiers et entrepreneurs 
Offrent des barcasses en bois ?
Qui est au-dessus de la loi
Et joue le jovial et l’enjôleur ?

Qui trafique des affaires scabreuses ?
Qui fréquente les maisons mafieuses ?
Qui a mal parlé du premier ministre démissionné
Face aux officiers rassemblés ?

Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce bâtard de Roi !

Qui fomenta le putsch de ces militaires armés
Pour les abandonner quand ça a mal tourné ?
Qui a fait un discours à la télévision
Comme guide de la Transition ?

Qui donc on protège comme ça
Avec les secrets d’État ?
Qui traîne des lèche-tout
Qui le suivent partout ?

Ce fils de pute, c’est le Roi !
Ce fils de pute, c’est le Roi !

Ce bâtard de Roi !

mercredi 11 octobre 2017

DIEU SAUVE LE ROI

DIEU SAUVE LE ROI

Version française – DIEU SAUVE LE ROI – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne de Anonimo Toscano del XXI Secolo d’une
Chanson espagnole – Dios salve al reyLos Muertos de Cristo – 2004




Felipe 4 




Après les chansons catalanes Jo vull ser rei et Agafant l'horitzóvoici Lucien l’âne mon ami, une chanson espagnole.

Ho, Marco Valdo M.I. mon ami, ne me parle pas des Espagnols, ces gens ont un premier ministre et un roi tellement peu crédibles, d’une insondable stupidité et bornés à souhait, leur brutalité coloniale n’a comme vertu que de prolonger l’agonie de leur nation.
Mais enfin, Lucien l’âne mon ami, cette chanson est espagnole et elle est l’œuvre de gens d’Espagne non suspects de collusion avec le régime (post-)franquiste, une chanson dont le titre rappelle l’hymne national britannique, qui comme tu le sais, selon les saisons s’intitule « God save the queen » ou « God save the king » ; évidemment, je le vois à ton œil rigolard, que se passera-t-il le jour où ils auront un roi ou une reine qui se déclarera transexuel(le) ? C’est une question de première importance, même si la réponse n’est pas urgente.

Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as raison ; on ne sait jamais, ça pourrait arriver et à ce moment, il sera trop tard pour avoir le temps de réfléchir posément à la question. Dans ces matières, il vaut mieux s’y prendre longtemps à l’avance.

Bref, Lucien l’âne mon ami, cette chanson s’intitule tout à fait logiquement « Dios salve al rey » – « Dieu sauve le roi ». C’est une proposition optative, un pur souhait et inutile avec ça. À mon sens, un souhait lancé dans le vide, vu que celui à qui il s’adresse n’existe pas. Elle est d’ailleurs assez baignée d’acide ironique et vise très précisément Philippe, l’actuel roi d’Espagne  (alias Felipe 7; il y en a eu donc 6 avant lui) et son père, Jean Charles. Elle montre aussi le retour de la monarchie dans les caissons d’artillerie du franquisme.

En fait, les rois, c’est comme les ours et différents des jours… Je te vois tout ahuri, dit Lucien l’âne. Mais la solution de cette énigme est que les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; au contraire des ours, car les ours se suivent et se ressemblent. Enfin, elle m’a bien l’air d’être un cauchemar, cette chanson, Marco Valdo M.I. mon ami. Du moins pour ce malheureux rêveur qui rêve chaque nuit que dieu sauve le roi.

Certes, Lucien l’âne mon ami, ce doit être éprouvant de chaque nuit subir un pareil sauvetage, alors qu’on souhaiterait plutôt que le rêve soit celui de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. En somme, la meilleure chose qui pourrait arriver à ce rêve c’est qu’il n’ait rien à voir avec des rois, des reines et tous leurs soupirants. On imagine qu’un rêve soit au moins celui d’une république, d’un monde unifié, d’un monde où les riches et l’idée-même de richesse auraient disparu, seraient abolis pour le plus grand bien commun ; un monde où personne n’opprimerait personne, où chaque peuple ou nation ou région admettrait l’autonomie et la liberté des autres, un monde où nul n’aurait l’idée saugrenue d’une intangibilité, un monde où l’autorité s’inclinerait devant l’intelligence, où personne n’aurait le pas sur les autresBref, un monde bien différent du nôtre.

