LA SAINTE INQUISITION
Version française – LA SAINTE INQUISITION – Marco Valdo M.I. – 2022
Chanson
italienne – La
Santa Inquisizione – Alberto
Amboni – 2017
STIGMA DIABOLI
Clovis Trouille – 1960
Dialogue maïeutique
Même si le titre était La Santa Inquisizione et que je l’ai logiquement traduit par LA SAINTE INQUISITION, dit Marco Valdo M.I., c’est une chanson consacrée principalement à une sorcière et comme tu sais, dans la Geste de Liberté, où nous racontions les aventures de Till, nous avions déjà trois chansons où il était question d’une sorcière et de ses juges inquisitoriaux et de ses bourreaux :
— dans Katheline, la bonne Sorcière, qui annonçait le règne abominable de Philippe d’Espagne :
« L’infant
Philippe, roi devenu.
J’ai vu, j’ai vu de mes yeux de
sorcière
Les filles mises vives en terre
Violées en leurs
corps nus.
…
En haut, les mangeurs de peuple, frelons de
l’enfer ;
En bas, les victimes, ainsi disait Katheline la
bonne sorcière. »
— dans Katheline suppliciée, où est relaté son interrogatoire et sévices qu’on lui inflige :
« Accusation
sans fondement et infâme.
On arrêta la bonne femme.
On la
condamna à avouer ;
Par la torture, à avouer.
Le
bourreau la mit nue et la rasa.
Il l’attacha sur le banc de
torture.
Il versa l’eau chaude dans l’estomac.
Katheline
vomit tant et tant de vomissure.
Avoue : tu es une
sorcière.
Je n’avoue rien. j’aime les bêtes.
j’ai
soigné la vache par des remèdes.
Avoue : tu es une
sorcière. »
— Dans La douce Mort de Katheline , où on la noie pour la sauver :
« Katheline
est à l’épreuve de l’eau condamnée :
Si elle
surnage, elle est sorcière et brûlée ;
Noyée, elle sera
chrétienne patentée,
Repêchée et au jardin de l’église
enterrée. »
Oui, dit Lucien l’âne, je me souviens de Katheline et c’est une bonne idée de la remettre en évidence, car cette sorcière, comme la plupart de ses sœurs, est une bonne femme. Tout comme, il est bon de reparler un peu de Clara, qui dans Hou hou ! Suivant les hommes pour un bout de pain et que les femmes poursuivaient à coups de bâton jusqu’à la tuer sur le bûcher, elle aussi.
« Les
hommes la caressaient
Elle courrait en emportant son pain
Clara
errait par les campagnes « hou hou »
On l’entendait
japper et hululer, « hou hou »
Les femmes armées
de bâtons « hou hou »
Le crucifix à la main pour
arracher « hou hou »
Leurs garçons à la sorcière
« hou hou »
Les femmes lançaient des cailloux.
Le
feu danse rosâtre « hou hou »
Clara la folle est
montée au bûcher
Sa bouche béante et ses yeux exorbités »
Exactement, répond Marco Valdo M.I., l’histoire de la pauvre Clara. Maintenant, pour ce qui est de cette chanson-ci, cette Santa Inquisizione, elle raconte le jeu atroce de la concupiscence – si, si, c’est le mot, même si certains entendent : con, cul, pisse, sens, comme si c’était une sorte d’onomatopée – d’un prêtre catholique qui, de dépit du refus de la jeune femme de se plier à ses fantasmes, va s’échiner à la faire condamner comme sorcière par-devant le tribunal de l’Inquisition, qui cette fois-là encore, dut rechercher le signe du diable, le stigma diaboli, qui identifie la sorcière.
Ah, dit Lucien l’âne, la sorcellerie – surtout quand la sorcière est jeune et jolie – est un métier dangereux. On l’accuse de détenir tant de connaissances (les herbes rares) qui ne peuvent lui être données que par le diable en personne. Quelle monstrueuse stupidité, quel monstrueux mensonge, quel manque d’humaine correction, de simple humanité ! Tel est l’effet de la religion quand elle veut se débarrasser des femmes intelligentes, indépendants et charmantes.
De plus, dit Marco Valdo M.I., les sorcières, c’est bien plus que ces caricatures qu’en font leurs stigmatiseurs. Leur rôle réel dans les sociétés paysannes ou d’urbanisation récente est celui complexe à la fois d’assistantes sociales, d’aides ménagères, d’infirmières, de sages femmes, d’avorteuses, de finisseuses, de médecins aux mains nues, des pharmaciennes, de conseillères familiales et elles rendent bien d’autres services aux pauvres gens. En ça, c’étaient de rudes concurrentes pour le clergé et sa tentative de monopole sociétal. Il fallait donc les éliminer et l’Inquisition s’y employa pendant des centaines d’années.
Bref, dit Lucien l’âne, on pourrait encore en dire tant, mais il faut conclure en tissant le linceul de ce vieux monde absurde, arriéré, abominable et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Elle
est jeune, elle est belle,
Bizarre et rebelle.
Sa peau a la couleur de l’ambre,
Ses cheveux sont le noir de l’encre.
Sa voix séduit le cœur,
Et l’envoûte son regard ;
Un chat noir
Est roi en sa demeure.
Furieux, le repoussé
L’a fait enchaîner ;
Le prêtre l’a piégée
De promesses manquées.
Ce faux cul sacré,
Descendance de Judas,
Lui fait avouer
Des fautes qui ne sont pas.
Le bûcher était déjà prêt,
La plèbe l’insultait,
Le bourreau la pleurait,
Le prêtre la désirait.
Je suis juste une femme
Solitaire et piégée ;
On me brûle par les flammes,
Ma fin est arrivée.
Frère Cassius note :
J’ai expié sa faute,
Je lui ai offert le salut,
Elle n’en a pas voulu.
Plutôt la flamme
Qu’être esclave.
Elle était jeune et belle,
Bizarre et rebelle.
Elle savait les herbes rares,
Elle vivait seule et sans peur.
Un chat noir
Était roi en sa demeure.
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