dimanche 20 juillet 2014

Les Vacanciers

Les Vacanciers
Chanson française - Les Vacanciers – Ricet Barrier – 1968

Auteurs compositeurs : Ricet Barrier - Lelou
http://www.dailymotion.com/video/x4iqk6_ricet-barrier-les-vacanciers_music



C'est les vacances, c'est la transhumance
Les vacanciers, c'est comme les fourmis




Tiens Lucien l'âne mon ami, comme c'est la saison des vacances, je m'en vais te faire voir les vacances du point de vue de ceux qui sont envahis par les vacanciers. Car les vacances, c'est un peu la blitzkrieg annuelle. Cette ruée des colonnes motorisées vers les côtes rappelle furieusement la fuite des réfugiés, la débâcle et la progression concomitante des armées survoltées volant vers la victoire.




Je sais, je sais, dit Lucien l'âne en maugréant. D'autre part, c'est aussi la soupape de sécurité du système et si j'ose te le dire, la carotte de l'âne. Dis-moi qui, dis-moi quoi, car à propos des vacances, je pense comme toi que c'est un attrape-couillons. Faire courir onze mois les gens pour quelques jours, au mieux quelques semaines, d'arrêt-buffet. Mais nous ne sommes pas là pour faire une sociologie des vacances. Alors, parle-moi de la chanson...




Alors, voilà. Qui ? Ricet Barrier, un fameux bonhomme, un gars qui a fait une foutue quantité de chansons de qualité. Bien entendu, elles ne sont pas toutes à présenter dans les Chansons contre la Guerre, mais il y en a déjà quelques-unes. Et comme tu sais, Ricet Barrier ne fait pas dans la chanson triste ; son moteur, c'est l'humour. Voilà pour le qui. Maintenant, le quoi. « Les Vacanciers », qu'elle s'intitule sa chanson. Elle est construite comme les Histoires d'Allemagne ; elle raconte les vacanciers tels qu'ils sont vus (et reçus) par un témoin privilégié, par un paysan qui les voit débarquer chez lui, chaque année, comme une invasion de sauterelles... Et imagine que la chanson date de 1968... Ça ne s'est pas arrangé depuis. Bref, toute une ambiance à découvrir.




Moi, dit Lucien l'âne en maugréant, moi, qui ai depuis si longtemps circulé parmi les pauvres des campagnes, des montagnes, des bords de mer, des maquis, des déserts... Moi, je trouve que ce déferlement n'est pas humain. C'est même souvent odieux la façon dont ces envahisseurs traitent les gens, les animaux, les lieux... Ce n'est plus ces moments où on allait quelques jours en famille, où on prenait un temps de retrouvailles... Cette vaste débandade commerciale ne me dit rien qui vaille et je n'arrive pas à digérer le mépris de ceux qui – même quelques jours par an – écrasent l'autre, les autres sous la férule de l'argent, qui exigent d'autrui d'accepter des conditions qu'ils refuseraient si on leur proposait, qui se muent instantanément en colonisateurs, en conquérants... avec tout ce que cela comporte. Mais, écoutons Ricet Barrier, c'est toujours un plaisir. Pour le reste, comme ni toi, ni moi, ne pouvons arrêter pareille avalanche, reprenons notre tâche et tissons lentement mais sûrement le linceul de ce vieux monde mercantile, méprisant, méprisable et cacochyme.






Heureusement !






Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







Cré vin dieu !
Voilà l'été, les vacanciers vont arriver
Voilà l'été, les vacanciers vont arriver
Y s'en viennent on sait pas d'où
Y s'en vont par un autre bout
Voilà l'été, c'est l'invasion des vacanciers.

Lucien (c'est mon fils !)
Écris donc « œufs frais » sur la porte
En deux mots imbécile !

C'est les vacances, c'est la transhumance
Les vacanciers, c'est comme les fourmis
Ça se répand partout dans le pays
Plus ça va et plus ça s'enhardit
L'an dernier, j'en avais ben trouvé un dans mon lit, oui !