Oh, dit Lucien l’âne, c’est évidemment, vu d’ici et d’à présent, et surtout sur le territoire de l’Ibérie et pour les gens qui y vivent, un rêve extraordinaire et bienfaisant, mais en raison de l’attitude des colonisateurs, un rêve difficile à mettre en œuvre. Et pour ce qui nous concerne, il ne nous reste qu’à reprendre notre tâche et à tisser le linceul de ce vieux monde colonial, périmé, suranné, désuet et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Ici, je conte l’histoire, celle qu’impose le vainqueur,
Qui tient le peuple sous le joug de la terreur…
C’est une histoire très simple,
Faites attention quand même,
Celle où le roi descend des cieux
Envoyé par dieu.

Divin, intelligent,
Démocrate impénitent,
Avec sa jolie moto,
Il nous a vendu la transition,
Il ne travaille pas ni
ne produit,
Par la
grâce de dieu,
C’est la grâce qu’il nous fait,
À nous, le peuple travailleur.

Qu’elle est jolie la famille royale,
Et son discours de Noël m’enchante,
Je m’en vais tatouer cette majesté si séduisante,
Sur mon cul, sa tête et la bannière nationale,
Ainsi chaque fois que je vais chier, ça m’enchante
De voir chaque jour la famille royale, de la famille royale,
La famille royaaaale.

Et au nom de Franco, du fils et du Saint Esprit,
De Rome en Espagne, ce monarque est revenu au pays,
Régner sur un peuple souverain qui après quarante ans
De bastonnade, a su oublier l'histoire pourtant.

DIEU SAUVE LE ROI, DIEU SAUVE LE ROI
QU’
IL L’EMPORTE AU CIEL AVEC LE FRANQUISME
QUI L’
A MIS AU POUVOIR

Hier soir, j’ai fait un rêve et je ne pouvait pas me réveiller,
Sonnaient les trompettes du jugement dernier,
Dieu de sa voix profonde n'arrêtait pas d'appeler
Tous les chrétiens honorables et de bonne volonté,
Alors sont arrivés les banquiers et vinrent le militaire,
Et la famille royale tout entière.

La terre fut libérée de ce clan infernal,
Qui vit seulement de l'ignorance populaire,
Mais le rêve a cessé et j’ai retrouvé le réel,
Et quelle a été ma surprise au réveil,
De voir que le peuple devait payer encore,
Les frais du mariage du Quartet Royal.

Comme je suis bien éduqué, je veux donner,
Une branche de fleurs à sa divine majesté,
Pour qu’elle soit très heureuse dans l'éternité.
Que le dieu des cieux ne la fasse pas lanterner,
Car elle est belle la famille royale, et moi
Je rêve chaque nuit QUE ! Dieu sauve le roi !

DIEU SAUVE LE ROI, DIEU SAUVE LE ROI
QU’
IL L’EMPORTE AU CIEL AVEC LE FRANQUISME
QUI L’
A MIS AU POUVOIR


Telle est l’histoire, celle qu’impose le vainqueur,
Qui tient le peuple sous le joug de la terreur…

À propos des récents événements de Catalagna

DIALOGUE D’UN VENDEUR D’ALMANACHS ET 

D’UN BADAUD

À propos de
s récents événements de Catalagna

Version française par Marco Valdo M.I. de :
DIALOGO DI UN VENDITORE DI ALMANACHS E DI UN BADAUD
A proposito de’ recenti avvenimenti di Catalagna

par un Anonimo Toscano del XIX secolo







Venditore – Almanachs, almanachs nuovi ; gazzette d’oggi. Bisognano, signore, almanachs o gazzette?

Vendeur – Almanachs, almanachs nouveaux ; gazettes d’aujourd’hui. Pour vous, monsieur, almanachs ou gazettes ?

Badaud –Vous avez les gazettes d’aujourd’hui même ?

Vendeur – Oui monsieur  ; voici la Petite Gazette des Venises, le Moniteur de Forlimpopoli, le Courrier de Lucques

Badaud – Et, dites-moi, ces gazettes et ces courriers donnent les dernières nouvelles à propos de la Catalagna… ?

Vendeur – Certes oui, monsieur, et avec beaucoup de détails. Elles contiennent les déclarations de Sa Majesté le roi d’Ispagna, de ses ministres, les grands défilés de foules à Barcelone et les transcriptions des assemblées du Parlement de Catalagna.

Badaud – Et ils contiennent également les résultats du plébiscite pour l’indépendance… ?

Vendeur – Monsieur, évidemment.

