BALLADE DU CONSEILLER NATIONAL
HUGO SANDERS
Version française — BALLADE DU CONSEILLER NATIONAL HUGO SANDERS — Marco valdo M.I. — 2022
d’après la traduction italienne — Ballata del Consigliere Nazionale Hugo Sanders — Riccardo Venturi — 2022
d’une chanson suisse en bernois (Bärnüüdsch) — Ballade vom Nationalrat Hugo Sanders — Mani Matter — 1972
Paroles
et musique : Mani Matter
Album : I han a Zündhölzli
azündt [1972]
L’ORATEUR
Honoré Daumier — 1850
Nous ne saurons jamais ce que, il y a une cinquantaine d’années, le candidat au parlement fédéral Hugo Sanders — créé par Mani Matter laissant ses auditeurs libres de décider si toute référence à des personnes existantes était ou non purement fortuite — a voulu dire dans son discours révolutionnaire pour lequel il a été élu Nationalrat (« Conseiller national », une position correspondant plus ou moins à celle de sénateur dans d’autres pays) avec beaucoup de comités et de slogans. Aurait-il voulu abolir le fameux secret bancaire suisse ? Aurait-il voulu donner des droits civils et politiques aux travailleurs immigrés ? Aurait-il voulu libérer enfin les vaches suisses de leur joug séculaire (Chue am Waldrand – LA VACHE AU BOIS)? Ou punir le chaticide par la peine capitale (Dr Ferdinand isch gstrob -FERDINAND EST MORT) ? Révéler tous les secrets de la fondue moitié-moitié ?
Démolir, bien avant la chute du mur de Berlin, le Röstigraben ( En Suisse, ce qu’on appelle en Belgique la frontière linguistique) ? Mettre fin à la neutralité de la Suisse et déclarer la guerre ? Le fait est que, dès son élection, le conseiller national Hugo Sanders a vite compris que ce n’était pas comme ça que ça marchait au Parlement et que son « grand discours » qui aurait tout changé ne lui aurait apporté que des ennuis. Il revoit donc, corrige et intègre le discours pour le rendre “acceptable” — c’est-à-dire totalement anodin et inoffensif —, continue à dire qu’un jour « tout changera » et, entre-temps, termine la législature sous les moqueries de ceux qui, comme d’habitude, ne veulent rien changer. Traduction : c’est ainsi que fonctionne la démocratie parlementaire, en Suisse et ailleurs. La chanson fait partie de l’album I han a Zündhölzli azündt, qui est sorti en 1972 ; mais, comme d’habitude, on ne sait pas exactement en quelle année elle a été composée. En d’autres termes, on ne sait pas s’il est antérieur, contemporain ou postérieur au fameux Dynamite dans lequel Mani Matter a d’abord sauvé le Parlement fédéral du dynamiteur anarchiste, mais a immédiatement commencé à avoir des doutes par la suite. On ne sait pas si, le cas échéant, le conseiller national Hugo Sanders, dont le grand discours révolutionnaire se perdait dans les entraves de l’immobilité, serait également dynamité. En tout cas, rien ne me fait douter que les deux chansons ne sont pas étroitement liées. Terriblement connecté. [RV]
Quand Hugo Sanders avant les élections
Faisait ses grands discours, tout le monde croyait,
S’il était élu, que tout changerait.
Des gens ont créé une organisation
« Votez pour Sanders » , avec le slogan :
« Tout va changer en Suisse, finalement ! »
Élu,
d’abord il voulut, ça se comprend,
Voir comment les choses vont au Parlement ;
Et donc, pour ne rien dire d’irréfléchi,
Peut-être valait-il mieux ne rien dire du tout.
Et ainsi, Sanders dit :
« En Suisse, vous verrez, on va changer tout ! »
Il se mit au travail avec un air sévère
Et un grand zèle en attendant l’opportunité
De faire ce discours qu’il avait déjà préparé
Et que personne n’avait jamais osé faire.
Opiniâtre et déterminé, Sanders dit,
« Vous verrez, tout va changer, promis ! »
Mais jamais il n’en eut l’opportunité ;
Le temps passa, il se mit à penser
Que son message sacro-saint
Allait peut-être un peu trop loin.
Ce n’était pas si simple et Sanders dit,
« Je vais dire autrement ce que j’ai dit ! »
Il a dû reconnaître que certains faits
Et certains détails n’étaient pas parfaits,
« Il faut, pensa-t-il, que le Parlement
Accepte le changement ! »
Se heurtant à un mur, Sanders dit :
« C’est inutile ! Rien ne changera ici ! »
Et il continua ses ajouts, ses corrections,
Ses révisions encore et encore.
Jusqu’à ce que la législature expire
Sans son discours à la nation.
Les gens se moquaient de Sanders en disant,
« À quoi s’attendait-il vraiment ? »
Justement,
ceux qui n’avaient jamais
Rien fait pour le changement, étaient
Ceux qui se moquaient le plus de lui.
Alors Sanders dit :
« Rien ne changera jamais, dormez tout votre soûl ! »
Alors Sanders dit :
« Rien ne changera jamais, dormez tout votre soûl ! »
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