Le vacancier du mois d'août, c'est vraiment une race à part
C'est comme des hiboux avec leurs lunettes noires
Y se promènent quasiment nus
On voit plus de poil que de tissu
Moi je rigole quand y s'assoient dans mes gratte-culs.

Viens donc voir Germaine (c'est ma femme !)
Regarde-moi celui-là
Oh ben, c'est y un homme ou une femme ?
Oh, ben, c'est une femme !
Elle a pas de braguette.

C'est les vacances, c'est la transhumance
Les vacanciers, c'est comme les sauterelles
Quand ça tombe, c'est pire que la grêle
D'un seul coup, on en voit partout
Y a vraiment que la pluie qu'arrive à en venir à bout, ouh !

Le vacancier quand y roule, faut se jeter dans le bas côté
Va falloir laisser les poules au poulailler
C'est bien pis quand y s'arrête
Y pense plus qu'à son gésier
Faut que je mette du barbelé à mes poiriers, yé !

Attention Sophie (c'est ma cadette !)
Je veux bien que t'ailles au bal
Mais avec ton frère
Pas faire comme ta mère, euh !

C'est les vacances, c'est la transhumance
Les vacanciers, y sont comme la pluie
Quand elle vient, on lui dit merci
Mais on se sent mieux quand elle est partie
Pourtant ça me plairait d'en trouver pour la Marie, oui !

C'est mon aînée! Et je sais pas quoi que je vais en faire.

Cré vin dieu !
Voilà l'été, les vacanciers vont arriver
Voilà l'été, les vacanciers vont arriver
Y a qu'une chose que je comprends pas
C'est pourquoi qu'y viennent ici
Moi, quand je veux des belles vacances
Je monte à Paris !

Avec la Jeannette, la Jeannette c'est… hum !! 

jeudi 17 juillet 2014

DÉSERTEUR

DÉSERTEUR

Version française – DÉSERTEUR – Marco Valdo M.I. – 2014
d'après la version italienne de Riccardo Venturi d'une
Chanson tchèque – DEZERTÉR – Jaromír Nohavica – 1982

Texte de Jiří Šotola
Musique de Jaromír Nohavica








Nous croyons que cette chanson, sur un texte du poète Jiří Sotola et sur l'air d'une chanson populaire, est vraiment un des moments les plus élevés de l'art du grand Jarek Nohavica. Un soldat de garde tout seul, dans la nuit, sous la pluie, qui choisit peut-être la forme extrême de rébellion, de désertion, de dire « Je ne marche pas » : se tuer. Porter l'arme à la bouche en un « baiser glaçant » et se flinguer. Par l'auteur de la version tchèque du Déserteur. Personne ne peut savoir ce qui, alors, s'est passé dans la tête du soldat, dans cette nuit de solitude ; quelles pensées, quelles angoisses, quelles rages. Il est certain que cette chanson nous rappelle beaucoup, trop d'épisodes du genre arrivés réellement. Car il peut se passer qu'une personne en proie à mille problèmes, de quelque nature, ou simplement au mal de vivre, soit en même temps appelée « à servir la patrie », comme on dit, et à devoir passer une soirée sous la pluie à une garde d'inutiles, de stupides armureries loin d'un amour, d'un travail, d'une famille ou qui sait quoi qui s'en vont à la dérive. Le fameux « devoir », un « devoir » inutile qui ne tue pas seulement avec la guerre, mais même avec l'éloignement des choses vraiment importantes dans la vie d'une personne. Mais face à un épisode du genre, semble nous dire Nohavica, chaque jugement est inutile et risque d'être seulement une série de banalités. Car, au fond, nous sommes des étrangers. Indifférents au désespoir d'autrui, comme la pluie battante qui tombe sur chaque chose, en ne s'en souciant pas le moins du monde ; mais qui a, ajoutons-nous, au moins l'excuse d'être seulement pluie, et pas un être humain. [RV]