Badaud – Vous croyez vraiment que l’indépendance de la Catalagna se fera… ?

Vendeur – Monsieur, moi, je suis un personne peu instruite… vous me demandez mon avis sur des événements d’une si grande importance dans une région si lointaine… ?

Badaud – Oui, et votre opinion m’intéresse  ; d’autre part, à vous autres qui vendez les gazettes, ne vous arrive-t-il jamais d’en lire l’une ou l’autre… ?

Vendeur – À dire vrai, je le fais volontiers, et ça me plaît de me tenir au courant des choses.

Badaud – Fort bien, vous vous êtes donc formé une opinion.

Vendeur –Elle est assez vague, monsieur ; mais, à mon avis, une région ne peut pas se détacher facilement d’un royaume ancien, puissant et illustre comme celui d’Ispagna. Ce sont là des fantasmes brumeux.

Badaud – Croyez-vous donc que le peuple de la Catalagna ne puisse pas avoir le désir, et même le droit, de réclamer son indépendance vis-à-vis d’un ancien et illustre royaume ? Pensez à notre Patrie, à l’Italie, et à ses efforts pour que tant de terres se détachent de l’Empire autrichien… Vous croyez que c’était à bon droit ?

Vendeur – En vérité oui, mon bon monsieur. Je suis bon patriote et je me suis battu pour l’Italie à Curtatone et Montanara.

Badaud – Et comment pouvez-vous alors soutenir que le peuple de Catalagna n’ait pas le même droit ? Chez nous aussi, c’était un fantasme ?

Vendeur – Oh non, certainement pas ! Mais nous autres, mon bon monsieur, nous sommes bien différents des Boches, des Slaves et des barbares de Hongrie. Les Catalans sont des Espagnols comme ceux de Madrid, de Tolède et de Séville…

Badaud – Ignorez-vous donc que la Catalagna possède son idiome divergé de l’espagnol, et que les Espagnols ne connaissent pas, ni sa littérature, ni sa culture ? Ignorez-vous que la Catalagna fut longtemps souveraine, et qu’elle fait partie de l’Ispagna seulement depuis le onze septembre de l’an mil et sept cent quatorze… ?

Vendeur – Ohlala, mon bon monsieur, je l’ignorais. Les gazettes, savez-vous, écrivent qu’ils sont tous Espagnols. Avec ça, je ne comprends pas pourquoi elle devrait se détacher d’un royaume si sublime qui lui donna renommée et richesse.

Badaud – Il donna la richesse, mais il l’a surtout prise ; et les gazettes rapporteront certainement les menaces que les Bourbons d’Espagne ont proféré à la Catalagna, ruiner ses commerces, les échanges et sa réputation alors que les nations d’Europe se sont rassemblées dans un marché commun.

Vendeur – Elles en parlent, et je crois que le roi d’Ispagna n’a pas tort. Et j’ajoute qu’un grand nombre de Catalans désirent continuer à faire partie de l’Ispagna…

Badaud – C’est vrai aussi ; comme vous savez, à cet égard, le peuple de Catalagna avait été appelé à un référendum, afin qu’il s’exprime, mais le roi d’Ispagna et le premier ministre don Mariano l’empêchèrent, en envoyant la troupe écraser cette consultation, en l’attaquant et en l’interdisant.

Vendeur – Ce ne fut pas bien fait.

Badaud – Donc, vous êtes aussi d’accord à propos de ce qu’on devait faire.

Vendeur – On devait faire, mais avec tout ceci je crois qu’on ne peut attaquer l’unité de l’Ispagna, mon bon monsieur. Elle existe depuis des siècles. Les royaumes et les États ne se font et défont pas à loisir.

Badaud – Cependant dans l’histoire, combien d’États, de royaumes et aussi des empires se sont faits et défaits. Pensez à l’Empire romain. Il était beaucoup plus puissant que le royaume d’Ispagna, ne croyez-vous pas ? Ou pour venir plus près de nous dans le temps, pensez au démembrement du royaume de Croatie, de Serbie et de Slovénie, qui entraîna tant de ruines et de deuils, il y a quelques années…

Vendeur – Mais ce royaume vivait sous une dure tyrannie. L’Ispagna est un royaume le peuple a la parole.

Badaud – LEspagne est restée longtemps sous une pareille et dure tyrannie sous la férule du dictateur don Francisco Franco et Bacamondi, qui se rebella il y a quatre-vingts ans et mena avec des Maures une horrible guerre intestine ; ensuite, il opprima pendant quarante ans son peuple, et encore plus durement, les Catalans et les Basques.