Juste deux mots pour indiquer que cette chanson de Nohavica est généralement connue sous le titre de Dezertér... raison pour laquelle je lui rends son titre, au moins dans la version française : DÉSERTEUR ; un titre qui dans les Chansons contre la Guerre s'impose... Ceci dit, cet éternel déserteur ou ce déserteur pour l'éternité vient de la Tchécoslovaquie de 1982 (sans doute même d'avant) et à l'époque, il n'était pas de bon ton, sinon pire, de parler de désertion, l'armée étant un des piliers de la nation et du système – peu importe le système. Dézerter, c'est net quand on entend la chanson, c'est bien le mot, l'essence du poème de Jiří Šotola et c'est à l'audition, le mot qui ressort. On ne peut donc esquiver la parenté avec celui de Boris Vian, qui inaugura les CCG. Mais si le Déserteur de Vian était un Déserteur en quelque sorte putatif, celui-ci est un déserteur accompli, complet, terminé, selon la définition du mort par le même Vian, dans « L'Herbe rouge » : « On n'est pas complet quand on n'est pas mort » ; bien entendu, la sentence vaut pour tout le monde. Et puis, comme le soldat en question est n'importe quel soldat, car n'importe qui aurait pu et pourrait faire ce qu'il a fait... j'ai pensé au soldat de Ramuz.


Je me souviens très bien de ce soldat et de la musique de Stravinski. Un opéra appelé « L'Histoire du Soldat »...


Donc, tu connais cette marche du soldat qui l'introduit :
« Entre Denges et Denezy,
Un soldat qui rentre chez lui...
Quinze jours de congé qu'il a,
Marche depuis longtemps déjà.
A marché, a beaucoup marché.
S’impatiente d’arriver,
Parce qu’il a beaucoup marché... »

Ainsi, tu peux voir d'où vient le fait que j'ai fait disparaître l'article comme Georges Perec fit disparaître la lettre « e » dans son roman « La Disparition ». Je te montre le premier couplet :

« Soldat sous pluie, déjà presque matin
Soldat sous pluie surveille dépôt d'armes,
Soldat là, pleut à verse
Déjà un peu jour, relève vient... »




Pour finir, quelques mots de présentation de l'auteur Jiří Šotola, qui somme toute mérite d’être connu lui aussi. Vers la fin des années 1960, Jiří Šotola se tourne vers la prose. Mais suite à l'écrasement du « Printemps de Prague », son premier roman ne sera pratiquement pas distribué et son auteur se verra réduit au silence jusqu'à son « autocritique », publiée au début de 1975. Ce roman,  Tovaryšstvo Ježíšovo (La Nuit baroque, 1969), bien que situé au XVIIe siècle, au moment où le pouvoir impose de force à la Bohême protestante la religion catholique par l'intermédiaire de la Compagnie de Jésus, n'est pas sans évoquer la mise au pas, après 1968, de la Tchécoslovaquie par un pouvoir étranger. Jiří Šotola s'inspire des faits historiques pour mieux cerner les problèmes du présent. La plupart de ses héros sont des petites gens. Marionnettes broyées par la Grande Histoire, qui essayent en vain, tantôt de la fuir, comme le héros tragi-comique de son roman Kuře na rožni (Les Jambes c'est fait pour cavaler), publié d'abord en samizdat – édition clandestine, en 1974. On pourrait dire un dissident, un résistant.


Jiří Šotola



Ainsi, dit Lucien l'âne, voici deux nouveaux résistants tchèques qui viennent rejoindre Chveik le soldat à la capacité de résistance infinie. Ce que nous devrions faire aussi si l'on en croit la devise que nous avons été chercher en Italie : Ora e sempre : resistenza ! À propos du sens de « La Nuit Baroque » (Tovaryšstvo Ježíšovo) de Jiří Šotola dans lequel on voit la Compagnie de Jésus instaurer par la force et par la ruse son ordre noir (et catholique) sur la Bohème de Huss, il est intéressant de remarquer que cette même Compagnie conquérante, colonisatrice et dictatoriale vient de placer un des siens (et pour la première fois) à la tête de l'ÉCAR – Église Catholique Apostolique et Romaine. La chose est plus qu'inquiétante, les Jésuites sont une armée et un ordre combattant... Il est utile de lire ou de relire cette « Nuit Baroque ». Quant à nous, hic et nunc, ici et maintenant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce monde suicidaire, assassin, militarisé et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.


Soldat sous pluie, déjà presque matin
Soldat sous pluie surveille dépôt d'armes,
Soldat là, pleut à verse
Déjà un peu jour, relève vient.

Soldat prend fusil, porte canon à bouche
Amer baiser de glace,
Ce qui passe par tête,
Nul ne peut savoir, vraiment personne.

Étendu, ne respire pas, pluie lave blessure,
Sang coule, terre… avale, terre emporte…
Sang inutile, soldat inutile,
Pour toujours inutile, éternel déserteur.

Maintenant on est là et on voudrait donner un avis,
Ça ne se fait pas, un homme ne meurt pas ainsi,
Pour ce corps étendu là, ce corps humide,
Pour lui, aucun jugement, aucune sagesse.


Qui jamais lui donna un vêtement, qui l'aida vraiment
Les nuits où assis sur le lit, se sentait malade,
Parfois nous sommes étrangers, indifférents
À coups de fusil, de fusil, on tue nos camarades.

mercredi 16 juillet 2014

CONVOI POLONAIS

CONVOI POLONAIS



Version française – CONVOI POLONAIS – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson tchèque de langue allemande - Polentransport – Ilse Weber – 1944.

Paroles d'Ilse Weber (1903 – 1944), écrivaine tchécoslovaque de religion juive
Musique de Bente Kahan, interprète norvégien de musique juive.
Dans le disque de Bente Kahan « Stemmer fra Theresienstadt » de 1995, sorti dans les années suivantes aussi en allemand et en anglais.



Et nous errons toujours plus loin, désorientés
Pauvre peuple tel Ahasverus tourmenté.






Ilse Herlinger Weber était une poétesse et écrivaine d'origine tchèque et de religion juive.
À Prague, où elle vivait, elle écrivit de nombreux récits pour l'enfance et réalisa de nombreux programmes radiophoniques pour les enfants. Après l'occupation nazie, en 1939, elle réussit à sauver son aîné Hanuš en l'envoyant en Suède par un « 
kindertransport » . Ensuite, elle, son mari et le plus jeune des enfants furent enfermés dans le ghetto de Prague et ensuite, internés au camp de Theresienstadt. Là, où furent déportés de très nombreux enfants, Ilse Weber fut infirmière dans le département enfants de l'infirmerie locale. Durant cette période, pour atténuer les peines des petits, elle composa de nombreuses poésies qu'elle improvisait en chansons en les accompagnant à la guitare. En octobre 1944, son mari Willi fut choisi pour le transfert à Auschwitz et Ilse demanda à le suivre. Elle et son fils Tommy furent tués dès leur arrivée. Willi survécut et put ensuite embrasser son fils Hanuš.




Un convoi polonais est arrivé -
Un cauchemar plane au-dessus de nos têtes
Les Anciens frémissent et se concertent
Et simulent une sorte de sérénité.

On se croise avec des regards craintifs et angoissés
On pense en grinçant : T'est-il aussi destiné ?
On voudrait fuir le plus loin possible
La liste fatale.

C'est, comme si rodait dans la caserne
Sur des semelles de silence, un désarroi
Nous avons une peur si terrible de la Pologne
Et on ne sait même pas pourquoi.

Si là-bas, la peine ou la ruine nous attendent,
Nous n'en avons pas connaissance.
Mais c'est pire que mourir d'aller en Pologne
Car quand on est mort, on est tranquille.