Vendeur – Mais don Francisco obéissait au roi et à la Sainte Religion ; dans le royaume des Slaves c’étaient des sans Dieu.

Badaud – Et croyez-vous donc aussi que les Catalans sont des sans Dieu ?

Vendeur – Pour ce que j’en sais, je croirais volontiers que ce sont des malfaiteurs qui proclameront l’abolition de la Foi, détruiront et pilleront les temples et arriveront à renverser tout le système.

Badaud – Les Catalans sont des têtes chaudes, c’est aussi vrai. Nonobstant cela, ne croyez-vous pas qu’ils auraient le droit de se gouverner tous seuls s’ils le désirent ?

Vendeur – Il se pourrait que oui, mon bon monsieur ; pourtant leurs pensées et leurs actions ne me convainquent pas. Mieux vaut faire partie d’une Ispagna puissante et forte, que se réduire à un petit royaume de peu d’importance, ou – Dieu nous en préserve – à une république.

Badaud – Savez-vous que même notre grand héros, Giuseppe Garibaldi, était partisan d’une république.

Vendeur – Oui, mais ensuite, il obéit aux souverains savoyards et il fit bien.

Badaud – Comment vous voyez donc l’avenir de la Catalagna ?

Vendeur – Ils iront de l’avant, mais ils seront durement écrasés et punis ; leur avenir est celui-. Il ne me rend pas heureux, mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.

Badaud – Malheureusement, ici je dois me déclarer d’accord avec vous. Les référendums sont justes, mais si un peuple désire s’éloigner d’un royaume dont il ne se ressent pas comme une partie, la seule action à entreprendre est la formation d’une armée du peuple guidée par de bons généraux et par des officiers qui sachent affronter victorieusement les forces de l’oppresseur.

Vendeur – On verrait ainsi s’ils désirent vraiment l’indépendance, ou si ce sont seulement propos et bavardages de quelque agitateur. Il n’y a pas d’autre voie ; les référendums et les illusions se ressemblent comme des frères jumeaux.

Badaud – C’est ainsi. Et rappelez-vous que toutes les autorités de ce monderoyaumes, empires et républiques, ont toujours un début, mais aussi une fin.

Vendeur – Et il est possible que, dans un lointain avenir, la Catalagna pourrait désirer se réunir à nouveau à l’Ispagna.

Badaud – À l’Ispagna, à la France ou au Monde de la Lune. Qui peut savoir, monsieur. Entre temps, c’est à voir ; chanceusement, chez nous, de tels périls n’existent pas. L’Italie est une et indivisible.

Vendeur – Je le pense moi aussi ; au fond, ce sont des histoires de pays lointains.
Badaud – Très lointains et perdus. Dites-moi, vous vendez également le Starnazzatore della Padania (L’Échotier de la Padanie) ?

Vendeur – Désolé de vous décevoir, mon bon monsieur, mais cette feuille a cessé d’être publiée il y a déjà quelque temps.

Badaud – Je l’ignorais.

Vendeur – Je peux vous donner, si vous le désirez, un exemplaire de la Gazette du Loisir avec les dernières et intéressantes nouvelles des tournois de paume, de tambourin et de lutte.

Badaud – Je me demandais justement si notre équipe s’était qualifiée pour le tournoi mondial de paume qui doit avoir lieu dans l’Empire russe, royaume institué par Dieu et qui n’aura jamais de fin. Donnez-moi alors un exemplaire de la Gazette du Loisir.
Vendeur – Le voici, monsieur ; il vous en coûte une maille et un félin. Merci très illustre sire, et à vous revoir. Almanachs, almanachs nouveaux  ; gazettes d’aujourd’hui !


Note. Ce petit dialogue, ou œuvrette morale, fut écrit par un de mes lointains parents dans la seconde moitié du XIX siècle  ; selon la tradition ancestrale de notre lignée, il était lui aussi rigoureusement anonyme. J’ai retrouvé ce document parmi les vestiges de famille et j’ai pensé que, dans ces circonstances, il pouvait être de quelque utilité à lire à propos des événements de la Catalogne (alors dite « Catalagna ») de ce temps, et de la manière dont les contemporains s’exprimaient à ce sujet. – L’Anonyme Toscan du XXI Siècle