Demain ce sera ton tour, celui d'autres aujourd'hui.
Nous sommes tous sans droit, sans appui
Et nous errons toujours plus loin, désorientés
Pauvre peuple tel Ahasverus tourmenté.

C'est, comme si rodait dans la caserne
Sur des semelles de silence, un désarroi
Nous avons une peur si terrible de la Pologne
Et on ne sait même pas pourquoi.









TANT QUE LES MEURTRIERS

TANT QUE LES MEURTRIERS


Version française – TANT QUE LES MEURTRIERS – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Solang die Mörder Ernst Busch – 1967


Poème russe Пока убийцы ходят по земле (1965) - : Jewgeni Jewtuschenko - Evgueni Aleksandrovitch
Evtouchenko
Version allemande: Wladimir Wischnjak
Musique: Eduard Kolmanowski





Ceux-là et tous les autres....





M'est avis, dit Lucien l'âne, que j'ai déjà entendu une chanson qui ressemble à celle-ci par le thème central de l'enfant brûlé dans un camp qui s'envole en fumée...


En effet, Lucien l'âne mon ami, il y a bien une chanson qui raconte une histoire d'enfant brûlé dans le four d'un camp d'extermination et qui s'envole en fumée... Il s'agit d'une chanson de Francesco Guccini, intitulée Auschwitz et j'en avais fait une version française, moi aussi. Principalement, car cette chanson m'avait ému. Mais celle-ci parle de Dachau... et puis, elle est nettement plus dure ; c'est une chanson de haine et qui appelle à la poursuite et au châtiment des tueurs. Rien d'étonnant venant d'Evtouchenko, ce poète russe auteur également du poème Babi Yar, autour duquel Chostakowitch a créé sa treizième symphonie. Dommage que dans les deux cas, ici dans les Chansons conter la Guerre, l'auteur Evtouchenko soit en quelque sorte laissé au second plan. Car – et pour une fois, je crois bien que l'expression est exacte : c'est un grand poète. Sans lui, pas de treizième symphonie... Sans lui, pas de So lang die Mörder...


À propos de Babi Yar, n'avais-tu pas écrit toi aussi une canzone où tu relatais ce massacre, digne de l'enfer... Et, je crois bien que tu racontais aussi un match de football...


Oui, Lucien l'âne mon ami, j'avais écrit une canzone sur Babi Yar et sur le courage démentiel d'une équipe de football de Kiev ; cette canzone s'intitulait Le Pied d'Ivan, mais c'était bien des années après Evtouchenko, qui en Russie et en 1961 avait fait resurgir le souvenir de cet épouvantable tuerie. Ce n'était pas sans risques d'ailleurs car outre de rappeler la boucherie nazie, Evtouchenko révélait certain antisémitisme des non-Juifs de Kiev et sans doute, également, de toutes les Russies. Quant à moi, on sait tous ici que je ne risque absolument rien...


Enfin, jusqu'à présent. Mais que sait-on de ce qu'il adviendra ? D'ailleurs, comme tu peux te l'imaginer, en d'autres temps et en d'autres lieux, je n'aurais pas été si sûr de ta tranquillité... C'est arrivé à bien des autres, à bien des poètes ou des chanteurs, qui furent soudain pris dans la tourmente et furent massacrés de diverses façons. Il faudrait un jour les regrouper...


Mais, Lucien l'âne mon ami, il y en eut tellement et dans toutes les langues. Et depuis la plus haute Antiquité, ainsi que disait Vialatte. Cependant, je crois la chose utile et je ne sais trop comment on pourrait y faire. Peut-être, mais il faudrait la manière aussi...


En attendant, reprenons notre tâche et tissons, comme tous ceux-là dont nous parlons, tissons le linceul de ce vieux monde assassin, tueur, brutal, dissimulateur et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Dans cette nuit où les flammes me dévorèrent,
Et le train de four emmena mes cendres,
Je suis sorti de Dachau en fumée, par la cheminée
Et je suis retombé vivant sur la terre.
Une fois dehors, je voulus venger ma mort
Sur ceux qui me croient cendres encore
Comment pourrais-je vivre tranquille sous la terre

Tant que les meurtriers vivront de par le monde
Tant que les meurtriers vivront de par le monde

L'enfer est déjà plein de pécheurs
Mais il y manque certains sieurs.
Ma chanson appelle les victimes de ces barbares
Et les conduit sur la trace des tueurs .
Cherchez-les parmi les foules des trottoirs,
Portés par la haine, châtiez-les sur le champ .
Comment le ciel bleu pourrait-il briller paisiblement

Tant que les meurtriers vivront de par le monde
Tant que les meurtriers vivront de par le monde

Levez-vous, vous les enfants martyrs
Torturés à mort par ces bouchers.
Saisissez ces assassins et faites-les juger,
Au nom de tous les enfants des temps à venir.
Et vous qui avez survécu à ces tueries
Sur le Rhin, sur le Belt, à Paris, à Minsk, à Varsovie,
Le souvenir ne devrait jamais vous laisser dormir

Tant que les meurtriers vivront de par le monde
Tant que les meurtriers vivront de par le monde

lundi 14 juillet 2014

LES TRENTE-SIX HEURES

LES TRENTE-SIX HEURES

Version française – LES TRENTE-SIX HEURES – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne (Romanesque) – Se 36 ore – Ned Ludd – 2007





Eussent-elles été quarante
Vous en eussiez demandé quarante-deux
Eussent-elles été cinquante
Ç'eût été cinquante-deux

Eussent-elles été soixante, ce serait soixante-deux
Eussent-elles été septante, ce serait sans doute plus deux
Quatre-vingt sont trop peu
Mieux vaut quatre-vingt-deux
Et pour la nouvelle production nonante et même, nonante-deux
Eussent-elles été cent ou cent-deux
Les journaux diraient cent-dix, vous diriez c'est bien trop peu
Vous en demanderiez encore deux
À cent-vingt, cent-vingt-deux
Cent-trente, trop peu
Il nous en faut cent-trente-deux

À cent-quarante, cent-quarante-deux
À cent-cinquante, cent-cinquante-deux
À cent-soixante, cent-soixante-deux
À cent-soixante-quatre, mettez-en encore deux

À cent-soixante-huit, vous vous seriez arrêtés
Vous auriez convoqués les syndiqués

À cent-soixante-huit, vous vous seriez congratulés
À cent-soixante-huit en paix, vous nous auriez laissé

À moi qui en mathématiques ne suis pas un champion
Il m'est venu un doute dedans mon cabochon

Moi en mathématiques, je ne suis pas un champion
Pourtant, je vais vous exposer mon illumination


Combien peuvent donc bien faire vingt-quatre fois sept.... Telle est la question.

samedi 12 juillet 2014

CHÔMAGE TECHNIQUE

CHÔMAGE TECHNIQUE


Version française – CHÔMAGE TECHNIQUE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – A zero oreNed Ludd – 2007



Une lettre recommandée
Salutations distinguées






Marco Valdo M.I. mon ami, il faut que tu m'expliques... La chanson italienne s'intitule « A zero ore », ce qui devrait se traduire – littéralement s'entend – par « À zéro heure » et toi, tu l'intitules : « Chômage technique ». Moi, je ne comprends pas.


Lucien l'âne, mon ami, tu comprends très bien, car « Chômage technique » est en réalité l'exacte traduction de l'expression italienne « a zero ore » dans le contexte de l'entreprise, de l'économie et de l'assurance sociale. Simplement d'un pays à l'autre, les mots, les façons d'organiser et de réglementer les choses changent. Même quand le mécanisme est le même ou à peu près. « A zero ore » est le régime de « chômage technique ou économique » qui en Italie, permet de mettre un travailleur en quelque sorte « en attente » (sans prester une seule heure de travail – d'où le « zero ore ») de la reprise des activités dans son secteur, dans l'entreprise où il travaille (quand il travaille). Ici, on l'appelle tout simplement « chômage technique complet ». Cela me semble suffisant comme explication.


Oui, en effet et je t'en remercie bien. Maintenant, si tu veux bien me dire deux mots de la canzone...


Elle le mérite, car elle est assez complexe et elle raconte une histoire terrible et de surcroît, elle tient un double discours. En fait, on peut considérer qu'il y a un personnage qui parle alternativement à deux groupes de personnes différents. Ce personnage est, semble-t-il, un chef d'entreprise et il s'adresse d'une part, aux travailleurs de l’entreprise et d'autre part, à ses associés. Ce sont les deux faces de la même pièce : aux associés, propriétaires de l'entreprise, il explique comment profiter au mieux de la conjoncture – notamment d'un régime qui permet de jeter les travailleurs âgés ; aux travailleurs, il dit ses regrets de « devoir » les virer.


En somme, elle raconte la réalité quotidienne de notre monde et dévoile ce terrible double discours, cette hypocrisie du discours de « paix sociale » que diffuse par tous ses canaux « notre société ». Discours que la presse et la télévision et les radios rabâchent, rabâchent. Il est vrai que sans cette hypocrisie, sans ce double discours, sans ces perpétuels mensonges, leur société (celle des riches) ne tiendrait pas. La « société », leur société ne peut survivre que si elle cache ses véritables intentions. Il y a des choses qu'on n'avoue jamais ; par exemple, l'exploitation, l'iniquité du droit d'exploiter... et gare à celui qui ose le mettre en cause ce droit mortifère. Ainsi, au cœur de la Guerre de Cent Mille Ans que mènent les riches contre les pauvres afin d'assurer leurs richesses, de tenir ferme leur pouvoir, de conquérir toujours plus de richesses, d'étendre toujours plus la misère, de mieux asservir les autres humains et les autres espèces et la nature toute entière, au cœur de la Guerre de Cent Mille Ans, il y a cette terrible escroquerie, ce mensonge primitif, ce premier moteur... Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, il nous faudra encore et encore tisser le linceul de ce vieux monde mensonger, propagandiste, trompeur, inique et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Comme on le sait, notre société
Connaît une baisse d'activités
Qui nous force à décider

On est désolé, mais
Nous devons à notre grand regret
Vous mettre au chômage technique complet

Toutefois, vous pourrez être rappelé en service
À tout moment durant cette période

Au cas où vous déménageriez
Nous vous prions afin de pouvoir vous contacter
De nous informer par écrit au plus tôt et en personne
Et nous fournir votre nouveau numéro de téléphone

Salutations distinguées
Par lettre recommandée

Alors messieurs les associés
Comme vous le savez
Notre société
Offre maintenant de belles possibilités
Nous ne pouvons pas laisser passer
Cette formidable opportunité

Avec la nouvelle loi,
Nous avons la possibilité
De rénover tout ça.
On renvoie les anciens sous contrat
Et on engage des jeunes moins payés

Le truc est toujours le même
Nous les transférons dans une entreprise plus petite
Et puis après deux années
Salutations distinguées

Dans la liste dont je vous ai parlé
Souvenez-vous des syndiqués
Ce sont les moins disposés à changer
Ce sera même un beau signal pour les autres
Un beau signal surtout pour les autres

Couper les branches mortes
Se passer de ceux qui créent des problèmes
Souvenez-vous : c'est fini le temps des vaches grasses

Aujourd'hui, je vous ai réunis ici
Pour cette importante communication
Je vous ai choisis
Car vous êtes le moteur de notre maison

50 ans et du travail, il n'y en a plus
Il s'est envolé vers l'est - tout droit
Briser le dos et plus
De jeunes gens sans droits
50 ans et hop, la dernière fournée
Une lettre recommandée
Salutations distinguées


Au chômage, sans discussion
Vous êtes le moteur de notre maison